
Shadow of the Colossus : le remake grandeur nature
Que vous soyez un fan pur et dur ou hermétique à l’œuvre de Fumito Ueda, Shadow of the Colossus n’a pas pu vous laisser indifférent. Titre atypique phare de l’année 2005, le second jeu de Ueda est probablement celui qui aura mis la vénérable PS2 à genoux, forcée de reconnaître qu’il faut maintenant laisser la place à la génération suivante. Et même s’il reviendra six ans plus tard sous la forme d’une réédition HD aux côtés de ICO sur PS3, il faudra attendre 2018 pour que Shadow of the Colossus renaisse et brille de mille feux grâce à un remake grandiose.
The New Colossus
Shadow of the Colossus fait partie de ces jeux cultes, bénéficiant d’une aura spectaculaire, sans jamais avoir les reins nécessaires pour truster le haut des charts. Les stocks limités et la singularité du titre auront quelque peu sabordé le potentiel succès commercial, quand bien même les vrais de vrais criaient déjà au génie. De fil en aiguille, le jeu se taille une réputation de chef d’œuvre, comme une légende que les marins racontent une fois revenu du large, une bière à la main. Un titre d’envergure, capable de changer la vision de joueur comme seuls certains titres peuvent le faire. Évidemment, treize ans plus tard, la perspective actuelle pour certains de jouer à une vieillerie pareille n’est pas vraiment à l’ordre du jour, quand les jeux les plus récents affichent plus de polygones sur un personnage que pour l’entièreté de Shadow of the Colosssus.
Qu’à cela ne tienne ! Après le succès surprise du remake de la trilogie Crash Bandicoot, Sony annonce en fanfare le remake du jeu à l’E3 2017. L’annonce fut quelque peu glissée sous le tapis. Sauf qu’à la vue du trailer, ce n’est pas une simple reconversion qui se profile à l’horizon, mais bel et bien un vrai ravalement de façade afin de rendre au jeu sa gloire d’antan. C’est Bluepoint Games qui se colle à la tâche, spécialiste des remakes/portages et déjà maître de chantier sur les licences maison de Sony comme God of War, Uncharted ou encore Gravity Rush. Autant dire que restaurer une pièce maîtresse datant de 2005 vers les machines actuelles n’allait pas être une mince affaire.
Mais rappelons d’abord de quoi ça parle. Shadow of the Colossus, c’est l’histoire de Wander, mystérieux guerrier s’aventurant sur son fidèle destrier Argo vers les terres interdites. Il stoppe son avancée dans un temple, dépose une demoiselle sur un autel avant qu’une voix s’élevant du ciel et prétextant provenir du dieu Dormin vienne l’interrompre. Wander demande à la divinité de ressusciter la femme qu’il aime, et Dormin lui affirme que l’unique moyen d’y parvenir se trouve dans la destruction de seize colosses, représentés par des statues trônant fièrement dans le temple. Une fois la tâche achevée, elle reviendra à la vie. Le joueur prend les rênes de Wander, et s’élance donc à travers les terres interdites à la recherche de ces seize titans.
Le choc des titans
Pour quiconque ayant déjà parcouru ces territoires désolés à l’ère de la PS2, le choc sera incroyable et puissant. Jamais un même titre avec dix ans d’écart ne m’aura autant soufflé une seconde fois que celui-ci. Shadow of the Colossus est un jeu important dans ma vie de joueur, un vrai moment culte terminé plusieurs fois, et même refait juste pour goûter une dernière fois à certains passages qui restent gravés dans ma mémoire. Retrouver ses réflexes immédiatement sur un jeu déjà sacrément retourné, mais avec un moteur graphique actuel est quelque chose d’incroyable. À chaque coin de montagne, les échos du passé refont surface, rappelant des souvenirs émus, tout en le redécouvrant totalement. Comme si durant ces douze années le jeu avait su évoluer dans son coin, en silence, avant de refaire surface et de se présenter à moi, tout beau et neuf. Oui, comme l’évolution d’un Pokémon qu’on aurait chéri pendant des dizaines d’heures.
Ce n’est pas un simple monde ouvert qui s’offre au joueur, mais une vraie terre d’aventure purgée de toute vie, l’impression d’entrer dans des landes abandonnées et oubliées de tous, un pays libre, caché, dévasté et d’une infinie tristesse. Le souffle des montagnes au loin, les à-pics grisâtres qui sillonnent le bord de la carte ou les formations rocheuses jonchant les collines d’un vert mélancolique : tout le travail effectué par les équipes de Bluepoint respire la passion sans bornes, l’amour pour l’œuvre de Fumito Ueda et un respect total des intentions du créateur. C’est encore plus frappant de se rendre compte que, déjà à l’époque, le level design de l’ensemble était parfait, et qu’il ne suffisait que d’une update graphique pour transformait tout ce que l’on fantasmait ou interprétait. En réalité, tout est là. Sous nos yeux, les pixels et les contours anguleux de l’époque qui suffisaient à nous ravir se transforment, plus beaux que jamais.
Mais Shadow of the Colossus, ce n’est pas qu’un monde fantastique à traverser, il vaut aussi pour son approche épurée du gameplay qui y trouve son parfait contrepoint, le joueur n’ayant rien d’autre à faire que de galoper vers le prochain colosse. L’amplitude des montagnes et des passages escarpés accompagnés d’une ambiance sonore muette, où résonne simplement le galop d’Argo, c’est aussi ça la magie de Shadow of the Colossus. Une plénitude constante, une traversée dans des décors majestueux dans le silence le plus total, sans que rien, ni transmissions radio ni quête annexe poppant par inadvertance, ne vienne entraver la poésie de ce qui vous entoure. Les petits lézards ou les fruits à abattre avec votre arc sont toujours de la partie, mais ce n’est finalement qu’une faune restreinte qui s’offre à vous, sublimée par ce remaster qui transforme un passage en forêt en un entracte boisé délicieux où la lumière perçante offre de superbes jeux d’ombres.
Arrive donc le moment où il faut affronter les colosses, ces géants de pierre et de chair planqués ici et là, attendant l’heure du duel contre le joueur. Tantôt gigantesque, tantôt flottant dans les airs, chaque colosse est totalement à part, bénéficiant de traits de caractères bien spécifiques et proposant une approche à chaque fois différente. Les combats se transforment en puzzle géant pour parvenir à lui grimper dessus et dénicher son point faible. L’épée de Wander permet de base de localiser les géants, mais aussi leurs points faibles, et il faudra parfois ruser et utiliser le décor environnant pour arriver à vos fins. Assumant la simplicité de son concept, Shadow of the Colossus n’est qu’une lutte contre une force de la nature, un David contre Goliath permanent, à la fois épique et intimiste, où seul résonne dans les montagnes le fracas du géant cherchant à vous écraser.
Mais c’est bien le grab qui fait tout le sel du jeu. D’une simple pression de la gâchette, Wander s’agrippe à un rebord ou une fourrure suffisamment touffue, affichant également une jauge d’endurance qui s’améliore à chaque victoire. Celle-ci détermine la capacité du héros à rester accroché à son opposant, qui évidemment fera tout pour vous faire chuter et se dégager. Au joueur donc de comprendre le pattern de l’ennemi, de trouver le bon moment pour grimper sur lui et accéder à ses points faibles afin de l’achever à coups d’épée. Une mécanique qui peut paraître redondante, mais c’est sans compter la capacité du jeu à renouveler constamment les rencontres. Une cavalcade à cheval dans le désert à la poursuite d’un serpent volant, un saut judicieusement placé pour grimper sur l’aile d’un colosse fonçant sur vous, une roulade pour esquiver la monstrueuse épée de pierre : autant de moments épiques, incroyables, jamais vus ailleurs, qui possèdent un charme unique et qui transforment ces combats en de superbes joutes où rien ne viendra entraver l’émotion et le frisson du moment.
Les pieds de pierre et d’argile
Le boulot de Bluepoint Games est incroyable quand on voit le respect total des équipes à l’œuvre originale, sans jamais la trahir, tout en la sublimant totalement. Pouvoir faire découvrir au plus grand nombre, à une génération récente, l’un des plus grands jeux de ces dernières années, c’est le réel intérêt d’une telle opération. On pourra reprocher une modélisation de Wander un peu passe-partout, mais tout est là, à la bonne place, même les défauts évidents de l’époque comme une physique du héros pas toujours probante et une caméra parfois capricieuse (le leitmotiv des productions Ueda). Les vétérans n’y font déjà plus attention, et les nouveaux venus parviendront sans mal à en faire abstraction tant la singularité du titre l’emporte, porté par les mélodies de Kow Otani qu’il a retouché pour l’occasion.
C’est donc ça la force de ce remake : parvenir à garder l’essence du jeu d’origine tout en remettant la technique au goût du jour. Réussir à saisir cette ambiance si particulière, une quiétude singulière mélangée avec cette dimension épique où deux êtres se font face. Parvenir à gérer des échelles impressionnante, aussi bien sur les colosses que sur les décors, le tout en racontant une histoire forte, empreint d’une tristesse et d’une douceur typiques des créations de Fumito Ueda. Le boulot accompli au niveau graphique est tel que Shadow of the Colossus tient sans problème la dragée haute aux productions AAA produites pour la PS4, et se hisse parmi les plus beaux jeux de la console. Le mode Photo ajouté pour l’occasion est un vrai plus, et les screenshots maisons sont la preuve de la puissance évocatrice du titre.
On pourra reprocher au titre de faire le minimum syndical, de ne pas rajouter les fameux colosses annulés prévus à la base, une petite friandise pour les férus qui suivent le jeu depuis plus de douze ans. Mais finalement, voir une production aussi respectueuse de son matériau d’origine, en sublimant sa technique pour enfin le dévoiler au niveau de son ambition première, c’est aussi redécouvrir comme à l’époque un titre aussi magnifique que celui-là. Certes, la jouabilité particulière n’est pas aux normes de maintenant, malgré les ajustements faits pour l’occasion, et les habitués des open world remplis de choses à faire seront peut-être déçus. Mais ils risqueraient de passer à côté d’un véritable chef-d’œuvre, qui n’a pas pris une ride et met une somptueuse torgnole aux concurrents actuels. Si vous n’avez jamais tenté l’aventure, laissez-vous embarquer. Shadow of the Colossus, c’est un voyage unique, une épopée fantastique, intimiste, grandiose et somptueuse de bout en bout. Oui, un chef-d’œuvre !
Shadow of the Colossus
Développeur: Team ICO/Bluepoint Games
Éditeur : Sony
Prix : 40 euros
Plates-formes : PS4
Oui, c’est vraiment dommage que Bluepoint n’ait pas osé aller un peu plus loin et corriger les derniers petits problèmes pourtant facile à éviter, comme la caméra (et encore, juste à certains moments précis).
Un peu comme quelqu’un qui repeint les murs de toute la maison mais laisse une prise électrique débranchée, alors qu’il suffit d’un coup de tournevis pour régler le problème.
Mais il faut bien reconnaître qu’il n’y a bien que dans le jeu vidéo ou on peu remaker un chef d’œuvre en le gardant intact.
O shadow of the Colossus, gosto muito do jogo e não jogo desde que o meu ps2 quebrou, seria uma boa relembrar as coisas pelo remake, além disso o novo god e the last 2 ainda n saíram, se o god já tivesse saído era ele(eu também gostava muito de jogar o primeiro god, até speedrun eu brincava de fazer as vezes, se eu soubesse como gravar a gameplay é tals na época agora eu tava na posição 24 da leaderboard.ou quem sabe até mais se eu tivesse continuado a melhorar meu tempo :v)