
On a lu… R.U.S.T. (T.1) de Luca Blengino et Nesskain
Un univers de mécha, des pilotes un brin taré et une population qui vit sous terre. Bienvenue dans le monde violent de R.U.S.T.
L’histoire : On les appelle les S-Cats. Débarqués un beau jour, ces monstres gigantesques que personne ne comprend ont pris possession de la surface terrestre. Pour les combattre, il n’existe qu’une seule manière : un pilote et son Robot Unit, sorte de mécha gigantesque. Or, les derniers pilotes restant sont ceux de la black list : des psychopathes sans foi ni loi. Mais ils sont aussi les derniers espoirs de l’humanité…
Mon avis : Couleurs, crayonnés, échelles… Dès les premières pages, on peut se rendre compte, que R.U.S.T. (pour Robot Unit Shock Team), ça déboite. C’est au travers de l’équipe scientifique que l’on suit ce récit, qui se déroule un quart de siècle après la prise de contrôle de la terre par les S-Cats. L’idée de gigantisme des robots et des monstres est donnée par des dessins pleine page. Le plus ? L’incroyable folie des cinq pilotes gardés pour piloter les robots. Entre un schizophrène, un tueur à gages, une sectaire, il y a vraiment de quoi faire, aussi bien dans les physiques que les personnalités. Le tout, chapeauté par une femme au courage et à la poigne de fer et servi par une noirceur certaine, où la fin justifie les moyens.
Oui, mais voilà… Dans cet univers apocalyptique, une pensée persiste, tenace et énervante… S’agit-il d’un hommage à Neon Genesis Evangelion, ou d’une inspiration un peu trop persistante ? Alors, oui, il s’agit de pilotes adultes, aux problématiques bien éloignées de l’existentialisme d’un Shinji Ikari. Et les mechas, comme des monstres au nom étrange, ne sont pas réservés à la Gainax. Mais, le côté monstres venus d’ailleurs, des pilotes choisis par leur compatibilité mais surtout certains choix visuels posent légitimement la question. Le plus flagrant étant des créations humaines inachevées mais conscientes, flottant dans un formol jaunâtre (Ayanami, si tu m’entends…). La base, comme l’humanité, s’est réfugiée sous terre… (mais ne s’appelle pas Tokyo-3). Tandis que le premier monstre est apparu, comme ça, en Antarctique (donc au pôle Sud).
Malgré ces défauts, on se laisse facilement happer par ce récit, très en lever, avec entre scènes d’action et découverte de ce monde bien étrange, cette humanité souterraine. Dialogue ou cruauté des dessins, le trait et les couleurs de Nesskain collent à l’histoire narrée par Luca Blengino, ses monstres absolument étrangers, le mouvement des combats… Tout cela donne vie, alors qu’il est très facile de se trouver un pilote préféré, chacun ayant son caractère bien trempé (même si celui qui est le plus décrit, et en couverture, est aussi le plus horripilant).
Un comics, à la française, prévu en trois volumes, qui malgré de gros défauts tient son lecteur en haleine. R.U.S.T. est donc à suivre, même s’il reste sur la corde raide, dans un équilibre entre originalité et respect (ou un pillage en règle, un peu trop « inspiré » des fondamentaux). Une envie de lire la suite, pour voir s’il arrive à se détacher de ses prédécesseurs…
Autour de la BD : Le côté comics peut aussi s’expliquer par le fait que Luca Blengino écrit aussi pour le marché américain.
Si vous aimez : Pacific Rim, Neon Genesis Evangelion… Les mechas, où ça se bastonne quoi !
En accompagnement : un café noir, dans une tasse estampillée « Nerv »
Sortie : R.U.S.T tome 1 – Black List, éditions Delcourt, collection Neopolis, 17,95 euros