
Re-Anime: Roujin Z (de Hiroyuki Kitakubo)
Sorti en 1991, Roujin Z est un étrange plaidoyer pour le troisième âge. Tout droit sorti de l’imagination de Katsuhiro Ôtomo (Akira, Dômu), ce film d’animation qu’on pourrait qualifier de «géronto-Sci-Fi» est la rencontre improbable mais pleine de tendresse entre Terminator et Transformers en maison de retraite. Je vous rassure, malgré ses 23 ans, Roujin Z n’a presque pas pris de rides !
Le Japon est un pays à la population vieillissante… Jusqu’ici, rien de nouveau mais le Ministère de la Santé est préoccupé par les personnes âgées et compte bien agir en conséquence. En partenariat avec une grosse entreprise de robotique, il développe la machine Z-001, capable de prodiguer les soins nécessaires à nos petits vieux chéris. Kîjûro Takazawa est sélectionné pour être le premier cobaye, bien qu’il n’ait pas eu son mot à dire. Très vite, le robot se transforme en une «machine guerre» possédant une intelligence artificielle propre. Haruko, jeune infirmière en charge de Takazawa, va alors tout faire pour sauver son patient. Aux commandes de ce surprenant anime, on retrouve Hiroyuki Kitakubo, l’un des réalisateurs de l’omnibus Robot Carnival et de Blood: The Last Vampire, d’après un scénario donc, de Katsuhiro Ôtomo. À noter d’ailleurs que ce dernier, en collaboration avec Amina Okada, a adapté le film en manga, sous le nom de Zed.
Au-delà du délire S.F. orienté mecha, Roujin Z tente surtout de sensibiliser le public aux problèmes liés à la prise en charge des personnes âgées. Ici, les autorités semblent plus préoccupées par le bien-être des familles pour qui avoir une personne à charge est devenu un fardeau trop lourd à porter. Quid du bien-être et du ressenti des patients ? Vraisemblablement, la réflexion ainsi que les avancées technologiques ne s’embarrassent pas de telles considérations. En se basant sur cette thématique, Ôtomo et Kitakubo auraient pu sombrer dans un récit terne et moralisateur. Heureusement, il n’en est rien et ils parviennent même à injecter quelques doses d’humour léger, souvent bienvenues. D’une durée assez courte (1h20), Roujin Z est un rollercoaster qui secoue et parvient à nous faire réfléchir, non seulement sur la vieillesse mais également, comme souvent dans la manga et la japanimation, sur la place des machines dans notre quotidien. Toujours plus autonomes, perfectionnées et intelligentes, elles semblent être une étape transitoire obligatoire, afin que l’être humain acquiert plus de sagesse et de discernement. Il doit faire l’apprentissage de la technologie, se rendre compte que la machine est un objet et non pas un sujet et que la robotique ne doit jamais dépasser le stade de l’outil.
Même s’il ne l’a pas réalisé, Katsuhiro Ôtomo impose sa patte et s’entoure d’habitués, comme le réalisateur Hiroyuki Kitakubo mais également de Satoshi Kon qui, ici, officie en tant qu’animateur et designer. Au final, Roujin Z est un surprenant objet filmique, plein de drôlerie et dont l’animation a plutôt bien vieilli. Pour mieux souligner son propos, le récit oppose une humanité vieillissante aux nouvelles technologies. Intelligent, légèrement barré et plutôt fun, le film reste finalement d’actualité, vingt-trois ans après, en nous questionnant sur de vrais sujets de société. Bravo !
Roujin Z de Hiroyuki Kitakubo (1991) – Studio A.P.P.P.