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Scream again  (critique de La Cabane dans les bois, de Drew Goddard)

Scream again (critique de La Cabane dans les bois, de Drew Goddard)

Produit et co-écrit par Joss « merci les Vengeurs » Whedon, ce premier long métrage de Drew Goddard (scénariste sur Buffy, Lost, Alias… et le prochain Robopocalypse de Spielberg) démarre pépère pour finir en train-fantôme avec aller simple pour… Vous verrez bien !

C’est de plus en plus rare pour être salué : La Cabane dans les bois est un slasher étonnant. Que dis-je, un long métrage étonnant. Il débute certes conformément à sa bande-annonce, au point de frôler l’ennui à force de jouer au plus malin sur les figures imposées du genre. Jugez plutôt : cinq jeunes comme la prod’ de Secret Story n’oserait en rêver, entassés dans un van destination la cambrousse où les attend une vieille bicoque isolée au bord d’un lac. Bien loin de là, planqués derrière leurs écrans de contrôle, une bande de comploteurs en cravate observe à distance la chair fraîche et la manipule à sa guise via tout un dispositif aux ramifications dépassant les seuls micros et caméras dissimulés dans la cabane. Un membre de cette curieuse organisation se nomme d’ailleurs Truman, allusion bien appuyée au pamphlet de Peter Weir…

Lorsque la grande menace s’abat sur nos rutilants étudiants coupés du monde, les ronds de cuirs continuent de causer chiffon, taquinent la bibine, organisent une loterie… sans perdre une miette du spectacle. C’est que, derrière leurs allures de fonctionnaires planqués dans un QG high-tech et ultra-sécurisé, ces adultes cyniques servent un dessein dégueulasse mais nécessaire, sur lequel on sera bien avisé de ne pas en dire plus pour pas gâcher ta surprise, ami lecteur. On saura d’ailleurs gré au marketing du film d’avoir su préserver l’entière surprise d’un twist aux deux/tiers du métrage dont rien, absolument rien n’est dévoilé dans la bande-annonce. Le virage en question est hautement casse-gueule, comme finalement toute cette entreprise en équilibre fragile entre le débile profond et le délire jouissif. Car après avoir gentiment moqué, comme le firent Wes Craven et Kevin Williamson au temps des Scream, quelques conventions du ciné d’horreur mais aussi la saloperie de ces émissions de télé-réalité sado-fascisantes, Goddard et Whedon lèvent le voile sur l’effroyable secret de cette macabre farce. Et là, place au cirque, un festin de mort aux limites du cartoon qui risque d’en laisser plus d’un de ce côté-ci du Styx mais dont l’humour noir bienvenu et la générosité l’emportent sur bien des scories.

Malgré des incohérences de scénario monumentales (voulues ? On est dans le méta, j’ai compris, mais ça n’excuse pas tout) et une certaine laideur visuelle, La Cabane dans les bois en donne au spectateur largement pour son seau de popcorn et ça tombe bien, il est venu pour ça. Explosion de gore païenne, action frénétique et intervention impromptue d’une chérie de ces geeks amènent tranquillement le film vers un enjeu final vertigineusement plus ambitieux que ce que la bande-annonce, encore elle, ne laissait entrevoir. Avant de nous faire parvenir à une conclusion au nihilisme assez radical, La Cabane dans les bois aura chouchouté les fans de ciné de genre avec une cascade de clins d’œil (Evil Dead A DONF’, Vendredi 13, Mondwest, Massacre à la tronçonneuse et beaucoup d’autres surprises…). Le film aura également comblé les séries addicts en piochant son casting chez les jeunes protégés de Whedon (l’hilarant Fran Kranz, Amy Acker, Tom Lenk…) mais aussi du côté des vétérans Richard Jenkins (papa Fisher dans Six feet under) et Bradley Whitford (A la maison Blanche, Studio 60…). Tous plutôt bien dans la note. Bref, pas de quoi crier au chef-d’œuvre, mais la mission-divertissement est amplement remplie, avec en prime une belle surprise au parfum de Lovecraft. Que demande le peuple ?

La Cabane dans les bois, de Drew Goddard (1h35). En salles.

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