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Replay sur… Uncharted 3 Drake’s Deception

Replay sur… Uncharted 3 Drake’s Deception

Florian Falcucci mai 11, 2016 GAMES

Pour fêter la sortie du quatrième opus des aventures de Nathan Drake, quoi de plus normal qu’une série d’articles durant toute la semaine pour revenir sur la franchise Uncharted et ce qu’elle a apporté, en attendant de savoir si cet ultime épisode parvient à conclure brillamment une licence qui aura marqué toute une génération.

C’est fait par qui ?

Naughty Dog, toujours au taquet, enchaîne avec ce troisième volet après un succès critique incontestable sur le deuxième opus, tandis que les ventes ne sont pas non plus faramineuses (on est loin des gros cartons comme Call of Duty). Et malgré l’expérience accumulée sur les deux premiers épisodes, le chantier sur ce troisième jeu ne sera pas non plus de tout repos, puisque le développement s’est étalé sur seulement deux ans. Le prétexte de réutiliser les assets des anciens jeux n’a pas franchement tenu, si on prend en compte la variété des décors de cet Uncharted 3. Les dernières semaines ont été compliquées pour l’équipe des développeurs, et l’ultime ligne droite a donné quelques sueurs froides avec la découverte de bugs de dernière minute comme des plantages sur des anciennes PS3.

La communication a été un peu trop extrême sur ce volet et a servi de leçon pour Naughty Dog sur leurs productions suivantes. Le studio n’a pas hésité lors des présentations publiques à dévoiler bon nombre de séquences fortes (le château français en flammes, le crash de l’avion…), peut-être dans un souci de s’assurer un maximum de ventes, mais privant les joueurs assidus d’une grosse partie des surprises du titre. Reste que l’ambition de cet épisode est encore plus dingue que dans le second opus. Le niveau sur le bateau de croisière a été géré de manière aussi folle que le train d’Uncharted 2, puisque les développeurs ont véritablement créé un système dynamique de vagues en laissant le moteur physique gérer les conséquences sur le bateau avec les animations des personnages et les objets qui bougent en temps réel. Uncharted 3 Drake’s Deception sort en novembre 2011, toujours sur PS3.

Ça raconte quoi ?

Uncharted 3 fait un bond de quelques années et raconte l’épopée de Nathan à la poursuite de son ancêtre, Sir Francis Drake, lorsqu’il avait été envoyé par la reine d’Angleterre à la recherche de la cité perdue d’Iram. Mais pour ça, il doit récupérer un artefact détenu par Katerine Marlow, une femme ambitieuse qui veut elle aussi retrouver cette cité en s’emparant du fameux anneau de Drake, la clé menant à la cité. Nathan va devoir passer par la France, Londres, la Syrie et le Yémen accompagné de Sully, Elena, Chloé et Cutter pour trouver les indices qui le mèneront à l’endroit où se trouve la cité et devancer les hommes de Marlow.

Pourquoi ça vaut le coup ?

Uncharted 3 : L’Illusion de Drake (en français) est le dernier épisode de la saga sur PS3, avant le coup de grâce nommé Last of Us. On commence déjà à sentir poindre la volonté du studio de s’orienter sur des histoires plus matures. On ne va pas aller jusqu’à dire que cette troisième aventure de Drake est maintenant dans la dynamique « dark » qui sévit sur plusieurs franchises tous supports confondus, puisque Uncharted 3 reste fidèle à ce qu’il est : magnifique, entraînant, fun et difficile à arrêter une fois manette en main. Mais l’histoire poursuit ce qu’elle a engagé concernant le personnage de Nathan : une fois de plus, il va traverser le monde à la recherche d’un trésor légendaire, de plus en plus sur le fil du rasoir en ce qui concerne les risques encourus. Comme si l’extravagance des situations était proportionnelle à la folie de Drake, ses camarades n’hésiteront pas, cette fois-ci, à lui en faire la remarque, d’autant plus qu’un autre personnage est mis en lumière, Victor Sullivan.

À travers un superbe passage qui explore l’adolescence de Drake, Naughty Dog choisit de conter la rencontre entre Nate et Sully à Carthagène, alors que le héros n’est qu’un orphelin qui vit sa vie comme il l’entend mais est déjà passionné par son ancêtre Drake. La question va d’ailleurs être posée brièvement, mais sans aller plus loin : quel lien a-t-il véritablement avec sir Francis Drake ? On aura peut-être la réponse dans le quatrième opus. Toujours est-il que la rencontre de ces deux personnages (et accessoirement l’introduction de la vilaine Marlow) va permettre d’installer un passif entre l’aventurier et son mentor, Sully, jouant le rôle (on s’en doutait légèrement depuis deux épisodes) de père spirituel. Et ce troisième opus ira pointer du doigt le fait que Drake n’a pas conscience des dangers auxquels sont exposés ses amis à cause des risques insensés qu’il prend, tout ça en raison de sa fièvre aventurière. Certes, on dénombrera des faiblesses scénaristiques dans son déroulement, dues à d’énormes trous injustifiés entre les niveaux, mais on sent malgré tout l’essence de l’histoire.

C’est à travers quelques scènes en apparence anodines que ces choses se créent, sous-jacentes, mais jamais totalement exploitées par le jeu, mis à part les derniers chapitres (peut-être que Sony ne voulait pas encore à l’époque d’une histoire sombre à la Last of Us). Comme par exemple, après avoir échappé de justesse à l’explosion du château français et failli se faire bouffer par des centaines d’araignées, Nate est déjà en route pour la suite de l’aventure alors que Sully lui demande un court instant pour se poser, signifiant leur différence d’âge. Drake est comme le joueur, pressé d’aller toujours à la destination suivante, à la prochaine sensation forte. Son entourage est constamment là pour le modérer, mais la fraîcheur de Nate et son attachement fait que malgré les mises en garde, ils seront toujours derrière lui. La relation père-fils de ces deux personnages est d’ailleurs soulignée par les passages du jeu, où on sent très fortement l’inspiration de Indiana Jones et la dernière croisade : le flash-back du héros enfant, les aventures avec un modèle paternel, la cavalcade à cheval en plein milieu du désert avec attaque de convoi en bonus pour sauver Sully. On passera également sur la quête du héros pour trouver des tombeaux de chevaliers, et on se posera la question de savoir si l’hommage ici ne tourne pas à la repompe pure et simple.

Mis à part ces quelques améliorations scénaristiques notables mais qui ne changent pas véritablement la formule, Uncharted 3 remplit, comme son prédécesseur, parfaitement son contrat. Il aura déçu par contre beaucoup de joueurs, d’abord à cause de sa communication excessive, ruinant pas mal de surprises du jeu, mais aussi par, il est vrai, un rythme plus haché que le second opus, qui avait réussi un petit miracle à ce niveau. Comme dit plus haut, la narration est moins maîtrisée : la multiplication des destinations fait qu’on se retrouve face à un rythme plus haché et des trous gigantesques dans l’histoire qui le rendent moins solide que le second opus. Il est ironique de noter que les meilleurs niveaux du jeu (ceux dans la mer près du Yémen avec les pirates) sont ceux qui ne font avancer aucunement l’histoire. Uncharted 3 possède des séquences plus lourdingues et longues que par le passé. Je pense notamment au passage en Syrie, très loin d’être le meilleur moment de la saga, à coups de fusillades interminables sans aucun moment de grâce véritable, ou encore le village du désert qui n’offre finalement que des joutes armées après une longue marche dans le désert qui est pourtant une bonne idée.

Mais il faut aussi reconnaître l’affinage du gameplay qui propose quelque chose de solide, pour ceux qui adhèrent. Le système de combat au corps à corps a acquis quelques améliorations bienvenues, histoire de pouvoir affronter plusieurs ennemis à la fois, et la mise en scène est encore plus fluide et spectaculaire qu’auparavant. La gestion de la caméra sur cet épisode en termes de mise en scène est l’une des plus impressionnantes que j’ai pu voir. Il suffit de jeter un coup d’œil à la fameuse séquence de l’avion, qui file toujours autant de frissons ou la course-poursuite dans une ville du Yémen, qui n’a pas à rougir face à celles que l’on voit dans certains films.

Graphiquement, là encore le jeu met une petite baffe aller-retour. Il multiplie les décors et les situations et se permet de réussir son coup à chaque fois. Sur un océan déchaîné parmi les bateaux de pirates, en plein milieu du désert avec ces somptueuses couleurs orangées, dans un magnifique château en ruines en plein milieu d’une jungle absolument introuvable en France ou encore à cheval dans des montagnes rocailleuses, tout le jeu est un dépaysement total et c’est un plaisir non dissimulé que de déambuler au milieu de tous ces panoramas fantastiques. L’appel de l’aventure est encore une fois bien présent, et il est difficile de résister. Si ce troisième opus aura un peu déçu les joueurs en raison de défauts bien présents sur la progression de l’histoire notamment, il serait regrettable de s’en passer tant il conjugue toutes les qualités de la licence avec un sentiment de voyage assez dingue. L’histoire est toujours aussi passionnante et, même si le rythme de l’aventure est plus en dents de scie que le second volet, Uncharted 3 n’a pas à rougir et a toute sa place parmi les meilleurs jeux de la console.