
Re-Anime: Saint Seiya – Les Guerriers d’Abel (de Shigeyasu Yamauchi)
Pour continuer sur la même thématique que le «On a lu» du jour, on reste pour ce Re-Anime dans l’univers de Saint Seiya. Sorti en 1988, Les Guerriers d’Abel est le troisième film tiré de la licence créée par Masami Kurumada et à mon sens, le meilleur. Sa direction artistique maîtrisée, sa bande originale toujours aussi efficace et vibrante et son animation racée, le hisse clairement sur la plus haute marche du podium et chaque visionnage renforce mon opinion.
Abel, fils de Zeus, revient sur Terre auprès de sa sœur Athéna pour l’extirper de ce monde de mortels et lui faire reprendre sa place de déesse de l’Olympe. Pour cela, il s’est entouré d’une garde rapprochée composée des guerriers Jaow, Bérénice et Atlas mais également des Gold Saints morts durant la bataille du Sanctuaire. Seiya et ses compagnons vont devoir s’opposer à leurs anciens adversaires en plus des nouveaux et tenter, encore une fois, de sauver Athéna d’une mort certaine. Comme une impression de déjà vu ?! Pas d’inquiétude, c’est normal, on est dans Saint Seiya (et je dis ça avec beaucoup d’affection).
Sorti quelques mois après le second film intitulé La Guerre des Dieux, sur les écrans japonais, Les Guerriers d’Abel ne brille pas vraiment par son histoire mais parvient à réunir les éléments majeurs qui font la sève de la série originale. Du nekketsu pur jus, les compositions musicales de toute beauté de Seiji Yokoyama, un design magnifique et… les chevaliers d’or. Car oui, bien plus que Seiya et sa bande, ce sont finalement eux les personnages les plus fascinants de l’univers Saint Seiya. Ce n’est pas un hasard, s’ils sont au centre de presque tous les titres mangas ou animes. Du coup, bien avant leur résurrection dans l’arc d’Hadès, voir revenir des figures aussi emblématiques, procure un réel plaisir pour le fanboy qui sommeille en moi. Même s’ils sont, pour la plupart, sacrifiés un peu rapidement sur l’autel de la paresse scénaristique, leur présence et leur aura parviennent à raviver le souvenir des affrontements passés et le frisson est intact.
Shigeyasu Yamauchi, déjà aux commandes sur le précédent film et sur le mal-aimé cinquième opus ciné (Re-Anime ici), fait preuve d’inspiration et propose une réalisation léchée. L’animation est fluide pour les 80’s, les décors sont fouillés et le chara-design ainsi que la direction artistique du grand Shingo Araki sont à leur meilleur niveau. Les scènes de baston s’enchaînent rapidement et sont rythmées, à conditions qu’on aime voir des types se faire défoncer la gueule, à la chaîne. Voir Seiya, Hyoga et les autres encaisser les coups, se faire éclater absolument tous les organes du corps et envers et contre tout, se relever inlassablement pour sauver Athéna et faire régner la paix et la justice, a presque quelque chose de pathétique et pourtant, on aime ça. Cette forme d’héroïsme primaire, loin de l’ironie et de l’autodérision qui caractérisent notre société actuelle, en la matière, touche par sa naïveté et sa sincérité. Avec son ambiance pleine de désespoir, sa mythologie ré-exploitée et ses qualités techniques, Les Guerriers d’Abel se distingue des autres films de la saga. Malgré un scénario ultra-balisé, il garde la substantifique moelle qui compose l’œuvre d’origine et très clairement, me fait toujours autant vibrer. Bref, la classe !
Saint Seiya – Les Guerriers d’Abel de Shigeyasu Yamauchi (1988) – Tôei Animation
Je te trouve un peu vache concernant la bande-son : elle est réussie pour absolument tous les long-métrages de Saint Seiya ! Je reste d’ailleurs impressionné par la qualité du travail produit par Seiji Yokoyama pour de simples dérivés qui, Les Guerriers d’Abel mis-à-part, ne durent que 45 minutes. Preuve en est que, pour la saga d’Asgard, il suffira de reprendre la musique de La Bataille des Dieux, en se contentant d’ajouter quelques thèmes, dont un pour Hilda et un autre pour Mime.
Mais pour le reste, je te rejoins : c’est le meilleur film tiré de la licence. Sans doute car il possède un atout de taille : sa durée revue à la hausse, qui autorise le réalisateur à offrir des moments contemplatifs de pure poésie, qui auraient été impossible en 45 minutes. Pourtant, le scénario est très faible, bien loin de celui beaucoup plus original et osé de La Bataille des Dieux ; la résurrection des Gold Saints pour un film, c’est typiquement une idée à la con ! D’autant que les personnalités de Deathmask et Aprhodite n’en ressortent pas grandies… Par contre, cela permet à Shura et Camus de s’imposer comme des figures positives (alors que Shura était bel et bien un traitre dans le manga), et au réalisateur de nous proposer la toute première scène montrant deux Gold se battant de concert, avec en fond la sublime Athena’s Death. C’est bien simple, à chaque fois, je chiale… Mais – et là encore, c’est une idée à la con – les Gold sont très faibles dans cet anime, sans que ce soit justifié.
Shigeyasu Yamauchi se livre à un exercice inédit avec Les Guerriers d’Abel, en proposant des combats bien plus rythmés que d’habitude ; finis les adversaires qui se toisent pendant des plombes avant de crier le nom de leur technique, cette fois les personnages bougent, exploitent l’espace. C’est particulièrement vrai avec Bérénice, dont le style souple et aérien rappelle ce que le réalisateur fera bien des années plus tard dans Casshern Sins.
En terme de scénario, Les Guerriers d’Abel est très mauvais. Et je ne parle même pas de son doublage français à la ramasse, en raison d’une traduction horrible. Mais ses qualités contrebalancent amplement ce problème. J’adore ce film.
« Preuve en est que, pour la saga d’Asgard, il suffira de reprendre la musique de La Bataille des Dieux, en se contentant d’ajouter quelques thèmes, dont un pour Hilda et un autre pour Mime. »
Euh non, on ne peut pas écrire ça non plus. Si l’OST (magistrale) de la Bataille des Dieux a entièrement resservi pour Asgard, il serait tout à fait malhonnête de dire que Yokoyama a juste rajouté « quelques thèmes ». La moitié de l’OST d’Asgard a été créée pour cette partie de l’anime. Quant au thème de Mime, celui-ci vient du premier film et était le thème d’Orpheus 🙂
« En terme de scénario, Les Guerriers d’Abel est très mauvais »
Encore une fois peu d’accord. Si le scénario est convenu (à cette Athéna à sauver hein!), énormément d’idées se retrouvent étrangement plus tard dans l’oeuvre (la résurrection des chevaliers morts dans Hadès, le mal-être de Seiya et la « trahison » d’Athéna dans le Tenkai. Même l’idée d’un dieu déchu oublié se retrouve dans the Lost Canvas avec Yoma). Comme souvent, le film Abel a servi de laboratoire pour expérimenter des nouvelles choses (comme la bataille des Dieux qui a amené Asgard)