Massacre à la tronçonneuse : le 40ème anniversaire au Grand Rex !
Revoir le mythique Massacre à la tronçonneuse en copie neuve, en présence de Tobe Hooper, lors d’une soirée événement au Grand Rex était la mission des Glimmer Twins. Les hommes du Daily Mars ont survecu à la boucherie. Et, de retour de l’abattoir, font le compte-rendu gonzo de cette nuit agitée…
Tout avait commencé chez Mamie Burger, en face du Max Linder, célèbre cinéma parisien. Plissken avalait goulûment une viande de bœuf d’Aubrac – saignant le steak ! – accompagné de tomates confites, fromage fondu et oignons caramélisés. “Et toi Mika, (scrunch, scrunch !), tu l’as vu combien de fois Massacre à la tronçonneuse ?ˮ. Conversation de geeks typique.
Well, ma première vision du film, je m’en souviens très bien, c’était en VHS dans les années 1980, dans la légendaire collection « Les films que vous ne verrez jamais à la télévision ! », éditée par René Chateau – VHS que j’ai usé d’ailleurs à force de passage dans mon magnétoscope Hitachi. À l’époque, le film était toujours réservé par les clients de mon vidéo-club. Impossible de mettre la main dessus ! Un jour, j’ai réussi à le louer et le choc a été énorme. Je l’ai revu par la suite sur Canal. Racheté en DVD au début des années 2000 dans l’édition pourrave de Studiocanal. Puis revu encore à l’occasion de la soirée du 40e anniversaire du magazine Mad Movies au Gaumont Opéra (dans une copie pisseuse en VF, l’horreur !). Bref, le Tobe Hooper, je l’ai bien disséqué une vingtaine de fois.
La façade du Grand Rex annonciatrice du festin à venir. Photo : David Mikanowski / Daily Mars.
Mais ce mardi 29 octobre de l’an de grâce 14, Plissken et Mikano allaient vivre une nuit de cauchemar et voir Massacre à la tronçonneuse comme ils ne l’avaient jamais vu ! Le tout au Grand Rex, l’un des derniers temples du cinéma de par son architecture, où 2 500 fans sont venus hurler de terreur devant la famille Tronçonneuse. Les fauteuils rouge sang se remplissaient à vitesse grand V et l’ambiance bon enfant dans la salle rappelait les grandes heures du Festival du Film Fantastique du Rex.
Certains avaient déjà assisté à l’événement en mai dernier à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs : à l’occasion du quarantième anniversaire de ce totem 70’s, Tobe Hooper avait restauré en 4K le film (tourné en 16 mm avec l’argent de la mafia, la société Bryanston Pictures), revu l’étalonnage couleur et remixé l’hallucinante bande-son en 5.1. A priori, le résultat faisait très très mal…
Le petit badge qui faisait partie des goodies. Photo : David Mikanowski.
Dans le hall, près des caisses, on croise une bimbo en short moulant qui pousse des cris d’orfraie. Elle est poursuivie par un Leatherface et sa « tronchonneuse » en carton-pâte (ces figurants sont payés pour créer de l’animation durant la soirée). On nous offre aussi des goodies (dont un superbe badge à l’effigie du film). Tiens, Gaspar Noé est là. Coralie Trinh Thi et Katsuni aussi ! On prend place. Xavier Gens, le réalisateur de Frontière(s), une série B très inspirée par l’atmosphère de Massacre, passe devant nous. Des bandes-annonces grindhouse défilent sur l’écran géant. Notamment celle de La nuit des morts vivants de George A. Romero, qui aurait donné à Hooper l’envie de se lancer lui aussi dans l’aventure d’un film d’horreur à petit budget.
Puis le maître de cérémonie, Yann de Panic ! Cinéma, arrive sur scène et s’empare du micro. Il demande à tous ceux qui n’ont jamais vu Massacre… de lever la main. Contre toute attente, des centaines de bras se lèvent dans la salle – c’est fou, de nombreux kids vont découvrir pour la première fois, ce soir, ce classique de l’horreur, qui a fait trembler des générations entières de spectateurs, dans des conditions optimales ! Petits veinards.
Are You Not Entertained ? Photo : David Mikanowski / Daily Mars.
On embraille avec la projection d’un court métrage assez dispensable, Game (2013) de Josh MacDonald, dont le montage a été assuré par le réalisateur canadien de Hobo with a Shotgun, Jason Eisener. Mal filmé, ce film de huit minutes montre une femme apeurée et poursuivie dans les bois par un taré armé d’une tronçonneuse et ses potes mongolos. Le film repose sur un twist sans intérêt et un humour bourrin. On oblitère ce truc de nos mémoires sur-le-champ.
REQUIEM POUR UN MASSACRE
Tobe Hooper en chair et… surtout en chair. (Crédit : John Plissken / Daily Mars).
Vers 21h00, le Texan Tobe Hooper débarque enfin dans la salle, sous une salve d’applaudissements. Toujours barbu, mais désormais ventru, le septuagénaire est interviewé par Yann sur la restauration épique du film. Le cinéaste est venu aussi avec une surprise. Une copie 35 mm d’un court métrage qu’il a réalisé à 19 ans, en 1965, The Heisters. Tourné en Techniscope Technicolor, cet hommage aux adaptations d’Edgar Allan Poe par Roger Corman est charmant. C’est un vrai film gothique, se déroulant dans une grotte, avec chandeliers et toiles d’araignées. C’est surtout une œuvre cartoonesque (Hooper est fan de Tom et Jerry !) qui s’achève avec humour sur une gigantesque bataille de tartes à la crème.
Parmi les autres réjouissances de la soirée, on découvre un extrait des bonus de la future édition de Massacre… qui paraîtra le 3 décembre prochain chez TF1 vidéo en DVD, Blu-ray, édition collector et VOD. On y voit un jeune Michel Drucker en train d’animer, en 1976, l’émission familiale Les rendez-vous du dimanche sur TF1 en direct du Festival International du Film Fantastique d’Avoriaz. Il a comme invité sur son plateau l’actrice Leslie Caron, membre du jury, qui fait part de son dégoût devant « ce film bestial et proprement dégueulasse ». Cette archive rare de l’INA provoquera les fous rires, mais aussi les huées du public, dans la salle !
21h30. On passe aux choses sérieuses. Tobe Hooper fait ses adieux et le film démarre enfin. C’est… Comment dire ? Comment décrire le réveil de l’Etna ? Un tremblement de terre ? L’incendie de San Francisco ? La chute de l’Atlantide ? Tout ça, mais sur le mode Black & Decker.
Massacre à la tronçonneuse est toujours ce film matriciel du cinéma d’horreur. Une expérience limite et insoutenable. Un concentré de terreur et de grotesque d’une puissance phénoménale. Il y a dans cette œuvre glauque et dérangeante, organique et viscérale, tout ce que l’on aime, a aimé, aimera dans le cinéma de genre. Massacre, c’est la Chapelle Sixtine de l’horreur. Le film n’a rien perdu de sa force. Il est toujours aussi brutal. Et atteint un dégré d’hystérie rarement égalé. « Who Will Survive and What Will Be Left of Them ? » disait l’affiche américaine. C’est exactement ça. Un « ride » infernal de 84 minutes, dégraissé au maximum. The Real Thing !
Tobe Hooper, venu présenter le film. Photo : David Mikanowski / Daily Mars.
Rendons aussi hommage à la regrettée Marilyn Burns, disparue en août dernier, dans la peau de la screaming queen ultime. Elle reste la sirène hurlante la plus efficace de l’histoire du cinéma. Ses cris résonneront longtemps encore dans nos mémoires.
The Texas Chainsaw Massacre ressortira donc dans les salles en DCP numérique le 29 octobre prochain, grâce à l’initiative du distributeur Carlotta Films, avec cette restauration inédite 4K supervisée par Hooper lui-même (elle a nécessité cinq mois de travail). Ce nouveau scan d’après l’élément original 16 mm inversible est proprement stupéfiant. On a l’impression de redécouvrir le film comme au premier jour.
Le Daily Mars reviendra prochainement en détail sur l’édition vidéo attendue pour les fêtes, en passant en revue tous les aspects techniques (transfert image, remixage 5.1 et 7.1) mais aussi les nombreux bonus de ce coffret collector. Viva Hooper !
Massacre à la tronçonneuse : soirée événement… par carlottafilms
Film de Tobe Hooper (USA, 1974). 1h24. Avec Marilyn Burns, Gunnar Hansen, Edwin Neal. Sortie le 29 octobre.
Tous nos remerciements à Aude Dobuzinskis et Lucie Mottier de Dark Star. Mais aussi à toute l’équipe de Carlotta Films.
