
Séries Mania saison 4 : Gros plan sur Redfern Now
Deux séries australiennes sont à l’honneur cette année à Séries Mania. Redfern Now est le portrait du quartier de Sydney, Redfern, mais c’est surtout une fable sociale sur une Australie rarement vu à la télévision.
Du côté de l’histoire
Redfern Now, c’est le ou plutôt les récits d’un des quartiers de Sydney. Ce quartier, nous a expliqué Sally Riley, directrice des programmes diversité ABC présente lors de la projection, est celui où tous les aborigènes vivent et s’installent à Sydney depuis plusieurs décennies. C’est aussi un quartier touché par la gentrification.
A chaque épisode, on suit une maison différente et son histoire. Dans les deux épisodes projetés, on suit un agent de liaison de la police confronté à la mort de son voisin en cellule et un lycéen refusant de chanter l’hymne australien à l’école.
Ces portraits contemporains sont l’occasion de découvrir le sort d’une communauté aborigène dont on sait peu de choses finalement. Eh oui, ils ne vivent pas tous dans le bush, avec un pagne et un didgeridoo.
Du côté de la production
Sally Riley confie que la série The Street a fortement guidé les scénaristes de la série, c’est pour cette raison que Jimmy McGovern, créateur de la série, est venu travailler avec les scénaristes pour les aider à approfondir les histoires. Pour Sally Riley, cette collaboration était nécessaire, car il y a peu d’aborigènes qui ont les compétences d’écrire, de réaliser pour la télévision ou le cinéma. Le rôle de ce département d’ABC, c’est donc aussi de former et de développer les talents aborigènes de demain.
Beaucoup de Cassandres avaient prédit que la série se planterait, c’est pourtant un des plus gros de succès en Australie cette année. Elle a été renouvelée pour une saison 2 donc le tournage commencera lundi 29 avril (ce qui explique l’absence du producteur Darren Dale). France Ô a montré un fort intérêt pour la série mais ne l’a pas acheté pour le moment.
Les cinq choses que l’on a retenues de la projection
1. C’est un format d’anthologie, chaque histoire est indépendante. C’est vraiment bien pour découvrir la série, car on peut vraiment craquer sur une histoire et en trouver une autre radicalement différente à l’épisode suivant. L’inconvénient c’est que les épisodes sont très inégaux. Autant j’ai adoré le deuxième épisode présenté (« Stand Up », l’épisode 4 de la série), autant le premier épisode (« Pretty Boy Blue » l’épisode 6) m’a moins convaincu dans son ensemble. C’est le risque mais aussi l’avantage de ce genre de séries.
2. La réalisation est splendide. On sent un vrai regard photographique dans cette série, et pourtant les réalisateurs changent à chaque épisode. Les couleurs de l’épisode 1 (donc l’épisode 6 si vous suivez bien) et la direction artistique étaient splendides, malgré quelques effets d’esbrouffe (les gros ralentis sur les gouttes d’eau qu’on crache par exemple). L’esthétique de la série est très travaillée et le spectateur peut autant craquer sur elle que sur les scénarios.
3. Ca ressemble donc à ça de la télévision de service public. Une pique, ça, non… je ne me permettrais pas, voyons ! Disons qu’à l’heure où France Télévisions se penchent sur la question de la diversité, que la ligne éditoriale de France Ô laisse tout le monde circonspect et que France 4 se lance dans l’expérimental, il est intéressant de contater qu’à 15000 kmilomètres de là, le service public remplit sa mission de laboratoire (et pas que sur les nouvelles écritures).
4. L’écriture est authentique et ça se sent.On est désarmé par l’agent de police rongé par la culpabilité, on veut rester assis en soutien à Joel qui vient d’être renvoyé de son école… La série réussit à faire de problématiques très lointaines pour nous, des réalités qui résonnent dans notre présent. Chercher l’émotion juste pour faire comprendre, c’est la vraie réussite de cette série.
5. Ils sont doués ces australiens. Parce qu’une critique enjouée n’aurait pas été complète sans mon running gag des critiques Séries Mania.