
Seul sur Mars : mission patate
Adapté en film par Ridley Scott, Seul sur Mars est d’abord un livre d’Andy Weir, qui nous emmène sur la planète rouge où un homme lutte pour sa survie. Et il était temps que le Daily Mars se penche sur l’ouvrage !
L’histoire : Mark Watney et ses coéquipiers ont été pris dans une tempête de sable, peu de temps après leur arrivée sur la planète Mars. Laissé pour mort, le voilà seul sur une planète hostile. Il va lui falloir non seulement produire eau et nourriture, mais aussi contacter la Terre pour leur annoncer la bonne nouvelle.
Mon avis : Seul sur Mars est avant tout un livre feel good. Son personnage principal ne baisse jamais les bras, coincé sur une planète avec une compilation disco ignoble laissée sur place par l’un de ses coéquipiers. Drôle, balourd, parfois juste lourdingue, il sait qu’il n’a pas d’autre choix que d’utiliser tout ce qui est à sa portée pour survivre.
Amateurs d’hard science, vous pourrez certes y trouver votre compte, mais là n’est pas du tout l’intérêt ! Si certaines explications vous permettent de bosser votre chimie, et qu’Andy Weir a bien bossé sa géophysique martienne, le but n’est pas de voir comment terraformer une planète, mais bien d’être embarqué dans une aventure humaine de survie avec le sourire.
Pour éviter tout de même de tourner en rond, si la première partie est réalisée sous la forme du journal de Mark, nous passons rapidement aux réactions de la Nasa puis de ses coéquipiers, et grâce à cette alternance de points de vue, c’est un véritable message d’optimisme qui se dégage de l’histoire. Un problème après l’autre, Mark parviendra-t-il à rentrer chez lui ? Et surtout comment ? Le tout entouré d’une myriade de personnages, féminins comme masculins, prêts à tout par amour du disco !
Si vous aimez : la chanson Hakuna Matata avec des chiffres et des calculs, et même de la botanique au milieu.
Autour du livre : il a été adapté en film par Ridley Scott avec dans le rôle principal, Matt Damon. L’avis du Docteur No et l’avis de Jane McLane. Par ailleurs, à la base, Andy Weir avait lancé son livre en lecture gratuite sur son site Internet avant une diffusion à 99 cents sur Amazon et pour finir, l’achat par une maison d’édition.
Extrait : « Vérifiant ma combinaison, je me rendis compte que l’antenne avait labouré l’ordinateur de biosurveillance. Pendant les AEV (activités extravéhiculaires), les ordinateurs forment un réseau afin de permettre à chacun de surveiller le statut de ses collègues. L’équipage avait donc vu la pression atteindre zéro ou presque dans ma combinaison. Si on ajoutait à cela des données médicales catastrophiques et la vue de ce type dégringolant le flanc d’une colline avec une lance plantée dans le corps en plein milieu d’une tempête de sable… Pour eux, j’étais mort, à ne pas en douter.
Peut-être envisagèrent-ils vaguement la possibilité de récupérer mon corps, mais les règles sont très claires : un équipier qui perd la vie sur Mars doit rester sur Mars. Laisser son corps sur place permet de réduire le poids embarqué dans le VAM, d’économiser du carburant et d’augmenter les chances de rentrer à la maison sains et saufs. C’était bon à prendre.
Laissez-moi vous résumer ma situation : je suis coincé sur Mars, je n’ai aucun moyen de communiquer avec Hermès ou la Terre, tout le monde me croit mort et je suis dans un Habitat censé pouvoir durer trente et un jours.
Si l’oxygénateur tombe en panne, je suffoque. Si le recycleur d’eau me lâche, je meurs de soif. Dans le meilleur des cas, je finirai par crever de faim.
Ouais, je crois bien que je suis foutu. »
Sortie : 16 octobre 2015, éditions Milady, 472 pages, 7,90 euros.
Le problème du film c’est que c’est du mauvais Ridley Scott. Ça se veut de la hard science-fiction alors que c’est juste de la science fantasy. Les tempêtes martiennes ne peuvent pas faire ce que l’on voit dans le film. Le postulat de départ est donc bidonné.
Le bouquin dont est issu le film est du même acabit.
Les deux oeuvres ne sont qu’un condensé de copier/coller de programme de la NASA, d’extrapolation de situations plus ou moins réalistes et de facilités à base de deux ex. Un pur foutage de gueule.
Les deux oeuvres ne prennent jamais en compte l’état de la planète Terre. Ni écologique, ni géopolitique, ni même sociologique. Rien de ce qu’on voit dans le film ou qu’on lit dans le livre n’est possible, ni aujourd’hui, ni demain. Simplement parce que pour qu’une mission vers Mars de cette ampleur, nous n’avons ni les conditions géopolitiques – les USA lançant seuls une mission vers Mars est juste impossible – ni les ressources nécessaires – Surtout pour aller juste prélever des cailloux et faire des expériences de labo sur place.
Dans les deux oeuvres la tension dramatique est totalement artificielle – la dépressurisation du sas, par exemple. Dans les deux cas la personnalité du spationaute est totalement mise de côté, les deux auteurs ne s’intéressent absolument pas à la psychologie du personnage. C’est un scientifique, point. Il vient à bout de toutes les situations qui se présentent, point. Il faut se contenter de ce simple fait.
Ces deux oeuvres sont une déclaration d’amour débile à une science décrite comme toute puissante et capable de venir à bout de n’importe quoi.
C’est aussi une campagne marketing pour redorer le blason d’une agence spatiale américaine à bout de souffle dans la vraie réalité et bien incapable aujourd’hui de faire autre chose que de lancer des idées de possibilités dans un futur hypothétique de mission vers une planète morte et inhabitable; Mars.
Je ne comprends pas la fascination que peut avoir la perspective de s’enfermer pendant 6 à 9 mois dans un cylindre en métal bombardé par les radiation cosmiques en ayant l’impression de ne pas avancer, pour se retrouver enfermer 24/24, 7/7 dans un habitat précaire et sans jamais pouvoir respirer l’air martien ou toucher la surface de cette planète autrement qu’à travers des gants.
Si vivre sur une planète dévastée, à l’atmosphère irrespirable, aux tempêtes permanentes tentent tellement de gens, qu’ils restent sur Terre, on aura bientôt les mêmes conditions de vie ici.
Le film de Ridley Scott est une fresque imbécile de tout ce que nous promet la science en matière de lendemains qui chantent et le bouquin de Weir, juste un phénomène d’édition numérique monté en béchamel par une industrie du livre et un système de studios prêts à se jeter sur n’importe quoi pour faire de la thune. Le tout relayé bien sûr par une presse trop contente de faire des articles sur un sujet du moment qui va satisfaire la frange geekesque de ses lecteurs.
Ces deux oeuvres sont très dispensables.
Une seule réponse au pourquoi : parce que, les étoiles. Je suis fascinée de l’espace, de ce dont il s’agit, cette magie spatiale, et je ne suis pas la seule. Loin de moi de faire un débat sur la NASA, l’ASE, c’est mal ou pas, c’est pas vraiment le propos du livre non plus, je l’ai bien plus vu comme un peu d’espoir par les étoiles.
J’ai l’impression que ton avis est fait, mais le Daily Mars ne cherche absolument pas à « appeler à la frange geekesque de ses lecteurs », et surement pas avec Seul sur Mars. C’est un roman feel good, point. Et comme écrit dans ma critique, je vais tout à fait dans ton sens. Ce n’est pas de la hard fantasy.
Si tu veux lire un roman sur notre planète, géopolitique, écologique, il y en a bien d’autres. Techno faeries, Newland dont nous allons bientôt parler, le très bon Annihilation, La porte des mondes…