
Re-Anime : Taro, l’Enfant Dragon (de Kirio Urayama)
Voici Taro, l’enfant dragon, le cousin éloigné de Horus, prince du soleil. Adapté du roman éponyme de Miyoko Matsutami, lui-même inspiré d’un vieux conte nippon, ce film de Kirio Urayama sorti en 1979, nous plonge dans un Japon médiéval et rural. Bienvenue dans un monde ancestral peuplé de dragons et de Yôkai en tout genre.
Bien avant de succomber aux sirènes des super-licences et de l’argent facile, le studio Tôei proposait des œuvres singulières, pleines de poésie et de candeur. Durant les années 60 et 70, il a multiplié les adaptations de contes, légendes et autres quêtes initiatiques. Le Serpent blanc, Horus, Le Chat botté, La Petite Sirène ou encore King Arthur, autant de films ou séries destinés aux enfants et qui tendaient à les émerveiller. Taro, l’enfant dragon rentre totalement dans cette catégorie à travers un récit d’initiation épousant tous les codes établis par le genre. À la fois plein d’innocence et de cruauté, entremêlant romance enfantine et découverte de soi et de ses origines, le film d’Urayama renvoie à une forme de récit originel. Une histoire simple, des personnages attachants et des sentiments, ni plus ni moins.
Dans ce Japon pauvre et désolé, Taro est un gamin flemmard qui n’hésite pas à laisser sa grand-mère se tuer à la tâche dans les champs de millet. Un beau jour, alors qu’il s’amuse à se battre avec ses amis les animaux parlants, un homme apparaît de nulle part et lui fait boire une potion qui lui donne une force incroyable, mais uniquement s’il vient en aide à autrui. Dès ce moment-là, le jeune garçon va décider de se mettre au service de son prochain et de partir à la recherche de sa mère, victime d’une malédiction qui l’a transformé en dragon. Au fil de son périple et de ses rencontres, entre deux chansons, le jeune Taro va passer d’enfant oisif à aventurier/sauveur des populations démunies. Kirio Urayama reste au plus proche de son héros pendant tout le récit et le confronte à la dure réalité du monde qui l’entoure. Une succession de petits villages enclavés entre les montagnes, privés d’eau et sans cesse victimisés par quelques démons farceurs. Le réalisateur ne détourne pas les yeux de la misère et dresse un portrait cruel mais certainement très réaliste des conditions de vie dans certains coins reculés.
Une fois encore, on retrouve l’ombre du studio Disney planer au-dessus de cette production, la Tôei s’étant beaucoup inspirée du géant américain en termes de techniques d’animation. Les décors sont tout simplement sublimes et rappellent les estampes japonaises. L’animation en elle-même, fin des 70’s oblige, est assez old-school, parfois approximative ou maladroite mais toujours sincère. Taro, l’enfant dragon parle à l’enfant tapi en nous et à l’amateur d’animation traditionnelle. Voir le film de Kirio Uramaya revient à voyager dans le temps et se perdre dans les méandres d’un Japon ancestral et magique. Pas inoubliable mais plutôt plaisant.
Taro, l’enfant dragon de Kirio Urayama (1979) – Tôei Animation