
Showeb Séries, premier du nom : un panel vaste et déjà indispensable !
Le Film Français organisait au Forum des Images, la première édition du Showeb Séries*, ce mardi 12 janvier. L’occasion pour un large éventail de diffuseurs d’introduire leurs offres respectives en ce début 2016. Si la plupart des annonces étaient attendues et pour le moins hétéroclites, l’événement s’avère très pertinent et nous ne pouvons que lui souhaiter une longue vie !
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OCS
Orange Cinéma Séries ouvrait d’emblée le bal avec une offre alléchante. L’occasion de démontrer qu’elle n’est pas uniquement le partenaire français d’HBO, notamment en confirmant ses investissements dans une production maison (OCS Signature) convaincante.
Elle montrait ainsi des images de Les Grands, nouvelle série des créateurs de la Lazy Company. Un récit autour d’un groupe de collégiens mis en scène par Vianney Lebasque (Les Petits Princes).
Du reste, OCS croit beaucoup au format du 26 minutes car, outre In America dont une saison 3 est en préparation, quatre autres projets ont été annoncés sur cette durée. Open Space, une comédie fantastique dont le tournage aura lieu entre avril et mai. La Bouse, une comédie en milieu agricole coécrite par Stanislas Carré de Malberg (La Famille Bélier). José, l’histoire du retour de Jésus par un des auteurs de Soda. Et, enfin, la prometteuse Irresponsable, un dramedy écrit par Frédéric Rosset (Fémis).
Côté US, l’événement HBO de ce début d’année se nomme Vinyl et devrait attiser l’éternel débat de la transposition du cinéma au format sériel. Façonné par Martin Scorsese, le pilote aurait notamment une durée de deux heures…
Mais la chaîne ne se contente pas d’HBO et propose une sélection de titres variés essentiellement issus du câble comme Ash vs Evil Dead, Hell on Wheels, Kingdom, Mozart in the Jungle, Blunt Talk, Black Sails et enfin The Girlfriend Experience (Starz / en avril) qui aura la particularité d’être un drame sur un format autour de 30 minutes, décidément, une spécialité sur OCS.
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Studio Plus
C’était ensuite au tour de Studio+, entité dédiée à la fourniture de contenus digitaux pour Canalplay, le “Netflix français” dixit Manuel Alduy qui présentait ici une offre pensée pour les écrans mobiles. Oui, vous avez bien lu, on parle ici de programmes destinés essentiellement aux téléphones, ayant pour but de combler une offre traditionnelle, et notamment d’accompagner l’utilisateur dans tous ses déplacements, même les plus courts.
Studio+ s’arrêtait ainsi sur Brutal, une série dont les épisodes sont justement inférieurs à 5 minutes (et heureusement !). L’objet dont on pouvait avoir un aperçu grâce à la projection des trois premiers volets devait appuyer la politique éditoriale de la maison selon laquelle il s’agit de proposer un rendu moins “web-série” et plus “premium”…
Brutal est effectivement un projet qui a des moyens. Elle offre quelques séquences de combats bien réglés et filmés avec une efficacité indéniable, mais c’est à peu près tout. Il faut croire que la réduction du format implique également une simplification du récit à sa plus maigre existence.
L’objectif de Studio+ est de lancer une vingtaine de séries digitales sur ce format pour une durée de saison proche de 90 minutes et avec des budgets avoisinant 1 million par titres.
La démarche est incontestablement d’avenir mais on reste perplexe devant la stratégie d’un studio qui aurait pu s’offrir – surtout avec les sommes ici investies – une série sur un format plus traditionnelle afin de développer une plus-value immédiate pour le “netflix français” !
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Syfy
Venaient ensuite deux entités de NBCUniversal : Syfy et 13ème Rue. La première fête ses dix ans en France (elle a débuté le 2 décembre 2005) et elle est aujourd’hui disponible en exclusivité sur Canalsat et Numericable.
Elle présentait essentiellement les Chroniques de Shannara, dont la diffusion a débuté le 12 janvier dans la foulée de la diffusion US (MTV).
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13ème Rue
Pour 13ème Rue, il était surtout question de sa case reine – intitulée Serial Thriller – qui occupe la soirée du dimanche soir. Affublée d’un sous-titre “le jour des saigneurs”, elle se prépare notamment à y diffuser Dig (à partir du 31 janvier), une minisérie décevante créée par Tim Kring (Heroes) et Gideon Raff (Hatufim, Homeland).
La chaîne semble satisfaite du succès de cette soirée récurrente dont Aquarius a tenu le haut du pavé en octobre dernier et si elle n’hésite pas à mettre en avant les autres titres anglo-saxons qui s’y succèdent (Bates Motel, The Fall), elle est restée muette quand aux titres scandinaves pourtant solides de son catalogue (Mammon et Modus). Dommage !
Arte
Du côté d’Arte, on se voulait cohérent avec une programmation à nouveau très soignée entre une sélection de titres européens et la présentation détaillée de la prochaine production de la chaîne : Trepalium (11 et 18 février). Un récit d’anticipation dans lequel actifs et sans-emplois sont séparés entre la Ville et la Zone !
La productrice Katia Raïs et le metteur en scène Vincent Lannoo étaient présents pour nous décrire une minisérie (6×52 minutes) ambitieuse sur un genre pour le moins rare dans la fiction française. Arte Creative a d’ailleurs mis en ligne un site interactif prequel à la série.
Les téléspectateurs d’Arte pourront également voir l’anglaise Wolf Hall (les 21 et 28 janvier) de Peter Kosminsky. Toujours en Angleterre, il y aura également la suite des aventures de Thomas Shelby avec la saison 2 des Peaky Blinders. Enfin, Arte diffusera la suédoise Jordskott. Un polar noir teinté de fantastique qui avait fait une apparition remarquée à la dernière édition du festival Séries Mania.
Juste avant de laisser la main à TF1, Olivier Wotling (directeur de l’unité de programme fiction) avait une dernière surprise sous la forme d’un montage des premières images de Au-delà des murs, la nouvelle minisérie de Hervé Hadmar, coécrite avec Marc Herpoux et Sylvie Chanteux. Juste de quoi entrevoir un huis clos assez glauque mais très prometteur.
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TF1
La “Une” clôturait ce Showeb en quatre temps avec un seul mot à la bouche : séduire le “miléniôle”. C’était d’abord de MyTF1 dont il était question. La plate-forme de Replay de la chaîne est en effet augmentée de différents contenus déjà présents sur Youtube dont un projet avec, hum… Chris Marques !
Plus sérieusement, on peut également y voir la websérie Random ou la reprise de séries animées “cultes” comme Nicky Larson et Olive & Tom. MyTF1 s’est aussi positionnée sur des séries coréennes en version originale sous-titrées (au nombre de 4) et une websérie (coproduction maison) assez foutraque répondant au nom de Mortus Corporatus.
Tout cela ne déplace pas des montagnes, mais il faut tout de même souligner que c’est une offre totalement gratuite !
Côté Fiction, on allait voir ce qu’on allait voir avec notamment Sam (6 épisodes), la nouvelle héroïne de la chaîne interprétée par Mathilde Seigner. Une prof de français un peu allumée dont on nous assurait que sa série, “c’est de la bombe” !
TF1 aura également Le Secret d’Elise (6×52 min). Une minisérie fantastique, remake de l’anglaise Marchlands. On pouvait voir également quelques images de La Main du mal (2x90min) avec Joey Star et Mélanie Doutey. Enfin, il y aura le retour de Clem (5 épisodes) pour une saison 6.
Sur le front US, TF1 proposera prochainement Les Mystères de Laura, Colony et Blindspot qui viendront s’ajouter à Person of Interest et les Experts Cyber, déjà en cours de diffusion.
Pour terminer, l’offre US+24 de MyTF1VOD annonçait la refonte de ses différentes applications mobiles pour permettre désormais le téléchargement définitif ainsi que la possibilité d’acheter une série par saison (le bien nommé Season Pass). Il sera notamment possible d’y voir Lucifer (Fox), Legends of Tomorrow (CW) et Containment (CW) !
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Les absents
Ce premier Showeb Séries comptait tout de même quelques grands absents. Le spectre de France Télévisions planait alors que France 2 avait pourtant des acquisitions à annoncer cette même semaine (Mr. Robot, War & Peace, Trapped et No Offence).
Malgré la présence de Studio+, on pouvait également s’interroger sur l’absence de Canal Plus en tant que tel. La chaîne prépare notamment l’arrivée du Baron Noir (création originale).
Enfin, l’épouvantail Netflix aurait tout à fait trouvé sa place dans cet aéropage du Showeb. La diversité des intervenants digitaux présents le démontre et cela aurait été une bonne occasion d’enfoncer le clou d’une année 2015 remarquable.
*: Le Film Français organise, déjà avec Newcast, un Showeb Cinéma au rythme bisannuel.