
Ripper Street, entre passé et futur (Critique de l’épisode 1.01)
Dimanche 30 décembre a démarré la nouvelle série de la BBC, Ripper Street. Avec à la tête de son casting, un Matthew MacFayden qu’on est ravis de retrouver sur la chaîne britannique, près de 10 ans après son départ de Spooks. Ripper Street nous offre un nouveau regard sur le mythe de Jack l’Eventreur, qui, s’il n’est pas au coeur du récit, plane sur l’histoire et sert de fondation à l’univers.
Une jeune femme vient d’etre retrouvée dans une rue de Whitechapel, laissée au sol, mise en scène comme au temps de Jack l’Eventreur, qu’on pensait disparu (et ce même s’il n’a jamais été appréhendé). L’inspecteur Edmund Reid se hâte d’aller sur la scène de crime afin de constater les faits, et surtout d’éviter la panique que provoquerait le retour de Jack dans Whitechapel. Pour élucider l’affaire, Reid travaille de concert avec Bennett Drake (Jerome Flynn), officier de police fidèle mais assez primaire, et Homer Jackson (Adam Rothenberg), ancien agent Pinkerton et médecin, aventureux et séducteur.
Reid veut avant tout soigner le quartier de Whitechapel. Par son personnage, on comprend à quel point l’Eventreur a traumatisé cet endroit. Les gens vivaient dans la peur, ne sortaient plus. Un lieu hanté par un passé violent et cruel. Reid trouve sur son chemin vertueux deux opposants de poids. D’abord son prédécesseur: Fred Aberline, chez qui l’obsession de mettre l’Eventreur sous les verrous supplante tout le reste. Ensuite le patron du journal Star, Fred Best, dont le but est de retrouver la dynamique de vente à l’époque de l’Eventreur. Quand Reid souhaite ne plus faire vivre les gens dans la peur, Best lui oppose sa vision, diamétralement différente. Pour lui, la peur fait vendre.
Ripper Street en parle constamment: d’un côté le passé douloureux, et de l’autre le futur. Le passé personnalisé par l’Eventreur, que certains aimeraient raviver, d’autres oublier. Le futur via les nouvelles technologies: d’abord une imprimante permettant de communiquer par langage morse. Aussi de la médecine légale, de la police scientifique avec l’envie de modernité de Reid et l’expertise de Jackson. Ensuite les balbutiements du cinéma, avec un appareil permettant de diffuser une suite d’images, manuellement. Mais aussi le futur du sexe rémunéré avec les débuts de la pornographie. On parle même de snuff movie dans cet épisode.
Ce mélange assez surprenant n’en est pas moins habile. On sent une société à la croisée des chemins, une ébullition constante, une richesse incroyable, source de multiples récits. Sur le papier, la série est très ambitieuse. Dans la réalité, elle n’est pas exempte de défauts. L’ouverture va tellement vite qu’il est difficile de suivre. Le but, comme toujours dans un pilote, est de poser les personnages et les intrigues et sous-intrigues. C’est ici fait tellement rapidement que c’en est maladroit. Le personnage de Reid passe pour un type intense, toujours en train de se jeter sur les gens pour parler. MacFayden n’excelle pas particulièrement dans l’exercice, forçant ses gestes.
L’épisode calme un peu le jeu par la suite, prenant le temps de poser certaines scènes (mais en expédiant quand même certaines d’entre elles). Si Rothenberg et Flynn sont excellents, tout comme les deux prostituées interprétées par MyAnna Burning et Charlene McKenna, on regrettera le jeu maniéré au possible de David Dawson dans le rôle du rédacteur en chef du Star.
Un premier épisode un peu trop riche, trop dense, et qui manque par moments sa cible. Reste un univers intéressant, une volonté de faire un procedural « different ». Pour ses promesses, Ripper Street possède un bon premier épisode. Pour savoir s’il les tient, on verra la dès dimanche prochain.
RIPPER STREET, 1×01 I Need Light (BBC)
Ecrit par Richard Warlow, réalisé par Tom Shankland
Avec : Matthew Macfadyen (Edmund Reid), Jerome Flynn (Bennet Drake), Adam Rothenberg (Homer Jackson), MyAnna Buring (Long Susan), Charlene McKenna (Rose Erskine), Clive Russell (Fred Abberline), Amanda Hale (Emily Reid), David Dawson (Fred Best)
j’ai regardé le 1er episode hier et j’ai réellement apprécié le style qui rapelle le Sherlock de Guy Ritchie (combat a main nue..) et cette très belle époque.
Dommage qu’en france on ne refasse plus de série du style Vidocq, car cette période permet de meler fantastique , science et Histoire, un trio gagnant pour les prods anglaises.