Récap : My Fault (The Handmaid’s Tale 2.04 / Hulu / OCS)

Récap : My Fault (The Handmaid’s Tale 2.04 / Hulu / OCS)

Note de l'auteur

Le concept du retour en arrière est fondamental au sein de The Handmaid’s Tale, et cela à plus d’un titre. C’est justement le vecteur principal de cet épisode, emportant tout sur son passage. Récapitulatif.

Attention ! Ce qui suit est un commentaire détaillé ; il s’adresse à un.e lecteur.rice ayant vu ledit épisode.

Il y a bien quelques flash-back dans ce quatrième volet mais ils sont peu nombreux (4 scènes, nous y reviendrons) et n’interviennent qu’en deuxième partie d’épisode. Après sa tentative de fuite contrecarrée vers le Canada (voir récap précédent), tout est organisé pour replacer Offred (Elisabeth Moss) dans son environnement oppressant, en écrasant au passage toute notion d’espoir. L’épisode est en cela particulièrement efficace, peut-être même trop !

It’s June. You know my fucking name.

Offred est donc de retour à Gilead et se voit immédiatement imposer ses anciens attributs : on lui fixe à nouveau la bague des servantes à l’oreille et tante Lydia (Ann Dowd) vient lui présenter la robe écarlate. Bien qu’enchaînée près d’un lit dans une grande salle sous surveillance constante, June cherche encore à défier sa geôlière en refusant de se faire appeler Offred. Mais le choix, tel qu’énoncé par la tante, est mince : June est condamnée à rester entravée tandis qu’Offred peut « jouir » de son ancienne place auprès des Waterford.
Et lorsqu’elle est escortée sur place, le commandant (Joseph Fiennes) plastronne effectivement en évoquant un soi-disant kidnapping ; on soigne les formes comme on peut ! Par contre, Serena (Yvonne Strahovski) n’est pas aussi enjouée et se jette à la gorge de la mère de son futur enfant en vociférant la durée de son absence, 92 jours tout de même. On se dit que June n’était finalement pas si mal avec une chaîne au pied mais à cet instant-là, il lui reste encore une once de défi dans le regard et de rappeler à Serena leur marché : si rien n’arrive à Hannah, June prendra soin de sa grossesse.

Le retour chez les Waterford n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier d’une reprise du train-train quotidien. À commencer par Tante Lydia qui ne lâche plus Offred d’une semelle. Elle est là pour s’assurer que la future maman se lave correctement, elle est encore là au petit déjeuner pour lui servir des smoothies appétissants (ou pas…).
Elle veut surtout s’assurer qu’Offred ne dégoupille pas alors que Serena a prévu tout un cérémonial pour la venue du futur bébé, une sorte de baby shower ritualisé où les épouses font presque comme si la servante enceinte n’existait pas (alors qu’elles sont bien en sa présence dans la même pièce). Inutile de préciser qu’Offred est ravie et tente d’exister en contredisant ouvertement Serena pour annoncer qu’elle a déjà sentie un coup de pied du bébé.

[Tante Lydia] Do you need to take a break?

Pendant ce temps-là, les maris pratiquent le ball-trap, un verre de whisky à la main. Au détour des conversations, on y apprend tout de même deux choses importantes. Les dirigeants de Gilead négocient l’allégement de sanctions avec le Canada, ce qui sonne furieusement d’actualité si l’on pense à l’Iran ou la Corée du Nord ! Et puis l’échappée belle de June n’est pas passée inaperçue puisque le commandant Pryce (Robert Curtis Brown) se permet d’insister lourdement auprès de Waterford dans ce sens.

De retour au domicile des Waterford, la cérémonie est aussi l’occasion pour Offred de croiser ses consœurs et de s’apercevoir que, là aussi, rien n’est plus pareil. Ofglen (Tattiawna Jones) l’ignore royalement et sans doute pas seulement parce qu’on lui a coupé la langue. Et surtout, Ofrobert (Nina Kiri) lui apprend que la résistance (« Mayday ») n’est plus en contact avec les servantes.
La cérémonie se terminera par une « union » durant laquelle Serena et Offred sont enlacées par une tresse rouge et bleue. On imagine alors un réchauffement de leur relation mais c’est trop vite oublier que Serena est à fleur de peau. Elle demande alors à son époux de renvoyer Offred au centre des servantes et le commandant doit se montrer très persuasif pour la rassurer.

Just think about the baby, hmm? Not her. She’s nothing.

Sur ce même registre de la persuasion, c’est de loin tante Lydia qui obtient la palme de l’épisode. Elle amène Offred au bord de la rivière et lui explique que l’homme qui s’y trouve pendu n’est autre qu’Omar, l’homme qui avait pris le risque de l’héberger dans l’épisode précédent. Lydia précise aussi que sa femme va devenir servante, tout comme elle (une future rencontre provoquerait des étincelles…) et que leur enfant a été placé auprès d’une autre famille…
La coupe est pleine pour Offred et Lydia de lui susurrer que June est responsable mais qu’Offred n’a pas à en porter le fardeau. Offred est ensuite bien plus prédisposée à supplier les Waterford de la garder auprès d’eux. Après une visite nocturne de Serena venue s’adresser à  « son » futur enfant, June ne trouve plus le réconfort dans le placard où l’inscription de son prédécesseur a été poncée. La culpabilité l’accable. Le lendemain, Offred récite un mantra sur la météo pour s’en extraire. Lydia a-t-elle réussi son lavage de cerveau ?

C’est sans aucun doute un sacré pari de la part des auteurs que d’avoir réinstitué leur héroïne dans la position de faiblesse la plus dramatique qui soit. Après l’avoir progressivement construite comme une femme sûre de ses forces, ce cruel retour en arrière est un choix narratif à double tranchant. Soit vous êtes captivés par le génie d’un système qui parvient à contrôler les esprits de la sorte, soit vous pensez que la pensée/conviction ne peut pas être inversée dans de telles proportions. (Vous me direz dans quel camp vous vous trouvez en commentaires).
L’efficacité de cette fin consiste en tout cas à laisser planer le doute sur l’état mental d’Offred et il y a fort à parier que la suite ne répondra pas directement à la question en s’intéressant d’abord à un autre sujet.

Le thème de la culpabilité est, quant à lui, admirablement bien induit dans le récit. Lorsque June refuse de lapider Janine, ce sont les autres servantes qui sont punies, lorsqu’elle évoque le baby shower d’Hannah devant Serena, c’est Rita qui prend sur la joue et lorsqu’elle tente de fuir le pays, c’est celui qui l’a aidée qui est pendu. Tout ou presque la ramène à sa condition de femme enceinte mais rien ne lui ai directement signifié, laissant libre court à la seule conclusion possible : ce ne peut être que de sa faute. L’engrenage est implacable !

We’ve been sent good weather

 


 

Musique :

  • Today is the First Day par Penny Goodwin. Un album écouté sur Vinyle par le commandant dans son bureau, pour le seul LP de cette artiste originaire de Milwaukee, très rare et recherché par les collectionneurs.
  • Hate par Cat Power (fin de l’épisode).

 

Remarques :

  • Les flash-back de cet épisode sont centrés sur la séparation de Luke (O. T. Fagbenle) avec sa femme. Ils semblent confirmer le principe selon lequel June a été condamnée au statut de servante écarlate et n’a pu prétendre à celui d’éconofemme, en raison de sa relation hors mariage avec Luke.
  • Les lettres dont Rita se débarrasse rapidement auprès de June sont des témoignages d’autres servantes qui étaient destinés à la résistance. À la fin de la saison 1, Offred avait indiqué à Rita leur cachette afin qu’elle puisse les transmettre.

 

Liens :

  • Ann Dowd (Tante Lydia) décrit l’état d’esprit de son personnage en ce début de saison 2 pour Bell Media.
  • Chez Vanity Fair, O. T. Fagbenle défend le comportement de Luke.
  • Et Margaret Atwood évoque le rapport entre The Handmaid’s Tale et l’Amérique de Donald Trump pour ABC News.

 

THE HANDMAID’S TALE (HULU) saison 2 en 13 épisodes,
Diffusée en US+24 et VM sur OCS depuis le 26 avril.
Épisodes 2.04 (Other Women).
Série créée par Bruce Miller.
D’après le roman de Margaret Atwood.
Épisode écrit par Yahlin Chang.
Épisode réalisé par Kari Skogland.
Avec Elisabeth Moss, Ann Dowd, Yvonne Strahovski, Joseph Fiennes, Amanda Brugel, Ever Carradine, Stephen Kunken, Robert Curtis Brown, Greg Bryk, Kelly Jenrette, Tattiawna Jones, Nina Kiri, Max Minghella et O-T Fagbenle.
Musique originale d’Adam Taylor.

Visuels : The Handmaid’s Tale © George Kraychyk / Hulu

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