
Replay sur… Uncharted 2 Among Thieves
Pour fêter la sortie du quatrième opus des aventures de Nathan Drake, quoi de plus normal qu’une série d’articles durant toute la semaine pour revenir sur la franchise Uncharted et ce qu’elle a apporté, en attendant de savoir si cet ultime épisode parvient à conclure brillamment une licence qui aura marqué toute une génération.
C’est fait par qui ?
Pour cette suite, Naughty Dog est toujours aux manettes et le développement est annoncé début 2008 (mais on se doute que les premières pistes du jeu sont arrivées avant) pour une sortie fin 2009. Sur les 22 mois de développements, six sont mis à contribution sur la préproduction, d’abord pour concevoir l’histoire que le studio voulait plus ambitieuse que le précédent jeu, en faisant intervenir tout le casting de l’épisode original agrémenté de têtes supplémentaires telles que Chloé. La préproduction a servi aussi à proposer diverses idées de gameplay et de contextes, sans véritables contraintes. La fameuse séquence du train en marche a été la plus compliquée à gérer : elle a été la première à être développée et la dernière à se terminer. Naughty Dog a choisi de faire en sorte que ce soit vraiment le train qui bouge et non le décor (comme dans n’importe quel autre jeu), ce qui a occasionné de nombreux bugs étranges et a forcé l’équipe à consolider le moteur du jeu.
Effectivement, avoir 50 wagons qui bougent en même temps a donné de sérieux maux de crâne à l’équipe, notamment en combinant tout ça avec le gameplay du jeu, comme les grenades qui revenaient à la tronche du joueur (pas sympa). Neuf mois avant la sortie du jeu, le titre avait encore de sérieux problèmes de frame-rate : comprenez, le jeu possédait de gros soucis de latence. Les développeurs ont mis les bouchées doubles pour régler ces soucis et arriver à un 30 fps constant. La fameuse séquence présentée à l’E3 2009 (l’excellent passage de poursuite avec l’hélico qui a calmé tout le monde) a été peaufinée à mort avant la présentation : une mauvaise direction de caméra aurait été catastrophique pour la démo. Même si le jeu a réussi à être terminé dans les temps, l’équipe n’a pas pu ajouter tout ce qui était prévu en postproduction (effets de particules…), même si ce n’est pas franchement visible sur le produit final. Uncharted 2 Among Theives sort en octobre 2009 sur PS3 et laisse le monde vidéoludique complètement sur les fesses.
Ça raconte quoi ?
Quelques années après la première aventure, Nathan Drake retrouve Finn, une vieille connaissance qui l’embarque dans le vol d’une pièce de musée à Istanbul, ce qui pourrait les mener sur la piste d’un légendaire trésor convoité par Marco Polo lui-même. Ils sont aidés par Chloé, une fine équipière qui connaît déjà Drake et entretient une relation un peu plus intime que de simples camarades de fortune. Mais arrivé dans le musée, Finn trahit Drake et récupère la carte du trésor pour s’associer à un criminel de guerre nommé Lazarevitch. Nathan finit dans une prison turque. Sully fait jouer ses relations pour le libérer et après un court passage à Bornéo, Drake arrive au Népal à la recherche de la fabuleuse cité de Shangri-La, cachée dans le pays. La ville est attaquée par les forces de Lazarevitch, mais Nate peut compter sur l’aide de Chloé ainsi que d’Elena, en plein reportage de guerre, mais légèrement désappointée suite à une relation entre les deux qui s’est mal terminée…
Pourquoi ça vaut le coup ?
Après un premier épisode en demi-teinte, Naughty Dog décide de se retrousser les manches et monte d’un bon cran à tous les niveaux. Uncharted 2 brille de mille feux techniquement parlant, proposant à l’époque des graphismes ahurissants, et s’en sort même encore très bien grâce à l’édition Drake Collection sorti sur PS4. La première vidéo où Drake doit sortir d’un train suspendu dans le vide, qui fait office d’introduction, a laissé tout le monde sur le carreau lors de sa première présentation, proposant un rendu jamais vu pour du in-game. Rebelote avec la fabuleuse course-poursuite sur les toits népalais et cet hélico fou balançant la sauce à tout va. Uncharted 2 explose tous les compteurs par rapport au premier volet du point de vue graphique.
Mais c’est surtout par la mise en scène et la variété des contextes qu’il impressionne. Là où le premier opus se contentait d’un cadre qu’il répétait à l’infini (en réussissant néanmoins à se diversifier sur la seconde moitié), le deuxième volet multiplie les situations extrêmes en ne laissant aucun répit au joueur. Je parlais plus haut de la poursuite de l’hélico, mais on n’oubliera pas tout le niveau sur le train, incroyable de tension et de fun, la poursuite au bord d’une falaise parmi un convoi de véhicules, le jeu de cache-cache avec un tank dans un village reculé ou encore la découverte de la fameuse cité vers la dernière partie du jeu. Tout est fait pour dépayser le joueur au maximum et à l’extrême (trop pour les détracteurs) et on a tout simplement l’impression de vivre un véritable film d’aventures, sans pour autant laisser le joueur regarder des cinématiques. Les séquences scriptées sont presque transparentes, et un saut entre deux immeubles en apparence facile a surtout la prétention de confirmer la réputation de sale poissard à Drake. Le fameux « no no no !! » qu’on lui attribue n’est décidément pas usurpé, mais c’est ce qui fait le charme du personnage.
Et c’est aussi pour ça qu’on aime la série. Au-delà de tous les jeux d’action-aventure du genre avec des héros communs et remplaçables, Uncharted, c’est avant tout des personnages hauts en couleur, des caractères et des personnalités pour lesquels on se prend littéralement d’affection. Nate, Elena, Sully, Chloé, tous ces visages sont gravés dans l’esprit des joueurs et les dialogues bien pensés par leur naturel et leur désinvolture finissent d’achever ce panel de film d’aventures. Lorsque Chloé rencontre Elena pour la première fois, celle-ci balance un petit « Salut, je suis le modèle de l’année dernière ». Une petite pique parmi tant d’autres, qui prouve à quel point les personnages sont bien écrits, et que les femmes ne sont pas de simples faire-valoir. Mais on commence doucement à percevoir le leitmotiv de la saga, à savoir jusqu’où Drake ira-t-il pour assouvir sa soif de trésor et de découverte, aussi bon soit-il ?
C’est Chloé qui viendra à plusieurs reprises le raisonner sur ses agissements et sur la propension de Drake à vouloir sauver tout le monde. Moins abouti que dans le troisième volet, Nate a une capacité à aller au devant des ennuis sans jamais se soucier des conséquences, mais en veillant constamment à ne laisser mourir personne. La licence a toujours poussé en avant les différences de caractères des personnages pour confronter Drake à ses erreurs. Et même si cet aspect est littéralement noyé par le caractère spectaculaire des aventures, on notera une volonté de donner du corps au héros et de ne pas en faire un simple aventurier.
Pour ce qui est du gameplay, on est en terrain connu et c’est la partie qui a le moins changé par rapport à son grand frère. On notera néanmoins une infiltration plus poussée (il est possible d’éliminer pratiquement tous les ennemis d’une arène), mais un peu aléatoire puisque sans véritables éléments pour savoir si on est repéré ou non, couplée à une IA des ennemis qui peuvent être tantôt cons comme des couteaux à beurre, tantôt aussi sensibles qu’un chien de garde. On trouve aussi un système de corps à corps plus riche, la possibilité de lancer des bonbonnes de gaz avant de tirer dessus et surtout des types d’ennemis qu’on apprend très vite à différencier pour les aborder différemment. Les énigmes quant à elles sont revues à la hausse et promettent aussi de chouettes points de vue dans les temples, n’hésitant pas à user de la culture népalaise et asiatique pour proposer de somptueux décors, où la grimpette, largement mise en avant dans cet épisode, servira à atteindre des endroits insoupçonnés.
Mais le jeu n’est pas sans défaut. On pestera facilement contre un boss final très peu inspiré et vite lourdingue, mais on constatera aussi des sautes d’animations pour Drake qui fera toujours des mouvements peu réalistes pour compenser les situations WTF auxquels il est confronté. Drake est un surhomme, comme beaucoup d’autres personnages, mais aucune aptitude particulière (il n’a pas fait l’armée, n’a pas subi d’entraînement particulier) ne justifie le fait qu’il arrive à décimer une armée à lui tout seul tout en grimpant des bâtiments aussi facilement. Qu’à cela ne tienne, on s’en fiche. Uncharted est simplement là pour nous divertir en racontant une histoire passionnante à suivre. Elle n’est pas forcément aussi bien écrite qu’un Last of Us, mais elle est suffisamment accrocheuse pour remplir parfaitement son rôle, et c’est tout ce qu’on lui demande.
Uncharted 2 Among Thieves marque un tournant dans la saga. C’est l’épisode qui a clairement défini ses codes et les a sublimés, en y rajoutant tout ce qui lui manquait dans sa première mouture. Il faudra faire fi des considérations purement réalistes pour juste se plonger dans une aventure parfaitement rôdée, avec des personnages hautement sympathiques et une mise en scène au diapason. Un vrai plaisir de joueur, un pur moment d’aventure avec un grand A, qui dépayse totalement par sa légèreté et sa maîtrise à tous les niveaux. Tout simplement un must-have.
Uncharted 2 Among Thieves
Développeur : Naughty Dog
Éditeur : Sony
Disponible sur PS3 et PS4 (dans l’édition Nathan Drake Collection)
UNCHARTED 2: Among Thieves Trailer par harleymiller3zq