
Revolution à Monte Carlo : « La série parle autant de famille que de pouvoir »
Lundi, quatre acteurs de la série de NBC participaient à une conférence de presse pour revenir sur la première saison du show. Tracy Spiridakos (Charlie, Mademoiselle « C’est mon premier gros projet alors j’y crois »), Giancarlo Esposito (Tom Neville, Monsieur « Le service après-vente, c’est ma passion »), Billy Burke (Miles Matheson, Monsieur « Je fais des blagues plus ou moins classe ») et David Lyons (Sebastian Monroe, Monsieur « Si, si : mon personnage est bien écrit ») ont répondu avec beaucoup de professionnalisme et de patience aux participants.
Comment avez-vous vécu l’attente liée à la commande d’une seconde saison ?
Giancarlo Esposito : A la fin du tournage de la saison 1, nous étions tous vraiment fatigués mais en même temps cette phase d’attente est une période assez courte. Ca rend toujours nerveux d’attendre qu’une chaîne vous annonce si vous êtes renouvelé ou pas. Au bout de quatre semaines, on se dit qu’il est temps d’aller retourner bosser. On serait tous heureux de faire vivre nos personnages sur la durée, mais tout est question d’économie. Je prie qu’un jour on puisse avoir un rôle décisionnaire là-dessus, parce qu’on veut développer ces personnages. On a eu une bonne première saison, mais on veut que la deuxième soit meilleure. On veut faire interagir des personnages qui ne l’ont pas trop fait cette saison.
Revolution rappelle beaucoup Ravage, de René Barjavel (un roman qui présente le naufrage d’une société mécanisée, dans laquelle, un jour, l’électricité vient à disparaître). C’est une coïncidence ?
Billy Burke : Je suis presque sûr que c’est une coïncidence parce qu’Eric Kripke, le créateur de Revolution, ne lit pas. Donc je suis certain qu’il n’a rien plagié du tout (rires).
Si vous deviez vous retrouver dans la situation de vous personnages, privé d’électricité. Vous feriez quoi ?
Tracy Spiridakos : Tout dépend d’où je serai : si j’étais ici, je pense que je passerais mon temps à pleurer. Mais si ça se passait chez nous, je partirais en direction du Canada pour rejoindre ma famille.
B.B. : Je me dépêcherais de savoir où se trouve ma fille de cinq ans, histoire de m’assurer qu’elle va bien. La vérité, c’est que ce n’est pas évident de répondre à cette question tant que l’on n’y est pas réellement confronté. Je crois que la priorité, dans ces cas-là – et c’est d’ailleurs ce que la série raconte – c’est d’abord de ne pas mourir.
Le mot power (le pouvoir mais aussi l’énergie électrique, NDLR) est utilisé de manière intéressante dans la série. Il revient dans la bouche de tout le monde, et surtout dans celle de Sebastian Monroe. Diriez-vous que c’est le thème central de la série ?
David Lyons : C’est une motivation clef. Mais je pense que le coeur de la série, c’est véritablement la famille, les relations qui unissent les personnages. Les liens du sang aussi. C’est le cas pour le personnage de Tracy avec sa mère, ou pour Giancarlo avec JD (Pardo, qui interprète le fils de Neville). Dans le ças de mon personnage, c’est différent : c’est une famille qu’il se découvre… Le show parle plus de la famille que de pouvoir ou d’énergie.
G.E. : Ces questions de pouvoir font effectivement partie de la série. L’histoire questionne ce qui est l’essence même de la Revolution. Du coup, même si la famille est au centre de tout, Eric Kripke pose souvent des questions autour du pouvoir. Celui qu’on aimerait avoir, ce qu’il y a aussi derrière la notion de pouvoir collectif.
B.B. : Je reviens sur le titre du générique. Avant qu’on le voit en entier, « Revolution » apparaît sous la forme « Evolution ». C’est aussi ça, le thème de la série, voir l’évolution de la race humaine face à ces problèmes.
Si vous deviez imaginer un monde sans électricité. A quoi ressemblerait-il ?
G.E. : La série décrit un monde plus simple. Personnellement, c’est un sujet qui m’interpelle. Notre égo nous fait croire, aujourd’hui, qu’on est capable de faire plusieurs choses en même temps. A mon sens on loupe des choses en agissant ainsi. Si j’envoie des SMS pendant que je vous parle, je ne vais pas vous donner mon attention complète. Le monde de Revolution nous rapproche d’une attitude plus basique, un retour aux sources. Connecté à la nature. Avant, je pouvais me rappeler d’une quinzaine de numéros de téléphone. Maintenant, j’en retiens à peine deux. dans le premier épisode, on voit que les familles travaillent dans des fermes, qui cultivent leur propre nourriture, lavant leurs propres vêtements. Au bout du compte, les liens qui les unissent sont très différents. Très puissants. J’aime cette idée.
Tracy, c’est votre premier gros projet à la télé. Comment avez-vous rejoint cette aventure ?
T.S. : Pendant la période des pilotes, j’ai vu passer pas mal de choses et notamment ce projet. Quand on m’en a parlé, je ne pensais pas qu’on me casterait pour Revolution. J’ai pu rencontré Eric Kripke (NDLR) et Jon (Favreau, réalisateur du pilote et producteur exécutif, NDLR). Eric a été si agréable pendant le casting qu’il a réussi à me mettre à l’aise alors que j’étais très nerveuse. Mon expérience a été très positive, alors que l’exercice est plutôt déprimant.
A la fin de la saison, Tom Neville fait une remarque perfide sur la nature de la relation qui existe entre Miles et Monroe. Il dit qu’elle est particulièrement ambiguë. Vous pensez qu’il a raison ?
B.B. : Vous nous demandez si les deux personnages sont gays ? Vous le saurez dans la saison 2 ! (rires).
G.E.: Je pense que c’est une forme d’amitié très forte. Dans le sens où tous les deux sont très complémentaires. Mais c’est l’avantage d’avoir un garçon comme David, capable d’envoyer toutes sortes de signaux autour de lui.
D.L. : Je ne pense pas qu’ils soient gays. Je pense que leurs rapports vont au-delà de la question sexuelle. De mon point de vue, Monroe, avec le départ de Miles, a perdu tous les repères qu’ils avaient en terme de famille.
G.E. : La question n’est pas que d’ordre sexuelle mais c’est intéressant. Aux Etats Unis, si deux hommes se tiennent la main, on se pose ce genre de question. Alors que c’est juste une manifestation d’affection. Comme deux frères. Des femmes se tiennent la main sans arrêt. Pourquoi les hommes ne pourraient pas faire la même chose ? C’est intéressant de voir tout cela ressortir de cette série.
B.B : Maintenant que tout cela a été dit, préparez-vous pour Revolution : The Musical.
Giancarlo, dans Breaking Bad comme dans Once Upon A Time, on vous a vu jouer un bad guy. Cela devient-il votre spécialité ?
G.E. : Je n’étais pas un bad guy dans Once Upon a Time : j’aimais la reine ! Dans Breaking Bad, c’est différent. J’aime jouer le bad guy dans ce genre de cas de figure parce que l’on ne sait jamais vraiment combien de temps on sera là. Dans ce cas précis, c’était vraiment une superbe expérience. Tom Neville est très différent. Ici, il n’est pas foncièrement un « méchant », il essaie juste de survivre. Il n’est pas sympathique parce qu’il est sous pression.
Sur le papier, Revolution était un vrai pari, notamment parce que son histoire se développe autour d’un mystère. Plusieurs shows qui s’inscrivaient dans cette veine n’ont pas trouvé leur public. Qu’est-ce qui, cette fois, a fait la différence selon vous ?
G.E. : Quand je me lance sur un projet, je regarde qui s’en occupe, qui sera dans le cast, mais je ne me prend pas la tête sur le fait que la série trouvera ou non son public. Et ce même quand la série est comme la notre, très feuilletonnante et basée sur un mystère, comme Flashforward, The Event… Je pense que si on a plus de succès que ces séries précitées c’est parce qu’on est différent, plus une série sur la famille. Qui plus est, la série a déjà répondu à un certain nombre de questions. Elle ne se borne pas à en poser. Nous, nous sommes parvenus à imposer notre différence là-dessus. Que ce soit sur les interrogations scientifiques ou sur nos personnages.
B.B. : Nous ne pouvons pas nous mettre dans la peau du diffuseur. Ca serait une erreur de penser comme ça.
La nécessité de survivre pousse les personnages dans leurs retranchements ultimes. Cela laisse-t-il une place pour le pardon selon vous, notamment entre vous ?
T.S. : Je pense que Charlie est capable de pardonner aux autres, de voir le meilleur chez les autres, même quand elle est en colère. A chaque fois, elle est prête à comprendre, à partir du moment où on lui explique les choses. Elle est toujours capable d’être émue, d’aimer les autres. C’est ce qui la fait encore avancer. Même si en seconde partie de saison elle perd une part de son humanité, elle garde quand même cette capacité au fond d’elle.
B.B: Charlie représente l’espoir dans cette série.
Lorsqu’Elizabeth Mitchell (Rachel Matheson, la mère de Charlie, NDLR) est venue à Monte Carlo, il y a quelques années, on a pu constater combien c’est quelqu’un de très agréable. Vous interagissez tous avec elle dans cette saison. Comment est-ce, pour vous, de jouer avec elle ?
D.L. : Travailler avec elle, c’est une authentique expérience : elle s’engage complètement dans l’aventure.
B.B.: On nous demande souvent en tant qu’acteur quelle est la scène, quel est le dialogue qui nous a le plus marqué… avec Elizabeth, tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle embrasse très bien » (rire très sonore d’Esposito)
G.E. : C’est un vrai bonheur de jouer avec elle, comme avec tous les autres. On ne joue jamais seul. Ce n’est pas une compétition. L’autre en face de vous vous rend meilleur. On travaille ensemble, en collaboration.
Au début de la série, Charlie est obligée de commettre un assassinat. Comment avez-vous préparé cette scène ?
T.S. : Ah oui : c’est dans l’épisode 6 (Tristement célèbre sur le Daily Mars pour l’autre intrigue : celle d’Aaron et de la flasque magique, NDLR). Elle est constamment en train de se battre contre des pulsions négatives, surtout au début de la série. Ce sont des questions liées aux impératifs de la survie. Serait-elle capable de tuer, par exemple ? C’est un conflit interne intéressant à jouer.
Votre show a disparu pendant plusieurs mois de l’antenne. Comment l’avez-vous vécu, alors qu’il faut à tout prix préserver l’intérêt du public et que celui-ci est de plus en plus sollicité ?
B.B. : Bon, ce n’est pas vraiment de notre responsabilité tout ça… mais c’est vrai : on s’est longtemps demandé comment les téléspectateurs allaient prendre le fait que la série ait disparu de l’antenne pendant une longue période. Personnellement, cependant, je ne m’investis pas trop dans ce genre de considération.
Si vous aviez dû jouer un personnage de Revolution autre que celui que vous interprétez, lequel aurait votre préférence ?
B.B. : A la base, je devais jouer le rôle de David, Sebastian Monroe. Et j’aurais vraiment aimé le jouer ! Mais David a débarqué et là, on m’a dit « C’est bon, laisse tomber : on change » (rires)
D.L. : On n’a pas trop l’occasion de désirer le rôle d’un autre, car l’écriture d’Eric réussit toujours à vous captiver sur le personnage que vous devez jouer. Monroe, au départ, était juste mauvais à l’état pur et puis il lui a apporté plein de petites choses intéressantes émotionnellement, donc je me sens béni.
Propos recueillis par Julia Lagrée & Marine Perot au Festival de la Télévision de Monte-Carlo
Transcript et traduction : Nicolas Robert
A LIRE EGALEMENT : Notre bilan (moins sympa) de la saison 1 de Revolution
Ils ont tous l’air bien sympathiques , Giancarlo Esposito a l’air d’être quelqu’un d’intelligent, avec des propos pertinents en réponses aux questions posées.
Ca n’empêche, leur série est nulle.