Replay sur… Uncharted Drake’s Fortune

Replay sur… Uncharted Drake’s Fortune

Pour fêter la sortie du quatrième opus des aventures de Nathan Drake, quoi de plus normal qu’une série d’articles durant toute la semaine pour revenir sur la franchise Uncharted et ce qu’elle a apporté, en attendant de savoir si cet ultime épisode parvient à conclure brillamment une licence qui aura marqué toute une génération.

UNDC_SCREENS01C’est fait par qui ?

Naughty Dog est à l’époque de la sortie du premier Uncharted un studio qui a déjà largement fait ses preuves dans les exclusivités Sony. La fameuse trilogie Crash Bandicoot sur PSONE les positionne comme un studio à suivre, et la saga Jak and Daxter sur PS2 achève de les amener au panthéon des plus grands. Mais sur Playstation 3, Naughty Dog cherche encore une fois à partir sur d’autres terrains inexplorés (en tout cas pour eux), et sur Uncharted, celui du jeu d’action à la troisième personne.

Au terme de réunions que l’on imagine longues et fastidieuses, Nathan Drake est né et sera le héros de cette nouvelle aventure pour la récente console de Sony, la PS3. Parmi les têtes pensantes, Amy Hennig, qui est déjà célèbre pour avoir été à la tête de Soul Reaver et Legacy of Kain (excusez du peu), sera directrice créative sur le projet Uncharted après avoir déjà officié sur la série des Jak and Daxter. Le but du projet était de créer une aventure très narrative, basée sur la possibilité de n’avoir aucun temps de chargement et emmener le joueur à suivre l’histoire sans couper l’action. Naughty Dog en profite aussi pour s’essayer à la technologie de la capture de mouvement pour que des acteurs puissent littéralement incarner les personnages. Pour que ça marche, ils ont choisi de créer des personnages artistiquement simples et crédibles (comprenez : qui ne sont pas bardés d’un attirail ou d’objets dans tous les sens) afin que la performance de l’acteur soit le mieux mis en avant.

Le projet démarre en 2004 et demande une année de préproduction et deux années de production. Le titre utilise plusieurs moteurs de rendus, comme sur leurs autres projets, afin de gérer différemment les éléments techniques du jeu, comme l’eau par exemple. Le titre est présenté à l’E3 2006, et sort sur PS3 en 2007.

unc1Ça raconte quoi ?

Uncharted: Drake’s Fortune narre les aventures de Nathan Drake, jeune chasseur de trésors un poil impétueux parti sur les traces de son ancêtre, le corsaire sir Francis Drake. Après avoir réussi à trouver le carnet du pirate avec l’aide d’Elena, une journaliste qui le suit pour réaliser une émission télévisée, il part en Amazonie avec son mentor Victor « Sully » Sullivan pour poursuivre la piste, puis se retrouve sur une île perdue dans le Pacifique à la recherche d’El Dorado. Évidemment, des méchants mercenaires seront eux aussi à la recherche du trésor et viendront mettre quelques embûches sur le chemin de Nate…

Uncharted-Drakes-fortune-1Pourquoi ça vaut le coup ?

Uncharted: Drake’s Fortune fait partie de la première vague de jeux d’action-aventure avec un système de couverture. C’est Gears of War qui a démocratisé cette façon de jouer, et qui a permis à une frange de jeux du même genre de débarquer sur nos machines avec à la clé du cover system à toutes les sauces (pour se cacher et éviter les tirs ennemis), de l’agencement en arènes sur le level design et un recover system pour la vie du personnage (à savoir : on attend et la vie se régénère). Ce premier Uncharted récupère tous ces éléments, mais les mélange avec une touche d’exotisme tout en se concentrant sur l’histoire. C’est un véritable appel à l’aventure, presque une adaptation ludique de la saga Indiana Jones, sans les nazis (ou presque). Le jeu bénéficie d’un gameplay très simple et surtout classique aujourd’hui : le joueur arrive dans une zone et doit dézinguer tous les ennemis présents, puis enchaîner une séquence de plate-forme et de grimpette. On ajoute à cela quelques petites touches d’énigmes (très très légères, hein) et on obtient un cocktail de jeu d’aventure moderne.

ps3_uncharted_57Ce premier opus est malgré tout le moins bon de la saga. A contrario de Jak and Daxter ou Crash Bandicoot qui affichait clairement les bonnes ambitions dès le premier épisode, Uncharted bute sur la partie gameplay, bénéficiant d’un premier tiers assez lourdingue, il faut le reconnaître. La courte partie en Amazonie avec Sully au début est sympathique car mélangeant les situations et les contextes rafraîchissants (le joueur est accompagné de Sully qui n’hésite pas à balancer des punchlines, le passage dans le temple puis dans le sous-marin sont fort sympathiques), mais arrivé sur l’île du Pacifique, la suite est plombée par une systématisation des phases de jeu. On alterne sans grand génie les gunfights et la plate-forme, en éliminant tout ce qui passe. Toute la partie du contrefort n’est pas spécialement désagréable, grâce à un gameplay léger et la capacité du personnage à se mouvoir assez facilement, mais au quarantième mercenaire tombé sous nos balles, on commence gentiment à s’ennuyer. Et les trophées débloqués qui font simplement le décompte des headshots ou des morts sous une arme spécifique ne sont pas là pour rassurer.

uncharted-drake-s-4e266418f288aHeureusement, le jeu décolle enfin lorsque Nate retrouve Elena et enchaîne les situations plus variés, notamment grâce à des passages plus originaux et des décors qui peuvent même surprendre. On pense au petit passage en jet-ski et la remontée de la rivière, qui fait d’ailleurs penser à du Crash Bandicoot avec ces barils explosifs qu’il faut exploser (le seul moment où on dirigera un autre personnage que Drake d’ailleurs, puisque c’est Elena qui tire sur les barils). Il y a aussi ces tombeaux oubliés avec divers mécanismes dans tous les sens, le passage en jeep toujours aussi spectaculaire ou encore le bunker nazi et ses touches de fantastiques. C’est dans ces moments qu’Uncharted montre de quoi il est capable et ce qu’il donnera dans les épisodes suivants. Le trio formé par Drake, Elena et Sully est immédiatement attachant, mais Naughty Dog laissera Drake la plupart du temps en solitaire, ce qui rend la progression bien trop classique, contrairement aux opus suivants où le héros sera presque toujours accompagné, permettant des dialogues in-game qui désamorce le classicisme du gameplay.

maxresdefaultLa version Remastered du premier opus est celui qui bénéficie le plus des améliorations techniques. Le gap entre les deux premiers opus est tellement énorme qu’il apparaît comme presque transfiguré, sans pour autant enlever le petit coup de vieux quand on le découvre la première fois. Mais le jeu possède déjà l’envie de plonger le joueur au cœur de l’histoire : effectivement, aucun chargement visible n’est à déplorer, si ce n’est pour lancer le jeu (et si on ne passe pas les cinématiques), et il faut reconnaître que Nathan est vraiment attachant tandis que les autres personnages comme Elena et Sully ne sont pas en reste. Ça passe par un travail exemplaire en doublage (même en VF) mais aussi par l’écriture qui, si elle est volontairement caricaturale dans de nombreux moments, fait que le héros apparaît très vite comme étant sympathique, notamment par ses petites piques, ses réflexions qui le rendent humain. Nate n’est pas un super-héros (même si on en vient à en douter quand on fait le décompte de ses victimes…), il est débrouillard, plutôt malin et tombe toujours sur les pires endroits pour s’attirer des ennuis. Il n’a pas ce côté prétentieux, n’a pas l’âme d’un leader, il est juste concentré sur son objectif. Évidemment, ce premier opus est surtout là pour poser les bases, mais malgré leurs designs assez lambda (qui s’améliorera par la suite), Drake et ses potes font partie de ces personnages qu’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs aventures.

uncharted_drake_fortune_screen_014On notera déjà le soin particulier attribué à la mise en scène (qui sera bien meilleure à partir du second opus) qui se veut purement cinématographique, et même musicalement, avec des thèmes symphoniques très reconnaissables. On sent que Naughty Dog profite surtout du genre de l’action-aventure pour proposer une aventure digne des plus grosses productions hollywoodiennes. Et si ce premier opus apparaît comme un simple coup d’essai pour tester les technologies et avoir le retour des joueurs, le reste de la licence permettra enfin au studio d’avoir les ressources nécessaires à la hauteur de leurs ambitions. Uncharted: Drake’s Fortune est clairement celui qui a le moins bien vieilli, notamment à cause d’un début de jeu très poussif, mais qui s’améliore et mûrit vraiment au fil du jeu, ce qui est assez rare pour le souligner. Il reste un bon titre, en-dessous des autres, mais qui pose des bases solides et qui permet de lancer Naughty Dog sur des choses nettement plus concrètes et ambitieuses pour la suite, notamment en termes de storytelling.

Uncharted Drake’s Fortune

Développeur : Naughty Dog
Éditeur : Sony
Disponible sur PS3 et PS4 (dans l’édition Drake Collection)


Uncharted Drake’s Fortune – Trailer 3 – PS3 par Playscope

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