
Série Séries 2013 : Le son dans les séries, enjeu sous-estimé ?
Proposée mercredi après-midi en présence d’un éventail assez large de professionnels, une rencontre a permis de circonscrire l’importance de cette question dans le processus de création. Elle a aussi et surtout mis en relief l’absence d’une coordination artistique forte dans la fabrication des fictions françaises. Vous avez dit showrunner ?
Ce rendez-vous, c’était quoi ?
Modérée par le compositeur Nicolas Jorelle, la rencontre/conversation « Le Son dans les séries » avait lieu mercredi 3 juillet à 14h30 au Théâtre de l’Ane Vert.
Ce rendez-vous, c’était avec qui ?
Cette rencontre réunissait le compositeur Christophe La Pinta (à qui l’on doit notamment la musique des Hommes de l’ombre et d’Alice Nevers, le juge est une femme), la monteuse image Emmanuèle Labbé (La Commune, Un Village Français), la directrice de post-production Muriel Delcayre (La Crim’, H, Section de Recherches), le sound designer suédois Mikael Brodin (30 Degrees in February) et Jean-Lionel Etcheverry (société Digimage)
Ce que l’on a a retenu de cette rencontre
1. Que le son est partie prenante de l’identité d’une série. Cela va sans dire, et pourtant cela va mieux en le disant : dans le cadre de cette rencontre, les professionnels invités ont rappelé avec force que la prise de son et l’illustration musicale sont partie prenante de l’identité d’une création télé.
« Les discussions avec un producteur et le réalisateur d’une série permettent véritablement de façonner l’identité d’une création, glisse Christophe La Pinta. Cela peut se faire en amont du processus de production – c’était le cas dans 70% du travail réalisé sur Les hommes de l’ombre– ou cela peut intervenir sur la fin.
2. Que façonner l’identité d’une série française, c’est compliqué. De manière assez unanime, les participants ont expliqué que l’absence d’un travail de coordination artistique globale plus important – ce que fait par exemple un showrunner aux États-Unis- pénalise souvent les créations françaises. Notamment quand il s’agit de définir le rôle de la musique dans la narration, et d’intégrer pleinement ces professionnels dans le processus créatif. « Sur Pigalle la Nuit, avec les producteurs, il y a eu une vraie réflexion sur cette question ; justement pour déterminer cela », se rappelle Emmanuèle Labbé. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Un exemple d’organisation salué par les professionnels pour tout ce qui tourne autour du son : Un Village français. Photo Charlotte Schousboe / France 3
Un exemple a cependant été salué : celui d’Un Village Français, où de « vraies séances sont organisées entre les producteurs et les musiciens autour d’un montage des images, pour travailler ensemble sur ces questions, explique la même personne. Cela demande cependant de libérer du temps : une demi-journée par film (sic). Or, aujourd’hui, on a souvent l’impression de courir après le temps. »
On est donc loin des moyens alloués par les séries américaines sur ces mêmes questions, où plusieurs équipes de monteurs son peuvent par exemple travailler sur un même épisode. Il est vrai que le processus d’industrialisation (et du coup, le partage des tâches) n’est pas du tout le même…
3. Que l’avenir pose beaucoup de questions. Entre l’instauration de normes européennes sur le réglage des voix et des musiques et une « véritable course à l’économie », les professionnels invités se montraient plutôt circonspects au moment d’évoquer l’avenir. « L’inquiétude, c’est de voir la place attribuée à la post-production se réduire… », redoute Muriel Delcayre.
Si des optimisations sont toujours possibles, il y a, pour eux, une contradiction certaine entre la « course à la qualité » lancée avec le développement de nouvelles séries françaises et une volonté manifeste de réduire les coûts. Une contradiction qui suscite de nombreuses interrogations.
On a plutôt l’impression que le sujet était « la musique dans les séries »…
Quand on entend le son dans The Shadow Line, notamment la scène d’intro de découverte du cadavre, on se dit qu’il y aurait beaucoup à dire sur l’importance de l’univers sonore d’un série, au-delà de sa musique.