
On a lu… Sangre (T.1) d’Arleston et Floch
Lorsqu’Arleston (Lanfeust de Troy) et Adrien Floch (Slhoka) décident de s’associer pour écrire une aventure adulte, ça donne le violent et très beau Sangre, ou le jour où une enfant est devenue une adulte.
L’histoire : Elle était toute petite lorsque sa famille a été massacrée sous ses yeux par une bande de pillards. Enfant, lorsqu’elle dû apprendre à survivre dans la rue après être passée par l’orphelinat. Mais Sangre n’a jamais oublié sa vengeance. Dans un monde où la magie existe, un monde injuste, l’adulte bègue aidée de son loup, va laisser derrière elle une trace sanglante.
Mon avis : Les deux poids lourds de la bande dessinée s’étaient déjà rencontrés le temps des Naufragés d’Ythaq, une série en cours, d’actuellement 13 volumes. Ils continuent l’aventure avec une histoire en parallèle, celle de Sangre, dont voici le tome 1, intitulé : Sangre la survivante.
Sanglant et cruel, c’est un peu étrange de voir le dessin d’Adrien Floch qu’on avait connu un peu plus doux. Il revient pourtant à la colère, la magie, la vengeance, des traits qu’on avait pu voir dans son Slhoka, une œuvre de space opera. Ici, on reste dans un univers pourtant tout arlestonien. La magie fait partie du quotidien, nous sommes proches d’une temporalité médiévale. Mais là s’arrête la comparaison avec les mondes développés dans Troy. La cruauté, dans la rue comme dans la cours d’école ou même pendant la nuit de noce, est de rigueur.
Alors oui, bien entendu, certaines thématiques sont proches d’autres œuvres des deux auteurs. C’est donc tout à fait normal de les sentir à l’aise dans ce nouvel exercice, où l’originalité est d’ailleurs de faire de leur héroïne une femme solitaire avec un handicap : elle est bègue. Si certaines astuces scénaristiques manquent un peu d’originalité, notamment la place du hasard en tant que deus ex machina, ou quand une autre jeune fille vraiment méchante sans vraiment de raison décide de faire de Sangre sa bête noire, on ne boude pourtant pas son plaisir à la lecture de ces nouvelles aventures, avec des personnages secondaires parfois un peu stéréotypés.
Sans être foncièrement original, on se promène à nouveau dans un monde avec des animaux étranges, et intelligents, de magie, de guildes et de pouvoirs surhumains. Au lieu d’un homme, c’est une femme qui prend les commandes dans une histoire close (le nombre de volume est déjà prévu) et surtout écrite au passé. C’est une véritable originalité chez Arleston et Floch, d’avoir dans ces aventures une narratrice extérieure… et plus âgée. On sait donc que Sangre s’en sortira. La question reste : comment accomplira-t-elle sa vengeance ? Comment, surtout, s’en sortira-t-elle ? Et dans quel état ?
Si vous aimez : La période Lanfeust de Troy quand on rencontre Thanos pour la première fois. Sans les blagues.
Autour de la BD : Huit volumes sont prévus en tout, un pour chaque méchant, un pour chaque vengeance. Chaque tome se produira sur un monde différent, ce qui promet une pluralité d’univers graphiques à découvrir.
En accompagnement : une douce musique des hurlements de douleur de vos ennemis.
Extrait : « Tuer, ça va vite. La compagnie des Sombres Écumeurs avait anéanti ma famille en quelques minutes. Ma vengeance, elle, mettrait des années à mûrir.
Bien plus tard, j’apprendrais le nom d’Yroise la Stryge. Celui de Tinduff le Borgne. Hentsch le Cruel. Rugleïs l’Ogre, dont la réputation était de dévorer les cœurs… Alors que Fesolggio l’Inexorable Fâcheux les brisait. Donnadion le Béat cultivait lui aussi le secret. Hovanne l’Irrésolue changeait sans cesse d’apparence. Un ligat complice leur permettait de se transférer de Cahagne sur un autre monde. »
Sortie : le 19 octobre 2016, éditions Soleil, 56 pages, 14,95 euros