
Re-Anime : Macross Plus (de Shôji Kawamori et Shinichiro Watanabe)
Aujourd’hui, je m’attaque à un véritable monument dans le genre mecha, aux côtés de Gundam et Evangelion, le grand Macross Plus. Aux commandes de ce trip SF de haute volée, deux immenses noms de la Japanimation, Shôji Kawamori et Shinichiro Watanabe. Ajoutez à cela les magnifiques compositions de Yoko Kanno et vous obtenez un pilier du genre, une œuvre démesurée au cœur de laquelle se cache un triangle amoureux déchirant. Retour sur un chef-d’œuvre.
La création de l’univers Macross remonte à 1982, sous le crayon de Shôji Kawamori, avec la série animée The Super Dimension Fortress Macross. Ce space-opéra mêlant mecha et romance trouve rapidement un public et ce succès assure à Macross un avenir radieux. Entre trois séries animées qui forment une vaste trilogie et les nombreux OAV et films, le titre devient une licence et, par son genre, devient également le principal concurrent de Mobile Suit Gundam, le poids lourd du mecha. Avant de créer Macross, Kawamori (interview ici) se spécialise dans le mecha-design, au sein du studio Nue, en travaillant notamment sur Ulysse 31. Avec Macross, il va concevoir un design de mecha, très travaillé et réaliste et créer les fameuses Valkyries, sorte d’avions de chasses, qui peuvent se transformer en robot, un peu façon Transformers. Pour ce film, il s’adjoint les services de Shinichiro Watanabe, le papa de Cowboy Bebop, Samurai Champloo ou encore Space Dandy. Les deux compères signent, à la base, une série d’OAV en quatre parties, sorties en 1994. Un an plus tard, ils décident de les regrouper au sein d’un seul et même long-métrage, retouchant au passage, deux ou trois petites choses.
Macross Plus est un savant cocktail entre SF débridée et romance contrariée. Isamu, un jeune pilote indiscipliné de l’UN Spacy, se voit muté sur la planète Eden, où il a grandi. Il retrouve alors Guld, son ami d’enfance avec qui il est en froid. Entre les deux hommes, la tension est palpable et ça ne va pas s’arranger. Myung, productrice de l’Idole virtuelle, Sharon Apple, amie de longue date des deux pilotes, se trouve également sur Eden, pour un concert. Les souvenirs remontent à la surface, les rancœurs se font tenaces et la rivalité entre les deux hommes risque bien de les consumer jusqu’au bout. Macross Plus n’a pas peur de jouer la carte du sentimentalisme sans jamais tomber dans la guimauve et réussit le tour de force d’embarquer le spectateur dans une histoire d’amour et de jalousie, vieille comme le monde. Ce trio amoureux quelque peu écorché par la vie doit affronter ses démons et les deux anciens amis vont devoir montrer leur valeur et régler leurs comptes sur le champ de bataille. Rarement égalées, les scènes de fight aériennes aux commandes des Valkyries sont véritablement incroyables. La rapidité et la fluidité de l’animation restent encore à ce jour une véritable référence et montrent une nouvelle fois que dans ce domaine, les Japonais sont rois. N’en déplaise à Michael Bay et ses Transformers ou à Guillermo Del Toro et son Pacific Rim. Dommage les gars, vous en êtes encore loin…
Avec son histoire d’Idole virtuelle, Shôji Kawamori est en avance sur son temps et Sharon Apple préfigure Hatsune Miku, chanteuse virtuelle et star au Japon. La saga Macross est carrément visionnaire pour l’époque, en imaginant une toute nouvelle industrie, laquelle est aujourd’hui une réalité. D’un point de vue graphique, le film de Kawamori et Watanabe ne souffre d’aucune comparaison malgré ses vingt ans d’âge. Que ce soit en termes de chara-design ou de mecha-design, tout est parfaitement maîtrisé et le souci du détail est poussé jusqu’au bout. L’animation, comme je le disais plus haut, est racée et pleine de moments de bravoure, à l’instar d’un final grandiose et fort en émotion. Le tout est sublimé par les compositions d’envergure de Yoko Kanno (Cowboy Bebop, Vision d’Escaflowne) qui donnent aux scènes une dimension parfois tragique. Bref, c’est mature, c’est beau, c’est profond et tout fan de japanimation qui se respecte, se doit d’avoir vu ce film indémodable. Macross Plus est une fresque amoureuse, un spectacle de haute-voltige et une référence absolue dans son genre, ni plus, ni moins. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Macross Plus de Shôji Kawamori et Shinichiro Watanabe (1995) – Studio Nue