Re-Anime : Strike Witches the Movie (de Kazuhiro Takamura)

Re-Anime : Strike Witches the Movie (de Kazuhiro Takamura)

Note de l'auteur

Gekijouban Strike Witches PosterTiré d’une licence juteuse, puisqu’elle a engendré plusieurs séries manga, deux séries animées, des romans et un OAV, le film Strike Witches est sorti en 2012. Un récit pas dénué d’intérêt qui propose des portraits féminins poignants mais qui tombe dans les écueils du fan service parfaitement gratuit et inutile. Une bonne surprise, cependant, pour ce type d’adaptation quelque peu opportuniste et souvent fumeuse.

 

Je me suis attaqué à ce film sans aucun a priori, ne connaissant rien du sujet et de l’univers, à peine avais-je entendu parler de la licence. Sans avoir aucune connaissance sur le titre, je n’ai jamais été perdu dans le récit et j’ai abordé ce film comme une histoire à part entière. De ce point de vue, il parvient à se suffire à lui-même et ne nécessite pas un savoir particulier sur l’œuvre. C’est un premier constat plutôt réjouissant. En terme de scénario, on reste sur du relativement classique dans un trip « Magical Girl » modernisé. Nous sommes en 1939, au cœur de l’Europe… Les Neuroi, une forme très certainement extraterrestre, ont envahi la Terre et sèment la désolation. L’humanité n’a pas les armes pour faire face. Son seul espoir réside dans les Witches, de jeunes filles au fort potentiel magique. Munies de leur Unité Striker, des machines robotisées qui leur permettent de voler et d’armes de guerre, elles sont réparties un peu partout en escadrilles d’unités spéciales. Ça, c’est pour le background

 

Le film se focalise sur le personnage de Yoshika Miyafuji, ancienne Witch, véritable héroïne de guerre, appartenant à la fameuse escadrille de la 501e, les Strike Witches. Lors d’une précédente bataille contre l’ennemi, Yoshika a épuisé son potentiel magique. Redevenue simple humaine, elle n’a rien perdu de son courage et de son envie profonde de secourir les autres. Elle se retrouve prise dans une prestigieuse école de médecine en Suisse et y est escortée par l’apprenti-Witch, Shizuka Hattori qui fait de la discipline militaire, son mot d’ordre. Arrivée en Europe, Yoshika retrouve certaines de ses anciennes compagnes d’armes, qui, elles, continuent de se battre sur le front. Strike Witches est un film 100% féminin. Le récit met en avant tout une galerie de personnages, de jeunes filles devenues le seul rempart contre un envahisseur qui n’a pas de visage. En ce sens, le film parvient à dresser des portraits intéressants avec des trajectoires différentes. Voir Yoshika se débattre et tenter l’impossible alors même qu’elle n’est qu’une gamine de 16 ans, sans aucun pouvoir, a quelque chose d’assez touchant.

 

569146_2Là où le bât blesse, c’est que le réalisateur Kazuhiro Takamura tombe dans le piège du fan service gratuit. Les nombreux plans petites culottes, même s’ils font partie d’une certaine tradition dans le manga et la japanimation, ne sont ici, absolument pas justifiés. Pire encore, ils desservent le propos et rentrent en opposition avec l’image que renvoient les personnages. A trop en faire des femmes/enfants, à les objetiser de la sorte avec des plans juste à côté de la plaque, le réalisateur détruit à coup de batte de base-ball la représentation de ses femmes fortes et indépendantes. C’est réellement dommage car le film aurait vraiment gagné en profondeur et en intérêt, s’il avait décidé de regarder un peu plus dans la tête de ses personnages plutôt que sous leurs jupes.

 

Niveau dessin et animation, le film fait le job. Le tout est fluide et vivant, la 3D est parfaitement assimilée à la 2D. Bref, pas de faute de goût majeure. Au final, Strike Witches the Movie s’en sort relativement bien comparé à de nombreux autres films tirés de licences. Il ne restera pas dans les annales, mais malgré ces petits débordements de mauvais goût, il tient la route grâce à des portraits touchants et un univers correctement établi. Pas indispensable mais sympathique.

 

Strike Witches the Movie de Kazuhiro Takamura (2012) – Studio AIC

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