EN ATTENDANT (OU PAS)… AMERICAN HORROR STORY SAISON 2

EN ATTENDANT (OU PAS)… AMERICAN HORROR STORY SAISON 2

Pourquoi j’attends…

Par Philippe Guedj

« Grotesque », c’est exactement le mot que je me souviens avoir posté, sur Facebook ou twitter, suite à la vision du pilote d’American Horror Story. Narration décousue, grand guignol pas toujours subtil, scénario gruyère, interprétation limite comedia dell’arte de Dylan McDermott… Et puis peu à peu, le charme a fini par agir et je me suis retrouvé dans le camp des défenseurs (mesurés) de ce machin franchement barré. Et nouveau, les enfants, oui, je persiste : s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à Ryan Murphy, c’est de ne pas avoir innové avec American Horror Story. Tout en convoquant une foule de fantômes de sa propre construction culturelle, se jouant des grosses ficelles du genre horrifique, Murphy est parvenu à livrer une série 100% originale et provocante. Un panorama à la fois bancal et vertigineux de presque 100 ans d’une certaine Histoire américaine, mêlant regard ironique sur la famille, les tabous hypocrites et la fascination de ses concitoyens pour les faits divers sanglants.
Une fresque gourmande, trop peut-être, baroque et glacée, sans héros ni personnages attachants à part peut-être ceux qui ne devraient pas l’être…

Le cinéphile a pu s’y amuser à déceler les clins d’oeils aux classiques comme on cherche des œufs de Pâques, tout en savourant un dispositif de mise en scène à l’élégance gothique léchée. Toujours sur le fil (coupant) du rasoir entre audace délirante et ridicule achevé, notamment dans son climax complètement cintré, la première saison de AHS a su incontestablement distiller une ambiance, un ton, un univers. Sa proposition esthétique et ses ambitions thématiques n’ont certes pu entièrement cacher ses trous dans le collant, mais au moins Murphy a pris des risques et à l’arrivée, sa création a belle allure. Malgré tous ses défauts, AHS est une pure expérience pour laquelle j’aurai toujours infiniment plus de respect que pour toutes les pantoufles Castle du monde…

On ne peut que saluer la décision de Murphy d’avoir fermé à clé pour de bon la demeure victorienne des Harmon et d’entamer une saison 2 aux personnages et décor principal hanté entièrement renouvelés. Non seulement il vient d’inventer un concept inédit en télé (l’anthologie fantastique par saison existait-elle avant AHS ? Pas sûr), mais le nouveau cadre, un asile psychiatrique, promet tous les délires possibles. Les amateurs de bon goût, finesse et retenue vont certainement se boucher le nez une fois encore et d’ailleurs, il auront peut-être raison – Murphy n’est pas du tout à l’abris d’un faux pas et, comme l’a déjà signalé Dominique, il tient rarement la distance dans ses créations. Mais la seule vue du casting – Franka Potente, Chloe Sevigny, Joseph Fiennes, Ian McShane, James Cromwell et les retours de Zach Quinto, Frances Conroy et la géniale Jessica Lange en nonne sadique ! – et des trailers m’ont convaincu d’aller y jeter un œil. Et si c’est nul, hé bien… c’est encore Dom’ qu’aura vu juste, merde !

 

Pourquoi je n’attends pas…

Par Dominique Montay

J’ai appris à devenir méfiant du travail de Ryan Murphy. Pourtant je n’ai pas vu Glee. Aussi génial concepteur soit-il, Murphy a un défaut majeur : son talent est soluble dans le temps. Une fois passée la surprise et l’excitation, le monsieur est quasiment incapable de ranimer la flamme. American Horror Story, loin d’infirmer mon impression générale du prolifique scénariste, n’a fait que conforter mes réserves.

AHS s’est avérée être l’expression totale de la personne Murphy, et en accéléré. Si Murphy attendait une ou deux saisons par le passé pour sombrer dans le grotesque, ici il a attendu 20 minutes et deux scènes consécutives d’onanisme d’une immense gratuité. Tout semble d’ailleurs gratuit dans AHS. Le style, les effets, l’histoire… un ensemble bancal qui offre un occasionnel coup de fouet, mais qui ne tient pas la route.

Du coup cette saison 2, à mes yeux, ne présente que très peu d’intérêt. Changer l’univers et parler d’autre chose est juste un moyen pour Murphy de ne pas avoir à se demander comment renouveler son récit. S’il est une bonne nouvelle de voir revenir une grande partie de son excellent casting féminin (Conroy et Lange), la partie masculine peut faire hérisser le poil: un Fiennes (celui gaulé comme une statue grecque mais qui joue aussi comme une statue grecque, Joseph), et celui qui ne va pas devoir bouger comme Jagger mais jouer comme un comédien, Adam Levine de Maroon 5. (Bon, il y a aussi l’excellent James Cromwell, mais bon…)

De plus, le fait de placer cette saison dans un asile psychiatrique devrait permettre à Murphy de bien se lâcher sur la psychanalyse, dont il parle sans la comprendre depuis des années. Et rien que pour ça j’ai envie de dire : « Merci. Mais non merci… »

La saison 2 d’American Horror Story arrive le 17 octobre sur FX. Et vous, vous l’attendez ou pas ?

AMERICAN HORROR STORY, saison 2 (FX)

Créée et showrunnée par Ryan Murphy et Brad Falchuk

Avec : Jessica Lange (Sister Jude), Sarah Paulson (Lana), Evan Peters (Kit), Lily Rabe (Sister Eunice), Zachary Quinto (Dr. Thredson), James Cromwell (Dr. Arden), Joseph Fiennes (Monsignor Timothy O’Hara), Adam Levine (Leo), Chloë Sevigny (Shelly the Nymphomaniac)

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