Remothered: Tormented Fathers – Clarice Starling reprend du service

Remothered: Tormented Fathers – Clarice Starling reprend du service

Note de l'auteur

Abandonné lâchement par la majorité des grands éditeurs depuis quelques années, le genre du survival-horror s’est vu offrir une seconde jeunesse par la scène indépendante. Les joueurs ont hurlé de peur sur des excellents titres comme Amnesia: Dark Descent, Outlast ou Layers of Fear qui n’ont rien à envier aux productions AAA. En s’inspirant de classiques tels que Clock Tower ou Silent HillsRemothered: Tormented Fathers nous promet lui aussi de nous coller la frousse en revenant aux sources du survival-horror.

À l’origine du projet Remothered

Remothered, c’est avant tout l’aboutissement d’un long projet, commencé il y a plus de dix ans par un véritable passionné et amoureux du survival-horror, l’italien Chris Darril. À seulement 18 ans et sur son temps libre, il développa un prototype en 2D de Remothered sur le moteur RPG Maker XP. Il enchaina ensuite en participant aux développements de plusieurs jeux dont Releasya et Night Cry, une suite spirituelle de Clock Tower. Imaginé par le japonais Hifumi Kono, Clock Tower est un point’n click et survival-horror sorti en 1995 sur Famicom, un jeu mythique ayant eu une grande influence sur le travail de Chris Darril et en particulier sur Remothered.

Après avoir accumulé de l’expérience, le jeune italien prend le temps d’étoffer le scénario de son Remothered pour en faire une trilogie, et fonde son propre studio, Darril Arts. Exit le jeu en 2D, les ambitions ont été rapidement revues à la hausse pour Remothered suite au partenariat avec un autre studio transalpin, Stormind Games. L’objectif de Chris et son équipe est simple, remettre au gout du jour le vrai survival-horror, celui où le joueur se sent impuissant et dévoré par la peur. Pendant le développement, Chris Darril annonce la couleur en citant des jeux comme Alien: Isolation, Fatal Frame II, Siren: Blood Curse et bien entendu Clock Tower comme influences et modèles pour Remothered. Sorti tout d’abord sur PC en accès anticipé pour Halloween le 31 octobre 2017, le premier chapitre de la trilogie, sous-titré Tormented Fathers, connait une sortie officielle le 30 janvier 2018 sur Steam et le 25 juillet 2018 sur PS4 et Xbox One.

 

Un scénario intéressant

Dans Remotherd: Tormented Fathers, nous suivons les mésaventures de Rosemary Reed, un personnage clairement inspiré par Jodie Foster dans le Silence des agneaux. Sans qu’on sache vraiment pourquoi, Rosemary est obsédée par la disparition d’une jeune fille prénommée Céleste. Notre héroïne décide de se faire passer pour une psychiatre afin de pouvoir enquêter dans le manoir du Docteur Richard Felton, le père de Céleste. Ce dernier est rongé par une mystérieuse maladie et ne fait plus d’apparitions en public depuis quelques temps. Sauf que le très dérangé Dr. Felton et sa menaçante infirmière Gloria découvrent la supercherie et expulsent Rosemary.

Mais la clone de Clarice Starling n’a pas dit son dernier mot et s’introduit discrètement dans le manoir une fois la nuit tombée. Et c’est à partir de ce moment-là que le véritable cauchemar commence pour Rosemary et le joueur. L’intrigue est intéressante, mais parfois mal racontée notamment vers la fin du jeu. On comprend vite que Remothered: Tormented Fathers a été pensé comme le premier volet d’une trilogie, mais que cela s’est fait au détriment de la compréhension globale de l’histoire. Remothered: Tormented Fathers dégage tout de même une atmosphère sombre et pesante qui n’est pas sans rappeler la série des Silent Hills. Tout comme ces derniers, le jeu repose avant tout sur son histoire et son ambiance pour nous faire peur, même si quelques jump scares bien effrayants sont également présents.

 

Un gameplay classique

Contrairement au dernier Resident Evil ou aux populaires Outlast, Remothered: Tormented Fathers est un survival-horror à la troisième personne. Une fois la manette en main, plusieurs problèmes se posent rapidement, les déplacements de Rosemary sont ultra rigides et souffrent d’une animation techniquement dépassée. Heureusement, ces défauts n’ont pas trop entaché mon expérience de jeu. Pendant son enquête dans le manoir, Rosemary doit à tout prix éviter certains personnages en écoutant attentivement leurs déplacements et en se déplaçant furtivement. En cas de nécessité, il est également possible de se cacher derrière un canapé, dans une armoire, etc… Sans spoiler, les ennemis sont vraiment terrifiants et déambulent sans cesse dans le manoir à votre recherche. Particulièrement sensibles aux sons ou à la lumière, il vous est conseillé de jouer discrètement et surtout avec patience. Seul bémol, la capacité de l’IA à capter le moindre son rend le jeu particulièrement difficile, surtout aux néophytes du genre.

Remothered: Tormented Fathers est un titre qui se base sur deux mécaniques récurrentes au genre, le cache-cache à la manière d’un Alien: Isolation et la course poursuite comme dans Silent Hills: Shattered Memories. Une fois repéré, vous pourrez utiliser un objet pour vous défendre lors d’une phase de QTE. Cela vous donnera une chance de vous dissimuler le plus rapidement possible des yeux de vos ennemis. Mais attention, les objets défensifs, comme les couteaux ou une paire de ciseaux, sont cassables et limités au nombre de deux dans votre inventaire, renforçant au final notre sentiment d’insécurité. En cas de blessures répétées, Rosermary sera non seulement couverte de sang mais ne pourra plus se déplacer correctement et surtout silencieusement, signalant l’arrivée imminente du game over.

À la façon d’un Metal Gear Solid, il est également possible de faire diversion en utilisant le décor et les objets alentours. Pour avancer dans l’histoire, les développeurs ont adopté une approche résolument old-school avec un système de recherche d’objets et de résolution d’énigmes en parcourant le manoir de fond en comble. Tout comme le vénérable Alone in the Dark ou le premier Resident Evil, l’angoissante demeure du Dr. Felton s’avère être un véritable labyrinthe, attendez-vous donc à de nombreuses allées et venues.

 

Une réalisation technique en demi-teinte

D’un point de vue technique, Remothered: Tormented Fathers souffle le chaud et le froid. Développé sous l’Unreal Engine 4, le jeu présente de jolis effets de lumières et un travail remarquable sur les décors intérieurs. Malheureusement, la modélisation des personnages et les animations ne sont pas du même niveau. L’ensemble présente tout de même une qualité graphique surprenante pour un jeu indépendant.

La composition de la musique a été confiée au duo Luca Balboni et Nobuko Toda. Cette dernière n’est pas une inconnue, puisque elle a déjà travaillé sur de célèbres licences comme Kingdom Hearts, Final Fantasy et même Metal Gear Solid aux côtés du légendaire Harry Gregson-Williams. Le résultat est évidemment excellent et colle parfaitement à l’ambiance du jeu.

 

Conclusion

Remothered: Tormented Fathers transpire la passion de ses créateurs pour le survival-horror à l’ancienne. Parfois maladroit et souffrant de quelques lacunes techniques, le titre de Darril Arts et Stormind Games n’est certes pas exempt de défauts, mais il plaira quand même à coup sûr aux amateurs du genre. En définitive, Remothered: Tormented Fathers n’a pas pour ambition de révolutionner le survival-horror, mais plutôt de lui rendre un hommage réussi tout en posant les bases d’une saga déjà prometteuse.

 

Remothered: Tormented Fathers
Développeur : Stormind Games
Éditeur : Darril Arts
Prix : 20 €
Disponible : PC/PS4/Xbox One

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