Série Series 2014 / Heartless : cœurs à vif et fantastique à la danoise (par Déborah Gay)

Un frère, une sœur. Abandonnés à la naissance, désormais lycéens, ils ne peuvent survivre qu’en aspirant l’essence vitale des autres par un baiser. S’ils y vont trop fort, leur victime s’embrase et décède. Comment vivre quand on est maudit, seul au monde et qu’on ne sait pas qui l’on est ?

Pour le frère, Sébastien (Sebastian Jessen), la situation est un cauchemar. Il n’arrive pas à se réfréner et tue ceux qu’il touche. Il a décidé de manger le moins possible. Sa sœur, Sophie (Julie Zangenberg) s’accommode de la situation de façon plus cynique et parvient à s’arrêter à temps. Ils décident alors de partir ensemble à la découverte de leurs origines, dans un pensionnat danois, seul piste qu’ils possèdent pour en savoir plus sur eux-mêmes.

Une série young adult pas si noire, pas si blanche

Si dès le départ, Sébastien semble être le gentil de service face à une Sophie plus agressive et plus séductrice (et prédatrice), on sent bien que la réalité est plus complexe que ça.

Sébastien se nourrit peu. S’il emmène Sophie se « nourrir », c’est pour après la forcer après à partager son repas, en embrassant sa sœur de force et contre sa volonté.

C’est une volonté claire du scénariste, Morten Dragsted : « Nous avons voulu faire une teen série à la mode scandinave : il n’y a pas de bon ou de méchant, c’est plus dans une nuance de gris ».

On reste quand même dans une série pour les 15-30 ans. L’ambiance est celle d’un pensionnat perdu au milieu des bois, qui cache le secret de la malédiction des jumeaux. Là, les élèves suivent des cours d’escrime, et les pions sont violents : ce sont des passionnés d’armes à feu et ils ressemblent à des membres de la milice.
Si la série ne révolutionne pas le genre, la photo reste très belle, très léchée. Le tout, dans une ambiance très sombre avec quelques éclats lumineux, comme la majorité des séries produites actuellement.

Diffusion sur Internet

Sophie et Sébastien : le duo au centre de la série.

Point fort de la série, elle a été diffusée en vidéo à la demande au Danemark, en mode payant. Même si les chiffres ne sont pas sortis, il semblerait qu’ils aient été plus qu’honorables. La série a par ailleurs été achetée par la Norvège et est visible en ligne sur le site de la NRK, une chaine publique, gratuitement.
« Il faut aller là où sont les jeunes » explique le producteur, Ronnie Fridthjof. « Il s’agit d’une petite cible, les 15-30 ans, et ils sont souvent sur le Net. En Norvège, il y a eu plus de 100 000 visiteurs uniques lors de la diffusion du premier épisode sur le site ».

Une suite possible ?

La série a été réalisée pour une petit chaine suédoise, Channel 5, et ciblait précisément la tranche des 15-30 ans. Elle a été en parallèle diffusée en ligne via système payant.
Selon le producteur, cela a été un vrai succès, car la série a pu toucher 25% des téléspectateurs de la cible. Mais dans un pays comme le Danemark, avec 5,6 millions d’habitants, c’est trop peu. Channel 5 n’a pas été satisfaite des résultats. «Mais pour ce qu’ils attendaient, il aurait fallu faire un polar » plaisante le producteur.
Résultat : la saison 2, bien qu’écrite, est en danger et en recherche de fonds. « Nous avons besoin de financements publics. La cible est petite, et les jeunes adultes ont aussi le droit à de la fiction de qualité ». Le scénariste serait au moins soulagé : « Avec deux saisons de cinq épisodes, on pourrait au moins clôturer l’histoire. Là, elle n’est clairement pas finie, nous n’avons pas répondu à toutes les questions ».

Il semblerait que France 4 soit intéressée par la série. Histoire d’avoir aussi le droit à nos « vampires » européens ?