RIP Larry Hagman (1931-2012)

RIP Larry Hagman (1931-2012)

Il incarna le mal à l’état pur pour des centaines de millions de téléspectateurs dans Dallas : Larry Hagman, John Ross « JR » Ewing forever, est mort hier après midi (heure locale) à Dallas. Il avait 81 ans. Le site Deadline Hollywood évoque des complications des suites d’un cancer. Détail émouvant : Linda Gray et Patrick Duffy, ses amis de longue date, faisaient partie des proches à son chevet. Fils de l’actrice Mary Martin (qui refusa d’ailleurs jadis le rôle d’Ellie Ewing, la maman de JR, dans Dallas), Larry Hagman effectua l’essentiel de sa carrière sur le petit écran. Après un gros succès aux Etats-Unis dans la sitcom des sixties I dream of Jeannie (« Jeannie de mes rêves » en VF, et son générique légendaire), Hagman accéda au rang de star internationale avec son interprétation de JR Ewing, magnat du pétrole ne reculant devant aucune bassesse pour asseoir son emprise sur l’empire bâti par son père Jock.

Il faut avoir vécu la diffusion de Dallas au plus haut de sa gloire, y compris en France, pour réaliser à quel point son triomphe reposait énormément sur les épaules de l’interprétation sidérante de Larry Hagman : tous les samedi soirs, à la grande époque de la première diffusion du show sur TF1, le visionnage de Dallas en famille était un rituel incontournable pour des millions de foyers français (dont le mien !) et les scènes avec JR étaient toujours les plus attendues, on se régalait de détester ce magnifique salopard. Et le soir de la diffusion de l’épisode se cloturant sur le cliffhanger le plus intenable de l’Histoire de la télé (JR se faisant tirer dessus par un inconnu dans son bureau…), la France entière était en ébullition, rongée par la question « Mais qui a tiré sur JR ? », sur toutes les lèvres dans les cafés et sur les marchés dés le lendemain. Certes, l’épisode en question avait déjà été diffusé plusieurs mois auparavant aux Etats-Unis, mais cela ne changeait rien à l’affaire : le téléspectateur français n’avait alors toujours pas la moindre idée de l’identité du tireur lors de la diffusion française. C’était une autre époque, celle de trois pauvres de chaînes de télé en France, sans « Village Global », Internet et sa fichue info en temps réel…

Larry Hagman au fait de sa gloire dans Dallas. Diffusée sur CBS entre 1978 et 1991 (14 saisons), Dallas fit de lui l’une des stars télé les plus payées de la décennie. Diffusé le 21 novembre 1980 aux USA, l’épisode de la saison 4 « Who done it » (surnommé aussi « Who shot JR »), révélant l’identité du mystérieux tireur laissant JR pour mort à la fin de la saison 3, devint l’épisode le plus regardé de toute la télé (battu en février 1983 par le series finale de MASH).

Larry Hagman, réputé pour être dans la vie l’exact opposé de son diabolique alter ago, fut nommé à deux reprises aux Emmy awards et quatre fois aux Golden Globes pour Dallas, sans jamais remporter les précieuses récompenses. Victime, comme beaucoup de stars des années 80 et à l’instar de ses collègues de Dallas, d’une implacable ringardisation dans les années 90 après l’arrêt de la série (au terme de 14 saisons), Hagman regagna un peu de lustre dans la décennie suivante, lorsque certains auteurs de télé branchés lui offrirent à nouveau de beaux rôles. On pense surtout à Ryan Murphy dans Nip/Tuck, où Hagman incarna Burt Landau, un autre beau salaud mais teinté cette fois d’une réelle détresse et d’un côté pathétique assez glaçant.

Récemment, malgré un combat de longue date contre la maladie, Larry Hagman profita à plein du retour de flamme pour les vieilles franchises, avec le come back de Dallas sur TNT –  projet-serpent de mer entre télé et ciné,  qui finit par se concrétiser sur le petit écran en 2012 après moult faux départs. Ses fans français et les journalistes purent le croiser à plusieurs reprises en France ces dernières années, comme au festival de country de Mirande (Lot) ou au Festival international de télévision de Monte Carlo. A chaque fois, Hagman laissait la même impression : incroyablement drôle, aimable, cynique sans langue de bois (il reconnaissait totalement son goût pour les juteux cachets) et adorant jouer de ses penchants vénaux et mégalos avec beaucoup d’humour. Les journalistes se souviennent qu’à Monte Carlo, il distribuait à la fin de ses interviews des faux billets de banque à son effigie.

Plus prosaiquement, on se demande bien comment les scénaristes de Dallas version 2012 vont intégrer le décès de Larry Hagman à la série. C’est évidemment, à l’heure où je tape ces lignes, le cadet de leur soucis ainsi que de ses proches et ses fans : seule domine ce matin la tristesse de perdre un grand acteur dans sa spécialité, dont on regrette juste qu’il n’ait pas pu aussi prouver davantage son talent au cinéma (il joua quelques rôles secondaires ici et là, dans Point Limite, L’Aigle s’est envolé, SOB ou encore Primary Colors qui le remit un peu dans la course en 1998). Il réalisa aussi un remake foutraque et fun du Blob en 1976, mais le bilan sur grand écran reste maigre.

On reviendra certainement plus avant dans le Daily Mars sur la disparition et la carrière de Larry Hagman, à jamais gravé dans nos mémoires comme cet inoubliable salaud qu’on adorait passionnément détester.

Séquence nostalgie : le générique en VF de Dallas (TF1, puis Jimmy)

Dallas, générique version US (CBS)

Générique de Dallas version 2012 (TNT)

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