#Réédition : Dan Baird – Buffalo Nickel (American)

#Réédition : Dan Baird – Buffalo Nickel (American)

Note de l'auteur

Prodigieusement mésestimé de ce côté de l’Atlantique, Dan Baird a pourtant tout pour plaire. Membre fondateur et chanteur des Georgia Satellites, auteur de l’indispensable Keep Your Hands to Yourself, l’homme au chapeau gagne à être connu, et pas seulement pour ses facéties redneck… Le label de Rick Rubin, American, vient de lancer une série de rééditions dont ce Buffalo Nickel fait partie, occasion parfaite de découvrir l’œuvre du plus stonien des sudistes !

Mais avant de nous intéresser au contenu de l’album, jetons un petit coup d’œil à la pochette intérieure. C’est toujours instructif de lire les crédits sur un livret, d’où l’intérêt de continuer à acheter des disques soit dit en passant… Difficile de faire pareil sur un fichier mp3 pas vrai ? Outre une très jolie photo de la campagne géorgienne, on peut y lire cette phrase assez cocasse, « produced by Brendan O’Brien, closely watched by Dan Baird » (« produit par Brendan O’Brien, surveillé de près par Dan Baird »)

Brendan O'Brien

Brendan O’Brien

Brendan O’Brien, tiens donc ! Nous sommes en 1996 lorsqu’O’Brien se place derrière les manettes pour enregistrer ce Buffalo Nickel, seconde collaboration avec Dan Baird pour qui il avait produit Love Songs for the Hearing Impaired (1991) et déjà, le jeune homme est à la tête d’un joli palmarès.

Ingénieur du son sur les premiers albums des Black Crowes et le Blood Sugar Sex Magik des Red Hot Chili Peppers, il va devenir incontournable après avoir façonné le son de Pearl Jam sur tous leurs albums à partir de Vs (1993) et s’être occupé des plus grands noms du rock des années 90 (Soundgarden, Stone Temple Pilots, Rage Against the Machine, KoЯn, The Offspring) avant de devenir le producteur officiel de Bruce Springsteen dès The Rising (2002).

Buffalo Nickel se situe donc au début de la carrière de Brendan O’Brien, juste avant qu’il ne devienne cette star des studios mondialement reconnue, et les retrouvailles avec le déjà vétéran Dan Baird sur ce disque nous offrent l’opportunité de découvrir le travail d’un génie en devenir alors qu’il n’a aucune pression sur le dos et qu’il officie « à la maison », presque en famille.

De Baird au Barde

De Baird au Barde

Car derrière la pochette éminemment Dylanienne (on pense bien sûr à celle de The Times They Are a-Changin’) se cache un disque de pur rock’n’roll qui emprunte plus aux Rolling Stones et aux Faces qu’aux ambiances southern rock que l’on pouvait attendre du natif d’Atlanta, surtout après sa carrière au sein des Georgia Satellites.

C’est d’ailleurs là que le travail du producteur fait toute la différence… Dès le titre d’ouverture, Younger Face, le ton est donné. Après un larsen prometteur, les guitares tranchantes comme des lames de rasoir font tourner un riff aussi simple qu’évident en évitant soigneusement les effets de style, direct dans l’ampli sans fioritures. La voix de Dan Baird évoque immédiatement celle d’un Keith Richards sortant à peine de l’enregistrement d’Exile on Main St., à la fois aride et gouailleuse, on est en terrain connu.

Cumberland River ajoute une petite touche funky au tableau avant que I Want You Bad ne nous ramène sur les terres des pierres qui roulent, un voyage confirmé par Frozen Head State Park ou On My Way que l’ami Rod Stewart n’aurait pas renié … N’oublions pas que la bande à Jagger et Richards ont mis en boîte leur Sticky Fingers au cœur de l’Alabama, la connexion entre le rock séminal des Stones et celui plus débraillé du Sud des États-Unis a toujours été forte.

Stones Attitude

Stones Attitude

Lil Bit se charge de nous le rappeler, petite curiosité humoristique en forme de cavalcade country rock histoire de se détendre un peu avant que le bien nommé Woke up Jake ne replonge dans un rock aux frontières du hard préfigurant le travail futur de Brendan O’Brien avec AC/DC, un travail dont on prend toute la mesure avec le petit bijou de cet album, la reprise du Hush de Deep Purple.

Au final, Buffalo Nickel fait partie de ces albums injustement méconnu qui ne demandent qu’un petit coup de pouce pour trouver leur chemin dans votre collection de disques ! Et de fait, pour écouter cette merveille, il vous faudra faire l’effort de la mettre sur votre platine puisque l’album n’est disponible qu’en format physique. Ce qui, lorsqu’on y réfléchit bien, n’est pas plus mal…

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