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Récap : I need you to be brave (The Handmaid’s Tale 2.10 / Hulu / OCS)

Récap : I need you to be brave (The Handmaid’s Tale 2.10 / Hulu / OCS)

Note de l'auteur

Avec ce dixième volet, The Handmaid’s Tale retrouve une posture clivante qui était celle qu’elle défendait pour un début de saison 2 très brutal. Quoi qu’on en pense, les auteurs ne trichent pas et cet épisode ne fait pas exception. Récapitulatif.

Attention : le texte qui suit est un commentaire détaillé ; il s’adresse à un.e lect.eur.rice ayant vu ledit épisode !

Nous avions laissé June (Elisabeth Moss) réconfortée alors qu’elle venait d’apprendre des nouvelles plutôt rassurantes de Luke (O. T. Fagbenle) et Moira (Samira Wiley) par l’intermédiaire de Nick (Max Minghella), tout juste rentré du Canada (voir récap’ précédent).
Une information, s’agissant de Moira, qu’elle communique ici à Emily (Alexis Bledel) parce qu’elle a bien compris que depuis son retour des colonies, son moral est au plus bas. L’évasion de Moira doit l’inciter à entrevoir une issue possible. Mais Emily réplique que son enfant (installé au Canada) n’est plus le sien, qu’il l’a sans doute oubliée. June la contredit immédiatement mais nous verrons, en fin d’épisode, qu’elle ne mesure peut-être pas vraiment ce que représente la séparation pour l’enfant.

Chances are better if I lay on my back afterwards.

Et pour bien comprendre l’état d’esprit d’Emily, l’épisode s’ouvre justement sur la « cérémonie », à savoir ce viol ritualisé dans la chambre du commandant et de sa femme auxquels elle a été confiée. Au son de la voix off de June, elle tente en vain de faire abstraction de l’acte. C’est alors que le titre de l’épisode (The Last Ceremony) prend une première fois son sens puisqu’alors qu’il se rhabille, le commandant en question est foudroyé par une crise cardiaque. Emily aura alors la maigre satisfaction de pouvoir lui adresser un coup de pied dans les parties.

Lorsque June tente de transmettre un peu de courage à Emily (au rayon boucherie), elle ressent ses premières contractions. Très rapidement, la machine se met en branle. June est rapatriée puis installée sur un grand lit. Ses camarades servantes en ordre de bataille sont là. Les épouses simulent l’accouchement de Serena (Yvonne Strahovski) et les commandants s’envoient des cigares. Seulement voilà, les contractions sont trop espacées et le gynécologue confirme que ce n’était qu’une fausse alerte.

Vigorous walks. Mango salad. I know of a spicy tea that works wonders.

La situation n’est pas pour déplaire à June, ravie d’infliger ainsi une déconvenue à Serena. Elle aurait sans doute été plus avisée de ne pas provoquer l’épouse car celle-ci va réagir avec une certaine cruauté. Entre temps, June tente d’amadouer le commandant (Joseph Fiennes) pour qu’il lui permette de voir Hannah (Jordana Blake) mais il refuse, presque aussi échaudé que sa femme. Contre toute attente, l’accouchement manqué rapproche les Waterford l’un de l’autre pour un plan d’action drastique : June est convoquée auprès de Serena pour une « dernière cérémonie » improvisée, afin de déclencher la naissance de manière « naturelle ».

Après cet énième viol, June est effondrée sur son lit et le commandant ne trouve rien de mieux que de venir la trouver pour lui annoncer qu’il lui a concocté une surprise. Et effectivement, le lendemain, Nick se voit remettre une adresse sur un morceau de papier à laquelle il doit amener la femme enceinte. Le commandant lui demande de faire vite et de ne pas être vu !

It’s okay. I have new parents, now.

Lorsqu’ils arrivent dans une grande bâtisse abandonnée, June découvre que sa fille — escortée d’une martha et d’un gardien — l’y attend. Hannah (Jordana Blake), qu’il faut appeler Agnes désormais, est tour à tour inquiète, puis en colère pour terminer par une vraie empathie à l’endroit de sa mère. June est extatique mais l’entrevue touche trop rapidement à sa fin et elle trouve difficilement la force de transmettre tout son amour lors de cette séparation.
La voiture emmenant Hannah à peine partie, une patrouille de gardiens débarque et se saisit de Nick. L’épisode se termine alors que June se trouve abandonnée au milieu de nulle part.

Depuis le suicide à la bombe (épisode 2.06), The Handmaid’s Tale avait opté pour une forme d’accalmie, épargnant ainsi l’intégrité de ses servantes, du moins en apparence. Car, en réalité, Gilead est toujours la même et cautionne le viol répété de ces femmes fertiles. Cet épisode est avant toute chose une très douloureuse piqûre de rappel.
La séquence d’ouverture qui voit Emily endurer l’agression avec force ralentis (cette calamité formelle pour la série désormais) interpelle. Mais ce que notre conscience voudrait trouver absurde d’un point de vue narratif n’en reste pas moins d’une logique implacable quant à l’absurdité de ce régime.

Ce qu’il l’est beaucoup moins, c’est la légèreté prise dans les conditions de l’accouchement lorsque l’on sait toute l’importance d’une naissance dans ce contexte. Pourquoi permettre de faire naître ces si précieux enfants dans des conditions aléatoires alors que des spécialistes pourraient limiter une partie des risques dans le cadre d’un milieu médicalisé. L’imbroglio autour des contractions le démontre de manière spectaculaire. Même les idéologues d’un autre âge du régime pourraient reconnaître que c’est un choix délirant.

Par contre, la série trouve à nouveau un prolongement saillant avec l’actualité. Après le parallèle entre les relations américano-canadiennes et la situation migratoire dans l’épisode précédent, voici le thème de la séparation de l’enfant, sujet ô combien sensible actuellement depuis la prise de conscience américaine (mais aussi européenne), ces derniers jours, en ce qui concerne le sort réservé aux enfants de populations déplacées.
En quelques plans, la détresse générée par le vide parental est exprimée ici de manière bouleversante et suffit à marquer durablement en émotion un passage déjà crucial de la saison. Avec ses défauts (notamment démonstratifs), The Handmaid’s Tale confirme, là encore, qu’elle invoque une vocation indispensable.

 


 

Remarques :

  • Deux commandants que nous ne connaissions pas sont introduits durant cet épisode. Horace (Adrian Walters) dont on suppose qu’il ne fait qu’une apparition et Grinnell (Chris Gillett), qu’on reverra à coup sûr, dont la présence inquiétante rappelle Pryce.
  • Le point Eden hebdomadaire : elle est surprise en train d’embrasser Isaac et confronte Nick. Les choses sont désormais très claires entre les deux jeunes mariés ; ça ne finira pas bien, cette histoire !
  • Au jeu des prédictions de la semaine, la rapidité avec laquelle une patrouille embarque Nick après le départ d’Hannah suggère un coup monté. La remarque de June sur l’infertilité du commandant a-t-elle provoqué ce dernier vers une action brutale envers son chauffeur ?

 

Liens :

  • La scénariste qui signe cet épisode, Yahlin Chang, explique son travail vis-à-vis de la séparation de l’enfant pour Vox.
  • Colin Watkinson, directeur de la photographie cette saison, explique les choix effectués pour le compte de Deadline.
  • Le casting de la série soutient l’organisation non gouvernementale Equality Now, notamment via une vidéo à voir sur la page du site officiel.

 

THE HANDMAID’S TALE (HULU) saison 2 en 13 épisodes,
Diffusée en US+24 et VM sur OCS depuis le 26 avril.
Épisodes 2.10 (The Last Ceremony).
Série créée par Bruce Miller.
D’après le roman de Margaret Atwood.
Épisode écrit par Yahlin Chang.
Épisode réalisé par Jeremy Podeswa.
Avec Elisabeth Moss, Ann Dowd, Yvonne Strahovski, Joseph Fiennes, Alexis Bledel, Amanda Brugel, Madeline Brewer, Rohan Mead, Max Minghella, Jordana Blake, Ever Carradine, Stephen Kunken, Nina Kiri, Bahia Watson, Kristian Bruun, Adrian Walters, Chris Gillett et Sydney Sweeney.
Musique originale d’Adam Taylor.

Visuels : The Handmaid’s Tale © MGM / Hulu

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