
Review: Le Monde fantastique d’Oz par le Magicien Sam Raimi
Le Monde fantastique d’Oz -le bien nommé- réjouit la pupille des grands enfants que nous sommes et prouve, s’il en était besoin, la maestria de son réalisateur Sam Raimi qui réussit le pari du respect de l’œuvre inspiratrice, tout en déployant son propre style inimitable et génial.
Synopsis officiel:
Lorsque Oscar Diggs (James Franco), un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Theodora (Mila Kunis), Evanora (Rachel Weisz) et Glinda (Michelle Williams) semblent réellement douter de ses compétences…
Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route ?
S’attaquer au conte mythique du Magicien d’Oz s’avère une gageure : Sidney Lumet, pas manchot comme réalisateur, a tenté l’expérience avec The Wiz (souvenez vous, Michael Jackson en épouvantail) et se prit une brique jaune en pleine poire et un four au box office. Malgré son CV fort respectable (3 Oscars techniques dans sa carrière, pour Apocalypse Now et Le Patient anglais, pas un charlot, hein) Walter Murch s’attaqua à la suite du légendaire film de Victor Flemming en 1986 avec Return to Oz et, paf, deuxième brique jaune, le film était trop sombre et effrayant pour les enfants. La troisième brique jaune est sur la rampe de lancement, qui va la prendre ? Assurément pas Sam Raimi.
Sa plongée dans Le Monde fantastique d’Oz force la considération tant le réalisateur respecte le matériel original et les contraintes inhérentes aux productions Disney tout en préservant son propre style et ses influences. Comme dans Le Magicien d’Oz, le monde réel est filmé dans un superbe noir et blanc auquel Raimi ajoute une touche surprenante en emprisonnant son image dans un format 4/3 avec deux larges bandes noires sur les côtés (1 :33 pour les spécialistes). Enfant de la télé et fan des Three Stooges, je ne peux m’empêcher d’y voir un hommage à Curly, Larry et Moe (In three little twirps ?), le burlesque de la fuite du magicien confirmant cette impression. Ajoutez la scène cartoonesque de la nacelle transpercée dans la tempête, pas de doute, c’est du Sam Raimi pur jus !
« Ok, mais j’vais pas au ciné pour regarder la télé ! »
Comme tu es impétueux, m’ami(e), la séquestration graphique est transitoire et donne lieu à des échappées, hors cadre, d’éléments du film du plus bel effet avec une 3D enfin bien employée (la scène de la tornade est formidable). Lorsque nous arrivons dans le monde d’Oz, préparez vos rétines, ça va trancher. Le Cinémascope apparait progressivement comme nos yeux s’ouvrent, ébahis devant les couleurs chatoyantes de ce monde fantastique. Chapeau, les matte-painters. Le reste de la visite de ce monde réserve de nombreuses similitudes avec l’œuvre inspiratrice dont je ne déflorerais pas la liste, à toi de jouer.
« C’est beau, on l’a compris mais le scénario tient la route (de brique jaune, ah ah ah) ? »
Décidément, tu es chafouin(e). C’est sur ce point que ton serviteur émettra de légères réserves. Le film est clairement destiné aux enfants (petits ou grands) et le déroulement de l’histoire parait quelques peu linéaire. Point de réels rebondissements, cependant la narration nous promène agréablement en compagnie d’acteurs impeccables. James Franco, fantastique, assure le spectacle en cabotinant juste ce qu’il faut et Zach Braff (J.D. !!!!, hum, pardon) excelle en assistant du magicien et en singe volant…
« Des singes volants, une fille en porcelaine, des sorcières, oh mon dieu !»
On est au pays d’Oz ! Certains personnages du « monde réel » se retrouvent ici sous des formes différentes (rappelez vous, Zeke, Hunk et Hickory étaient le lion, l’épouvantail et l’homme de fer). Ainsi Zach Braff, d’abord assistant du magicien, double avec brio le singe Finley, (V.O OBLIGATOIRE !) et Joey King, jeune paralytique, devient l’émouvante poupée de porcelaine aux jambes cassées. Une réussite indéniable de casting. Et nos trois sorcières ? Mila Kunis, Rachel Weisz et Michelle Williams –j’en connais plus d’un qui irait bien faire un tour à Oz, moi le premier – elles assurent leurs rôles sans forcer leur talent, mais mention spéciale à Michelle Williams et son sourire mutin.
« Et je suppose qu’on mange du CGI pendant tout le film »
Evidemment, recréer complètement un monde demande des effets visuels mais nombre de décors ont été recréés en studio et tu n’auras pas l’impression de voir des acteurs jouer devant des écrans verts…enfin…la plupart du temps. Toutes réserves sont bien vite effacées par la réalisation de Sam Raimi, entre sobriété et acrobatie, qui s’est entouré de ses techniciens et artistes de talent (Peter Deming à la Photo, Danny Elfman pour le score…). C’est aussi ça la Raimi’s touch, la fidélité à ses compagnons. Cerise sur le gâteau du fan, quelques clins d’œil à Evil Dead, ses deadites et la présence de Bruce Campbell au générique… Tu l’auras compris,une belle réussite par le vrai Magicien d’Oz : Sam Raimi.
EN RESUME : Là où Tim Burton s’est fourvoyé avec Alice aux pays des merveilles, Sam Raimi rend une copie quasi parfaite avec Le Monde Fantastique d’Oz qui contentera les enfants, les cinéphiles et les fans du réalisateur. Gros coup de cœur. En joie.
Le Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi, avec James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz, Michelle Williams, Zach Braff, Joey King…Au cinéma le 13 Mars 2013
https://www.disney.fr/disney-films/le-monde-fantastique-d-oz/index.jsp
https://www.facebook.com/WaltDisneyStudiosFr
Sympa de lire cette critique positive, le film se fait démonter dans le dernier Mad Movies, ils traitent Sam Raimi de vendu (voire de traître !), ils ont du perdre leur âme d’enfant !
Arf, je n’ai pas lu leur critique mais s’agissant d’un film de commande à destination des enfants, il faut déplacer le curseur critique et noter que Raimi se tire admirablement du cahier des charges d’un tel film. Ce n’est pas Evil Dead, en effet…
En voyant la bande-annonce, j’ai eu l’impression que l’univers du film ressemblait un peu trop à celui de « Alice » de Tim Burton. Même si c’est l’écurie Disney qui est derrière les deux films, je trouvais ça un peu gros quand même. Ça ne transpire pas trop dans le film ?
Non aucun point commun entre ses deux films, Oz est vraiment nettement supérieur à Alice, en tout point.
Techniquement le film est largement meilleur que Alice, Raimi s’en sort bien, comme tu le dis, avec l’adaptation même si ça n’a absolument rien à voir avec l’histoire de Dorothée 🙂
C’est entre Wicked et Le magicien d’oz, ni l’un ni l’autre. Kunis est pas toujours bonne en wicked witch of the west mais il y a quelques trucs qui fonctionnent.
Il y a quelques passages tout de même assez ridicule mais effectivement c’est un film pour les mômes, alors faut accepter. Là où vraiment Burton s’est raté avec Alice, ça fonctionne presque, je pense.
La rangée devant moi : 4 gars qui ont détesté et qui ont même trouvé Alice meilleur, bon ils se fourvoient mais à mon avis ça va dézinguer sec chez les adultes.