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Re-Anime: Toshokan Sensō: Kakumei no Tsubasa (de Takayuki Hamana)

Re-Anime: Toshokan Sensō: Kakumei no Tsubasa (de Takayuki Hamana)

Note de l'auteur

img32713Aujourd’hui, un Re-Anime qui milite en faveur de la liberté d’expression. Carrément ! Une plongée dans un Japon alternatif où règne une censure sournoise. Faisant parti d’une des nombreuses adaptations dérivées de la série de light novels de Hiro Arikawa, ce film d’animation parvient à captiver notre attention du début à la fin. La réalisation maîtrisée et efficace est mise au service d’une thématique importante et plus que jamais d’actualité. C’est le studio Production I.G qui est aux commandes et on ne s’en étonne pas, tant sur le fond que sur la forme.

 

La censure et la liberté d’expression ont toujours été des sujets délicats au Japon. Les lois en la matière ont tendance à se durcir doucement mais sûrement et les écrivains mais surtout les mangakas en font les frais. Dernière exemple en date, la censure subit par Tetsuya Tsutsui pour son titre Manhole et qu’il dénonce habilement dans l’excellent Poison City (critique du premier tome ici). La licence Library Wars tente d’aborder le sujet de la manière la plus globale possible en soulignant et ironisant sur les absurdités et les dérives d’une telle pratique. Preuve que le public s’intéresse au sujet et s’y retrouve, Library Wars, c’est une série de quatre light novels, sortie entre 2006 et 2007 et qui fut suivie par deux séries manga, une série animée, un film d’animation et trois films en prises de vue réelle. Bref, une thématique qui semble trouver un certain écho dans le pays.

 

Dans Toshokan Sensō: Kakumei no Tsubasa, le gouvernement japonais a mis en place la création d’un comité de régulation des médias, dans le cadre d’une loi, l’autorisant à sélectionner et confisquer toutes publications estimées négatives. En réponse à cette atteinte à la liberté d’expression, des directeurs de bibliothèques parviennent à faire voter une loi de sauvegarde des bibliothèques et créent le corps des bibliothécaires. Il s’agit en fait d’une organisation paramilitaire, tout à fait officielle et légitime, puisqu’elle aussi autorisée par le gouvernement. Un pouvoir politique cynique et schizophrène qui tente de ménager toutes les sensibilités électorales quitte à promulguer deux lois contradictoires et potentiellement désastreuses. Alors qu’un attentat à lieu, le comité de régulation blâme un auteur et notamment l’un de ses bouquins qui aurait prétendument inspiré les exactions commises. Iku Kasahara, une jeune femme et son supérieur hiérarchique, Atsuhi Dojo, tous deux membres du corps des bibliothécaires, vont devoir alors faire leur possible pour que l’écrivain ne devienne pas l’exemple qui renforcera la censure exercée par le comité de régulation. Procès, demande de droit d’asile, tous les recours sont envisagés pour l’empêcher de prendre du terrain. Entre sujet de société et romance, le film trouve un véritable équilibre, grâce à un bon dosage.

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Le sujet est traité avec le sérieux qu’il mérite et surprend par son ton adulte. Bien évidement, le récit se place en faveur de la liberté d’expression mais Takayuki Hamana n’oublie pas de s’interroger sur les moyens à utiliser pour la défendre et les limites à ne pas franchir. Ici, l’absurdité est poussée au point que chacun des camps est autorisé à tirer à balles réelles. Bien que le gouvernement ne soit jamais montré, ni même vraiment cité, il est clairement la cible d’une attaque en règle. Le studio Production I.G, également à l’origine de la série animée, a toujours aimé la SF intelligente et ambitieuse et on les en remercie. Avec Toshokan Sensō: Kakumei no Tsubasa, il nous balance un film réfléchi et engagé défendant un droit fondamental, le tout servi par un dessin et une animation parfaitement maîtrisés. Et par les temps qui courent, je me dis que clairement, ça ne ferait pas de mal à certains de le regarder… A bon entendeur !

 

Toshokan Sensō: Kakumei no Tsubasa de Takayuki Hamana (2012) – Production I.G

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