Sirens, langueur et sécheresse (en direct de Séries Mania)

Note de l'auteur

Shelly est mariée à son travail de policière, au grand dam de son mari et de sa fille. Dans la ville d’Eilat, à la frontière de l’Egypte, elle enquête sur des migrants africains en situation irrégulière. Sa vie bascule lorsque le corps de sa soeur jumelle, pourtant déclarée morte 17 ans auparavant, est retrouvé…

La ville d’Eilat est peu montrée à la télévision israélienne. Pour l’auteur, Shachar Magen, c’est une volonté de retourner sur les terres de son enfance afin d’exploiter ses longues étendues désertiques et la mer rouge. Cet aspect à la fois aride et humide se retrouve au coeur de la série. Il y a la promesse de son titre et d’une mythologie empruntée au conte d’Andersen : La Petite Sirène. Un fantastique dont on ne perçoit pas encore la valeur, après ces deux épisodes mais qui permet au genre policier qu’emprunte la série, de sortir un peu de sa case. La sécheresse se retrouve inscrite dans la narration. Les séquences sont très longues, étirées, souvent jusqu’à la rupture où il devient difficile de saisir les intentions de l’auteur. L’implication émotionnelle n’est pas encore suffisamment forte pour justifier cette langueur excessive et il arrive souvent de perdre le fil face à une nonchalance où la limite entre suspense et attentisme se dilue.

Malgré l’anémie, l’ambiance comme le mystère dégagent des effluves enivrantes et nous guident vers l’envie d’en découvrir davantage. Les deux premiers épisodes donnent peu, souffrent d’avarice, mais apparaissent des promesses. Le fantastique et aussi une vision plus politique quand elle exploite l’immigration. Eilat est une ville qui accueille beaucoup d’immigrés clandestins et l’auteur soulève les problèmes que ces flux imposent sur le rythme de la citée et l’évolution des mentalités. Une situation qui rappellera des questions soulevées en Europe et qui occupe encore beaucoup l’actualité.

Sirens est un objet souvent inconfortable. Tirant sur le fil de la patience, de l’endurance à supporter un récit alangui. Elle sait toutefois ménager une ambiance, jouer avec le folklore, le symbolisme et récompensera peut-être le spectateur persévérant une fois le mystère révélé. Elle n’a pas besoins de beaucoup pour s’embraser et c’est sur cet équilibre fragile que repose la réussite ou non, de la série.

Créé et écrit par : Shachar Magen
Réalisé par : Adam Sanderson
Avec : Magi Azarzar, Sasson Gabai, Alon Aboutboul, Roy Nik,…