Risk of Rain : tempête de streums à travers les mondes
En réponse à la sonde envoyée il y a peu, des Terriens viennent en villégiature sur Mars pour vous proposer des articles sur le Jeu Vidéo. Aujourd’hui, c’est Florian Falcucci qui pose ses valises pour vous parler de Risk Of Rain, une petite pépite.
Voici venir Risk of Rain, un des petits derniers de la longue et récente famille des rogue-like. Pour expliquer brièvement, le rogue-like consiste à perdre le joueur dans des niveaux générés aléatoirement, afin de renouveler le jeu de façon continue et de rebooter la partie à chaque mort souvent injuste.
Les amateurs sauront tout de suite que Risk of Rain n’a rien à voir avec une prévision météorologique, mais est bel et bien un rogue-like plutôt ardu, afin de faire la joie des petites sadiques qui aiment se faire du mal derrière leur écran. Faisant partie de la vague des projets Kickstarter lancée à l’époque par Tim Schafer et son Broken Age, le projet avait donc été financé, aidé par un objectif plutôt modeste de 7000 dollars et finissant finalement à 30 000. Le principe est comme d’habitude: plus on franchit de paliers, plus les ajouts sont nombreux, et le jeu se vit doté d’un mode arène et de mutators afin de corser encore plus la difficulté. Risk of Rain sort du studio Hopoo Games, fondé par deux petits gars, Paul Morse et Duncan Drummond, étudiants l’un et l’autre mais qui ont pu trouvé du temps pour bosser sur leur petit jeu. Ils ont été aidés par Chris Christodoulou (oui, sacré nom) pour la musique.
Risk of Rain, quel est le concept? Vous incarnez un petit astronaute se retrouvant perdu après l’attaque de son vaisseau et le crash de sa capsule de sauvetage. Le bougre devra trouver son chemin en se téléportant de monde en monde pour sauver sa peau. Le jeu, tout en petits pixels cromeugnon, vous demandera de choisir une classe parmi les 10 disponibles, seulement accessibles en les débloquant. Chaque classe possède ses propres attaques (4 en tout) que l’on utilise avec un temps de rechargement plus ou moins long suivant la puissance de l’attaque et servant à éliminer les monstres qui veulent vous transformer en pain de viande. Votre personnage peut sauter, attaquer, avec une barre de vie tout ce qu’il y a de plus classique. Je conseille fortement de jouer avec une manette sous peine de se tordre les doigts à force de jongler avec les touches (et potentiellement de s’énerver et de sauvagement détruire le rebord de votre bureau).
Jusque-là, rien que du connu, du classique, du déja-vu. Les niveaux du jeu vous confrontent à multitudes de monstres où vous pourrez utiliser vos attaques de base, bien sûr, mais aussi les différentes objets et pouvoirs que vous trouvez dans les niveaux ici et là, comme des drones qui attaquent automatiquement les ennemis, ou des armes à usages uniques, forts utiles lorsque vous êtes mal en point. Le personnage gagne aussi de l’expérience (seulement dans la partie en cours – si vous mourrez, on recommence tout) ce qui augmentera vos stats, et la monnaie du jeu que vous récupérez permet d’acheter pas mal de choses ou de débloquer certains autres contenus plus puissants. Mais ce n’est pas LA grosse difficulté du jeu! Chaque niveau vous demande de trouver un portail afin de passer au niveau suivant. L’activation dudit portail prend du temps, et verra l’apparition forcée d’un boss et de quelques dizaines de monstres qui vous poursuivront sans relâche. Le but est de survivre le temps du compte à rebours et de se débarrasser de tout ce petit monde avant de sortir du niveau. SAUF QUE! Plus vous passez du temps dans un niveau, plus la barre à droite de l’écran grimpe. Cette barre représente le niveau de difficulté des ennemis. Pour faire simple, plus vous passez du temps dans le jeu, plus vos ennemis seront balèzes. Et cette barre ne baissera jamais, et restera au même niveau entre les passages de mondes.
C’est là toute la subtilité du jeu et tout le génie de ce gameplay qui pose deux approches distinctes: soit vous êtes un adepte du speed-run et rien ne vous empêchera de tracer à travers le niveau pour trouver la sortie, en se contentant du minimum pour monter votre perso en stats, mais les ennemis seront accessibles. Ou alors vous vous sentez l’âme d’un guerrier viril et velu, prêt à en découdre avec ces mollusques de l’espace, et vous fouillez tout le décor pour booster votre personnage à fond afin d’avoir tout les outils en main avant d’affronter l’élite du bestiaire. Deux stratégies différentes, qui s’équilibrent étonnamment bien, puisque ce sera suivant votre manière de jouer que l’une ou l’autre des façons sera la plus intéressante pour vous. Chaque personnage est aussi bien pensé, puisque leurs attaques servent à tous les niveaux: le commando de base possède des pistolets efficaces à moyenne portée mais tirant continuellement, ainsi que des uzis pour faire le ménage partout autour de vous, un shotgun pour creuser un sillon sur votre chemin et une petite roulade afin d’esquiver les sales coups à la dernière seconde. A vous de bien jauger les temps de recharge et les items à votre disposition pour ne pas se retrouver submergé. Sinon, Game Over, et tout repart à zéro.
Le jeu est jouable à 4 (en ligne, parce qu’en local, sur le même écran, c’est un peu la lutte de pouvoir) ce qui facilite pas mal de choses quand à la répartition des taches et l’exploration des niveaux pour trouver les meilleurs bonus. Le but est de bien jouer en coopération, avec des classes complémentaires afin que chacun trouve son rôle et récupère les bonus qui l’intéresse. Le jeu n’est pas parfait, le style en pixel-art fait que lors des joutes bien musclées, l’écran se transforme parfois en bouillie visuelle. Pour le multi en ligne, le jeu ne bénéficie toujours pas à l’heure actuelle de serveurs dédiées (et oui, les devs restent des étudiants!) et il faudra se filer les adresses IP à la pogne via des softwares spécifiques pour pouvoir lancer une partie entre potes. Mais le jeu en vaut la chandelle: dans le monde des rogues-likes, Risk of Rain est un petit condensé de jouissance infinie d’une efficacité redoutable. Le genre de jeu “seul (ou presque) contre tous” où diriger votre petit Rambo de l’espace vous fera vivre le temps d’une partie les aventures d’un héros de BD contre cette pluie de monstres. Epique!
Démo de l’époque Kickstarter à télécharger ici.
