Skyhill : du rogue et du zombie à tous les étages

Skyhill : du rogue et du zombie à tous les étages

Note de l'auteur

Daedalic, développeur et éditeur particulièrement connu pour ses excellents jeux d’aventure Point & Click (Deponia, A New Beginning) et RPGs (Blackguards, Divinity) a décidé de se lancer avec Skyhill dans le rogue-like en mettant tout plein de mutants/zombies dedans. Une idée d’une originalité folle donc, exploitée avec plus ou moins de bonheur.

Bon alors côté histoire, une intro d’une minute 30 en début de partie suffit à vous résumer le contexte : alors que la troisième guerre mondiale menaçait, vous êtes parti en voyage d’affaires et avez décidé de vous faire plaisir en vous offrant le luxueux penthouse au 100ème étage de l’hôtel Skyhill ! Mais voilà qu’à peine installé, une attaque bactériologique frappe le petit coin riant où vous êtes en villégiature.

Bonne nouvelle : le penthouse possède une protection bactériologique absolue et vous êtes donc épargné par l’attaque. Mauvaise nouvelle, au bout de quelques jours, vos vivres sont au plus bas et il va falloir vous taper 100 étages infestés de mutants/zombies dégénérés afin de réussir à atteindre la réception pour demander le remboursement du séjour. Oui, vu que le service et la fréquentation sont devenus déplorables, c’est bien la moindre des choses ! Et après, vous pourrez enfin rentrer chez vous et oublier ces horribles vacances… (oui, je brode un peu mais l’histoire un peu floue).

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Bon, évidemment, l’ascenseur est en panne, ou plutôt il marche bizarrement. Il ne descend pas, mais si vous accédez à un étage, vous pourrez ensuite utiliser l’ascenseur pour y redescendre (ne cherchez pas la logique !). Attention toutefois, à de nombreux endroits vous trouverez des boîtiers d’alimentation défectueux et il vous faudra les réparer, sans quoi aucun ascenseur ne fonctionnera dans les étages d’en dessous !

skyhill-inventoryCette étrange anomalie de fonctionnement a bien sûr pour seul but de vous obliger à descendre par les escaliers tout en vous permettant de rejoindre aisément votre penthouse qui vous sert de base d’opérations. Vous pouvez en effet y reprendre des forces et élaborer, à partir des objets trouvés lors de vos explorations, de bons petits plats, des médicaments, des armes bien sûr et du matériel varié. Vous pouvez aussi améliorer votre penthouse, ce qui est fortement recommandé, en particulier pour le renforcement de la porte, si vous voulez pouvoir faire une petite sieste sans être réveillé par des voisins curieux et peu aimables.
A chaque étage visité, trois pièces s’offrent à vous : le palier – souvent très mal fréquenté – avec sa cage d’escalier et son ascenseur, et deux chambres (une à droite et une à gauche car il est étroit cet hôtel). Là aussi, la fréquentation va de l’horrible à l’abominable, mais une fois l’occupant neutralisé, vous aurez la possibilité de fouiller la pièce ! Si vous êtes aussi chanceux que moi, vous pourrez ainsi fouiller jusqu’à huit étages sans trouver le moindre objet. Si vous l’êtes un peu plus, vous pourrez y trouver nourriture, matériel pour le craft, armes, médicaments ainsi que des cassettes, lettres et photos vous donnant des informations sur le devenir des habitants de l’hôtel ! Du background souvent très sympathique à lire ou écouter mais hélas un peu rare !

skyhill-002Là où ça se complique (encore), c’est que chaque déplacement d’une pièce à l’autre vous donne faim : un point par déplacement sur un compteur allant de 0 à 100 et vous ne pourrez recharger qu’avec les rares denrées que vous découvrirez peut-être au gré de vos explorations !

Autre petit souci, les autres habitants de l’hôtel se montrent pour le moins hostiles et en veulent à vos points de vie. Eux aussi sont au nombre de 100 et se régénèrent à l’aide de tout aussi rares médicaments ou de repos (qui vous redonne de la vie mais vous affame…).

Heureusement, vous allez vite trouver des armes (enfin espérons) et progresser dans vos compétences de combat, passant rapidement du statut de proie sans défense à celui hautement convoité de vermisseau ridicule ! Oui, comprenez que les armes trouvées seront souvent au départ bien faibles face au danger que constituent vos adversaires (sauf si vous tombez sur une hachette au 99ème étage, il paraît que ça arrive), et que vos compétences n’évoluent pas très vite ! Si en plus, comme moi, vous ratez 6 fois sur 7 votre cible avec un 62% de chances de toucher, le moindre combat devient une épreuve fort coûteuse, voire mortelle.

skyhill-003Bien sûr, si vous survivez assez longtemps pour trouver de quoi vous équipez décemment, vous aurez alors sans doute la possibilité d’assembler des armes dignes de ce nom (et il y en a une sacrée liste. Par contre non, il n’y pas d’armure, arggg). De quoi éliminer d’un geste du poignet la racaille mutante de hauts étages, mais vous risquez de rapidement rire à nouveau un peu jaune face aux mutants de catégorie « je dois me baisser parce que le plafond est trop bas » ou « je te frappe trois fois avant que tu aies bougé un cil » qui peuplent les étages inférieurs. Oui, plus vous descendez, plus les mutants sont forts, dangereux et fainéants apparemment vu qu’ils refusent de grimper dans les étages.

Résultat, pas de doute, l’effet die and retry est bien présent et la mort frappe aussi souvent que rapidement, surtout si vous refusez de vous abaisser à jouer en mode facile ! Et même là, atteindre le rez-de-chaussée vous demandera un peu d’intelligence, de talent et surtout de chance, beaucoup de chance ! En effet, l’aléatoire est un facteur omniprésent : occupation de la pièce par un mutant, possibilité de trouver du loot et qualité de celui-ci, chance de toucher votre adversaire, tout est facteur de chance, et si celle-ci ne vous sourit pas dans les premiers étages ou vous abandonne pendant quelques minutes de jeu, votre sort est scellé.

skyhill-005Vous êtes alors bon pour un nouvel essai, avec cette fois des petits avantages acquis en fonction de la qualité de vos prestations. Vous pourrez ainsi, à chaque partie, prendre un avantage actif et un avantage passif plus que bienvenus. Et s’il y a bien dans Skyhill, comme dans beaucoup de rogue-like, un petit côté addictif teinté d’orgueil qui vous poussera à retenter une nouvelle fois de sortir de ce foutu hôtel, deux gros points noirs viendront hélas assombrir votre belliqueux enthousiasme.

D’abord, les premiers étages sont relativement ennuyeux et peu remplis niveau loot. Et pour peu que vous peiniez à trouver une arme et/ou de la nourriture, la partie sera vite compromise. Ensuite, et je parle bien sûr en toute subjectivité, Skyhill c’est quand même moche ! Graphiquement, le jeu a fait le choix du rétro très rétro, et c’est franchement trop. Dommage, car j’ai beaucoup aimé l’intro avec le background en BD (qui m’a rappelé les plus belles heures de Max Payne). Mais passé cet instant de grâce, on ne peut pas dire que le jeu fasse dans le eye-candy.

Musicalement, rien de transcendant à part les excellentes voix off des cassettes trouvées lors de vos pérégrinations hélas encore une fois trop rares. Et je ne m’attarderai pas sur l’animation, il n’y en a pas… Quant à la fin, je vais spoiler gaiement en vous informant que vous ne trouverez la vraie fin du jeu qu’en réussissant à utiliser l’ordinateur de la réception. Si vous vous précipitez vers la sortie en comptant sur un happy end ou la bienveillance des développeurs, vous serez surtout bon pour une (énorme) frustration supplémentaire !

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Alors, je ne le conteste pas, mon avis global sur le jeu est peut-être obscurci par la poisse sans nom qui ne m’a pas quitté pendant mes différents essais, mes goûts esthétiques peu compatibles avec la direction artistique du titre et mon peu d’attrait pour les thèmes rogue et zombis qui tendent à envahir actuellement notre paysage vidéo-ludique. Mais à mon sens, Skyhill, en plus de ne pas déchirer graphiquement, n’offre pas assez de variété (surtout pour ce qui est des mutants) et de nouveautés et fait trop reposer ses mécanismes sur un hasard capricieux pour offrir une expérience inoubliable, surtout après quelques parties.

De plus, c’est dommage, mais vendu à 15€, le jeu vise une catégorie de prix où il peine à justifier l’investissement face à une concurrence innombrable avec beaucoup de titres de qualité. Daedalic, qui en a à priori les moyens, aurait peut-être dû investir plus significativement dans ce Skyhill afin de proposer une expérience de jeu plus aboutie, quitte à le vendre 10€ de plus. Du coup, cette première tentative dans le rogue-like s’avère décevante.

 

Skyhill

Développé par Mandragora Studio, édité par Daedalic Entertainment

Disponible sur PC & Mac

Prix : 15€

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