
Re-Anime: Tiger & Bunny – The Rising (de Yoshitomo Yonetani)
Tiger & Bunny, c’est d’abord un anime de Keiichi Sato (Saint Seiya – Legend of Sanctuary) sorti en 2011. L’idée de départ est plutôt fun et prometteuse puisqu’elle réinterprète le concept et la figure-même du super-héros. L’anime donna naissance à un premier film intitulé Tiger & Bunny – The Beginning en 2012 et à The Rising en 2014. Si le premier opus prenait des airs de buddy movie, celui-ci marque la séparation de nos deux héros pour toujours plus de fun décomplexé.
Au commencement, il y avait les humains, puis vinrent les next, des personnes possédant des pouvoirs. Très vite, beaucoup d’entre eux devinrent des justiciers masqués, récupérés par la télévision et les multinationales. Regroupés en ligues comme au football et affublés de costumes qui les transforment en super-panneaux publicitaires, ils gagnent des points selon leurs exploits qui sont filmés dans un grand reality show diffusé en live sur Hero TV. Le sujet à tout pour plaire et qui plus est, sur la forme, le mélange 2D/3D basé sur le chara-design de Masakazu Katsura (Zetman) fonctionne très bien. Mais derrière le concept sympathique se cache surtout un placement de produit incroyable. Pepsi, Amazon, Bandaï pour ne citer qu’eux, Bunny & Tiger pousse le concept jusqu’au bout et prend des allures de publicité géante pour des marques existantes. Le placement de produits a toujours existé mais rarement a t-on voulu autant le légitimer. Ça peut paraître bassement mercantile mais il faut avouer que dans un sens, c’est relativement astucieux.
Là où c’est plus étrange, c’est que ce second épisode, au-delà de l’orgie visuelle et des combats toujours plus tarés les uns que les autres, dans sa conclusion, pointe du doigt les grosses entreprises et autres multinationales qui écrasent les plus petites et réduisent des vies à néant. Faut-il y voir un message subliminal à l’encontre des grandes marques? Dur à dire… The Rising accuse le système sur lequel le titre est lui-même bâti. Même si ce point précis ne constitue pas l’intérêt principal du film, ça n’en reste pas moins un étrange paradoxe.
Après le difficile apprentissage de bosser ensemble dans le premier opus, Tiger et Barnaby vont être séparés. Le premier, devenu trop vieux pour ces conneries et qui plus est, est d’une incroyable maladresse, se voit virer de la seconde ligue et doit remettre en cause son statut de héros. Le second retrouve la première ligue et son salaire mirobolant et rejoint une équipe haute en couleurs, au propre comme au figuré. Chacun des membres de la ligue doit faire face à ses problèmes. Tandis que certains tentent de maîtriser au mieux leurs pouvoirs, d’autres doivent s’accepter tels qu’ils sont, à l’instar de Fire Emblem, super-héros black et gay. Voir le réalisateur s’emparer du sujet dans un tel contexte est surprenant mais totalement louable.
Mais Tiger & Bunny – The Rising, c’est aussi et avant tout l’occasion de voir le studio Sunrise à l’œuvre et clairement, ils se sont fait plaisir. Le film condense une grande partie des caractéristiques de l’animation japonaise basé sur le genre shônen. C’est rapide, agressif, saturé, outrancier et kitch mais totalement assumé. Les costumes des héros vont de l’exosquelette, à mi-chemin entre Iron Man et Bioman aux tenues les plus exotiques. Mention spéciale aux oreilles de Mickey transformées en support publicitaire… En définitive, tout ce cirque médiatico-publicitaire arrive à trouver son équilibre et à proposer un divertissement étrangement efficace et fun. Qui sait, on aura peut-être droit au iHero d’Apple dans le troisième opus…
Tiger & Bunny – The Rising de Yoshitomo Yonetani (2014) – Studio Sunrise