
Semaine Whiplash : Interview de Miles Teller, acteur principal
Semaine Whiplash, jour 2 ! Avant la sortie demain du choc jubilatoire de Damien Chazelle, c’est une courte interview de son interprète principal Miles Teller, toujours réalisée lors du dernier festival du film américain de Deauville, que nous vous proposons. Repéré dans The Spectacular Now et Divergente, avec sa bonne amie Shailene Woodley, ce jeune homme de 27 ans à la voix cassée, né en Pennsylvanie, explose littéralement dans Whiplash. Lui-même joueur de batterie, il prête à son personnage d’Andrew Neiman une colère et une rage de vivre obsessionnelle bien lointaines du garçon aimable et posé que nous avons rencontré. A la croisée des chemins, Teller avait déjà tourné le reboot des Quatre Fantastiques de Josh Trank au moment de notre rencontre. Il y incarne le rôle de Red Richards et nous en parle aussi un tout petit peu. Non, rien à voir avec la batterie mais là encore on imagine que ce garçon fera du bruit…

Miles Teller (credit photo : David Mikanowski)
DAILY MARS : Vous avez vous même joué de la batterie à l’adolescence mais avez vous suivi une formation particulière pour le rôle ?
MILES TELLER : Oui j’ai fait trois semaines de répétitions avant le tournage, à raison de quatre heures par jour, trois jours par semaine. Damien fut mon premier coach, il est lui-même un excellent batteur de jazz et il a apporté son kit de batterie chez moi, on s’est entrainé sur le sien. Puis un autre gars m’a formé à Los Angeles. Mais quand il m’a recruté, Damien ne savait même pas que je jouais de la batterie. C’etait une totale coïncidence que le film soit aussi autobiographique, d’autant que J.K. Simons a lui-même été chef d’orchestre, tout cela ajoute à l’authenticité du film.
La tension permanente entre Andrew et Fletcher dans le film était-elle entretenue entre les prises ?
Non, ni J.K. ni moi n’étions dans nos personnages toute la journée. L’esprit du tournage était vraiment plutot du genre : Damien criait “coupez !”, l’un de nous balançait une blague et on passait à autre chose. De toute façon, certaines des scènes de ce film sont tellement absurdes et énormes qu’on est obligé d’en rire, comme lorsque J.K. me balance des cimbales à la gueule. Avec un film aussi intense, il ne faut pas se prendre trop au sérieux si vous ne voulez pas vous bruler.
C’est aussi le message du film ? Aucune perfection artistique ne vaut de s’aliéner à ce point comme le fait Andrew ?
Whiplash explore ce que l’on doit endurer pour atteindre son but. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Je n’ai pas de réponse. Andrew et Fletcher ont de très haut standards dans leur conception de l’excellence et j’ai du respect pour quelqu’un qui se sacrifie autant pour accomplir son rêve.
Peut on comparer la relation entre votre personnage et celui de JK à celle d’un réalisateur et d’un acteur ?
J’ai connu des réalisateurs, que je ne nommerai pas, qui se comportaient comme des tyrans sur un plateau. Ca ne m’aidait pas à jouer mieux pour autant. Après tout dépend du contexte : si c’est un film important, avec une grosse infrastructure, de très gros enjeux, je peux comprendre certaines attitudes … Personnellement, ça ne me pose aucun problème qu’un réalisateur me dise “Miles, c’était pourri on la refait”, mais d’autres acteurs auront besoin qu’on les dorlote beaucoup plus genre : “C’était super, mais on va la refaire !”. Un metteur en scène, sur un plateau de cinéma, il fait avant tout du management de personnalités.
Whiplash se distingue par ses nombreux gros plans sur votre visage souvent tordu par la douleur : avez vous physiquement autant souffert que semble souffrir Andrew ?
Oui, toutes les scènes où vous me voyez dans la salle d’entrainement, à battre comme un malade, toutes ces scènes ont été tournées en un jour. Plusieurs heures à jouer, à jouer et jouer encore, en sueur, à changer des bandages, je devais aussi régulièrement changer de t-shirt entre les prises… Bon en revanche le sang que vous voyez sur mes mains n’est pas réel, bien sûr. Mais la fatigue que vous lisez sur mon visage l’est bel et bien. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à ce qu’il y ait autant de gros plans, je n’avais pas du tout saisi que Damien allait filmer cette histoire comme un thriller horrifique pointu.
Vous retrouverez Damien Chazelle pour son prochain film La La Land, l’histoire d’un pianiste de jazz qui tombe amoureux d’une jeune actrice à Hollywood.
Ce sera une comédie musicale avec des scènes de danse où je chanterai et Emma Watson aussi. Ce sera moderne et contemporain, ca ressemblera au New York, New York de Scorsese. Le film évoquera ce que c’est que d’être jeune et amoureux tout en débutant une carrière avec sa moitié : on pense que cette personne est forcément la bonne pour la vie, puis le film explore ce qui arrive au couple quand l’un des deux commence à s’élever alors que l’autre fait du surplace et les tensions qui en résultent. Quelles conséquences ont sur votre couple la non réalisation de vos rêves.

A Deauville toujours, Miles Teller et un sombre individu en pleine fascination… (crédit photo : David Mikanowski)
On va aussi vous découvrir en tant que nouveau Mr Fantastic dans le prochain reboot des Quatre Fantastiques, signé Josh Trank…
On a fini de filmer en août avec Josh. Il y a deux ans, je tournais That awkward moment avec Michael B. Jordan et il venait de recevoir le script du film, il savait qu’il allait être la Torche Humaine. Il fut le tout premier à être recruté. Je me rappelle en avoir parlé avec lui à l’époque et Mike me disait : « Tu devrais vraiment auditionner pour Red Richards ». J’ai trouvé l’idée pas si absurde et à partir de là j’ai commencé à faire des recherches sur le personnage, qui est très différent de tout ce que j’avais joué jusque-là. Josh était intéressé par ma candidature mais le calendrier de tournage ne correspondait pas du tout au mien. On a fini par faire fonctionner ça et je pense vraiment que le cast sera l’un des points forts du film.
Confirmez-vous qu’il s’agira d’une histoire basée sur un « found footage », sur le même mode que Chronicle, le précédent film de Trank ?
Non, ça n’aura rien à voir. Le film montrera comment étaient ces personnages avant de devenir les FF, avant d’être des super héros.
PROPOS RECUEILLIS LE 12 SEPTEMBRE 2014 PAR DAVID MIKANOWSKI ET JOHN PLISSKEN AU FESTIVAL DU FILM AMÉRICAIN DE DEAUVILLE.
REMERCIEMENTS : MICHEL BURSTEIN ET YUKIE LIZUKA.
A SUIVRE demain : critique et genèse de Whiplash.