Re-Anime: Summer Wars (de Mamoru Hosoda)

Re-Anime: Summer Wars (de Mamoru Hosoda)

Note de l'auteur

4bd9904fb99b6Si le Japon est une terre de contraste, Summer Wars en est son ambassadeur. Avec ce cinquième film sorti en 2009, Mamoru Hosoda décline les oppositions thématiques et nous balance son film le plus ambitieux jusqu’ici. Intelligent, beau, maîtrisé, Summer Wars fait carton plein. La Traversée du temps (Re-Anime ici) sorti trois ans auparavant était le film de la révélation, celui-ci est clairement le film de la confirmation. Bienvenu(e)s à Oz !

 

Oz… Une gigantesque communauté sociale sur le net en mode Facebook puissance 10, dans laquelle entreprises et administrations ont des façades interactives. Kenji Koiso travaille pour le service informatique de Oz. Mais quand Natsuki, une camarade, lui demande de l’accompagner à Nagano dans sa famille pour l’anniversaire de sa grand-mère, il lâche son PC et la suit. Arrivé sur place, il se retrouve à devoir jouer le petit ami de Natsuki, qui souhaite rendre sa grand-mère heureuse avant sa mort. Il découvre également toute la famille chaleureuse et accueillante. Ce véritable clan est mené de main de maître par la vieille femme de 90 ans. Pendant ce temps-là, dans Oz, Love Machine, une intelligence artificielle testée par l’armée américaine, pirate le système ainsi que les comptes de millions d’utilisateurs. Summer Wars est un incroyable mille-feuilles qui parvient à jongler entres des thématiques extrêmement diverses et variées sans jamais en perdre le fil. Un numéro de haute voltige de la part de Mamoru Hosoda qui accouche d’une fable contemporaine complexe et assez virtuose.

 

vlcsnap-2011-01-02-23h25m16s161Il fait preuve d’une incroyable maîtrise dans l’art de mixer les genres et de jouer avec les contrastes. On sait depuis longtemps que modernité et tradition font partie des fondements du Japon actuel. Mais avec Summer Wars, Hosoda les met en résonance et établit des passerelles entres eux. Il joue entre l’intimisme d’une réunion de famille traditionnelle dans une campagne nippone de carte postale et la menace planétaire que représente Love Machine. Parfaitement rythmé, le film enchaîne des scènes familiales incroyables de naturel et de réalisme, avec des séquences prenant lieu dans le monde de Oz. La grande force du réalisateur est de toujours mettre ses personnages au centre de ses films. Avec la famille de Natsuki, il brosse le portrait d’une tribu d’individus plus vraie que nature. Chacun y a sa place et Hosoda parvient à les faire tous exister et à maintenir entre eux et les spectateurs, une proximité, mieux, une réelle identification. Sans jamais tomber dans le cliché ou la caricature, les personnages sont attachants et plein de vie et ça, c’est la garantie Hosoda. Ici, la famille devient le dernier rempart face à la menace numérique. Mais le réalisateur, même s’il pointe du doigt les réseaux sociaux et leurs dérives, ne les condamne pas. Il en montre les dangers mais aussi leurs capacités à réunir et fédérer.

 

Les enjeux concernant le monde de Oz s’imbriquent parfaitement à cette histoire familiale et offrent quelques scènes d’action et bastons bien senties. Plus abstrait en termes de graphisme et de design, Oz semble tout droit sorti de la tête de Takashi Murakami, un plasticien japonais. On retrouve les formes tout en rondeur et les couleurs flashy donnant à l’ensemble un look ultra-kawai et pop. Le chara-designer, qui n’est autre que Yoshiyuki Sadamoto, auteur du manga Neon Genesis Evangelion, oppose deux mondes aux codes graphiques bien différents et vient appuyer cet incroyable jeu de contrastes. L’animation est parfaitement fluide et l’esthétique générale est de toute beauté. Mamoru Hosoda montre tout son talent et signe une fresque complexe, intelligente et passionnante de bout-en-bout. Assurément une très grande œuvre pleine de finesse et de subtilité qui montre les dérives d’un monde ultra-connecté tout en réaffirmant les valeurs familiales. Tout ça, avec un vrai sens de la mise en scène. Vous l’avez compris, ce Re-Anime est un grand cru.

 

 

Summer Wars de Mamoru Hosoda (2009) – Madhouse

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