Rencontre avec les comédiens de Caïn

Rencontre avec les comédiens de Caïn

Caïn, série créée par Bertrand Arthuys et Alexis Le Sec, est revenue sur France 2 depuis le 3 avril pour une troisième saison, dont les deux derniers épisodes seront diffusés ce soir. Pour l’occasion, nous avons rencontré les deux comédiens qui incarnent les rôles principaux, Bruno Debrandt (Fred Caïn) et Julie Delarme (Lucie Delambre).

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© France2 TV

Daily Mars: Comment définiriez-vous vos personnages, et leur évolution au fil des saisons ?

Julie Delarme : Dès le début, le personnage de Lucie se fait tester par Caïn, et c’est justement ça ce qui la pousse à endurcir son caractère. Sa relation avec ce dernier, qui au départ est basée sur le modèle du chat et de la souris, est en fait un cliché qu’on trouve souvent dans les séries policières. Mais justement, petit à petit ce côté archétypal s’atténue. Plus les épisodes avancent, et plus elle commence à lui chercher des noises et une complicité s’élabore entre eux, une forme d’émulation. Dans cette nouvelle saison, elle parvient enfin à se construire indépendamment, et l’opacité qui la définit va s’estomper.

Bruno Debrandt : Fred Caïn est avant tout un personnage instable. Il est entouré de gens qui essayent de le cadrer, mais rien n’y fait. Il est doué d’une pulsion de vie qui en fait quelqu’un d’arrogant, de teigneux, et c’est justement ce qui fait sa force. C’est en étant en permanence sur les nerfs qu’il parvient à asseoir son autorité et à se faire respecter. C’est aussi quelqu’un qui ne fait pas confiance facilement : c’est justement pour ça qu’il teste autant Lucie, pour voir s’il peut lui s’associer avec elle. Le personnage de Caïn comme celui de Lucie sont plus poussés dans cette nouvelle saison, il a fallu sortir des codes du procédurier, et être plus exigeant envers nous-mêmes afin de ne plus seulement être à la surface. Dans la saison 3, la vie de nos deux personnages va s’étendre au-delà des enquêtes, donner lieu a plus d’intimité, et donc plus de proximité avec les spectateurs.

La série Caïn est certes une série policière, mais elle a ceci de particulier que son protagoniste est handicapé, car en fauteuil roulant et paralysé. Comment la série représente-t-elle le handicap ? Pensez-vous qu’il y a là une dimension militante, qui permette de faire mieux voir la place des handicapés dans la société ?

B. D : A la toute première lecture du scénario, j’avais eu un sentiment de rejet, car je pensais qu’il s’agissait uniquement de rajouter du piquant à une formule déjà très classique. Mais je me suis rendu compte qu’il n’en était rien, et c’est un long travail avec Fabrice Malaval qui m’a aidé pendant toute la série à améliorer ma gestuelle, à me montrer comment bouger avec le fauteuil, ne pas m’en servir comme d’un accessoire. Mais je me suis surtout rendu compte que Caïn n’était pas une série sur le handicap, mais une série policière dont le protagoniste n’a plus l’usage de ses jambes, et c’est tout. Ce dernier en fait surtout un outil de provocation, mais rappelle sans cesse qu’il ne faut pas en faire tout un plat : la série reste un divertissement, qui raconte des histoires sans avoir de dimension forcément militante, tout en restant dans la justesse, en essayant en tout cas.

J. D : Lucie oublie totalement le handicap de son collège elle l’a intégré comme simple caractéristique, et ne s’apitoie jamais sur son sort. On sait qu’il y avait une certaine appréhension du public handicapé, et on espère qu’il n’y a pas eu de clivage. L’équilibre, c’était tout l’enjeu de la série.

Qu’y aura t-il de nouveau dans cette saison 3 ?

J. D : Les créateurs voulaient depuis longtemps une structure feuilletonante pour la série, et ils ont enfin obtenu gain de cause. Cette saison était donc nouvelle parce que plus cohérente, et tous les épisodes avaient le même fil rouge, autour du fils de Fred Caïn. C’était important pour nous d’avoir ce nouveau modèle narratif, parce que c’est comme ça qu’est crée l’addiction, et c’est aussi comme ça qu’on peut renouveler les attentes du spectateur et s’amuser un peu.

Cette saison 3 est donc différente des autres, car davantage fondée sur des arcs narratifs récurrents. Qu’est-ce que cette formule feuilletonante vous a apporté ?

J. D : Avant tout, cela nous a permis de creuser davantage nos personnages, et en ce qui me concerne c’était une véritable demande, j’étais frustrée jusque là. Mais justement cettte nouvelle formule aura permis je crois de creuser une fragilité émotionnelle, qui finalement va lui exploser à la figure. Et Caïn lui aussi a été mis à dure épreuve ! (rires).

B. D : En fait, je ne suis pas très consommateur de série, mis à part Magnum, Starsky & Hutch. Justement, je trouve dommage que même dans les séries policières français, dans cette case bien spécifique qu’est celle du vendredi soir sur France 2, il n’y ait jamais le temps d’exposer les personnages, de développer, outre les intrigues criminelles, leur intimité. On y est enfin arrivés, on est enfin parvenus à cette mise en danger des personnages qui crée un intérêt supplémentaire pour les spectateurs.

Caïn, sur France 2. Diffusion des deux derniers épisodes (« Le Fils de Caïn », première et deuxième partie) vendredi 17 avril à 20h50.

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