Music Mini Review : Slayer – Repentless (Nuclear Blast Records)

Music Mini Review : Slayer – Repentless (Nuclear Blast Records)

Note de l'auteur

Quatorze ans, jour pour jour, après leur dernier grand disque, God Hates Us All (sorti le 11 septembre 2001, ça ne s’invente pas), Slayer, les parrains du thrash metal américain reviennent d’entre les morts – au sens propre comme au sens figuré – avec un onzième album percutant, baptisé Repentless.

Mais nous sommes opiniâtres à ne pas mourir.¹

Hanneman_1964-2013_Still_ReigningCette citation, aussi surprenante que soit sa source, semble taillée sur mesure pour les Californiens de Slayer. Des groupes qui composaient le « Big Four » (avec Anthrax, Megadeth et Metallica), Slayer semblait être le seul à ne pas avoir été victime du bug de l’an 2000… Pour eux, les vrais problèmes ont commencé dans la décennie suivante.

Au début de l’année 2013, le groupe congédie (pour la troisième fois de son histoire, quand même !) leur batteur historique, Dave Lombardo. Quelques mois plus tard, Jeff Hanneman, l’un des deux guitaristes fondateurs du groupe, décède des suites d’une cirrhose alcoolique après deux ans de traversée d’un enfer médical. Ajoutées à cette série noire, les récentes déclarations plutôt désabusées de leur bassiste et chanteur, Tom Araya², laissaient entrevoir un groupe moribond et n’auguraient rien de bon pour l’album à venir.

©Antje Naumann

©Antje Naumann

Passée une courte mise en place instrumentale, Delusions of Saviour, c’est parti pour 40 minutes de thrash metal de la vieille école au travers desquelles Kerry King, le guitariste survivant, guide un groupe recomposé. Aux côtés d’Araya, manifestement en lice pour le prix du meilleur sosie de Charles Manson, Slayer est allé rechercher Paul Bostaph – qui a déjà occupé la place de Lombardo derrière les fûts entre 1992 et 2001 – et Gary Holt, le guitariste d’Exodus (le groupe jumeau malheureux de Metallica) qui assurait l’intérim d’Hanneman sur scène depuis 2011.

King a donc composé la quasi-totalité de l’album, à l’exception du titre Piano Wire, écrit par Hanneman pour l’album précédent. Ça se sent, tant le pape de la communauté des chauves barbus fait ici étalage de toute sa panoplie du parfait petit guitariste de thrash, étoffée au fil de ses 35 ans de carrière. Repentless est à l’image de tout ce que King a écrit pour Slayer depuis les débuts du groupe. Les morceaux sont courts, directs, agressifs… et diablement efficaces ! L’album n’invente rien. Le style de King n’a pas évolué – ce dernier va jusqu’à le revendiquer³ – mais, étonnamment, alors que l’album pourrait ennuyer (à l’instar de son médiocre prédécesseur, World Painted Blood, paru en 2009), il fonctionne plutôt bien.

©Ralph Arvesen

©Ralph Arvesen

À la fin de l’année dernière, Rock or Bust était le plus parfait des cadeaux d’adieu qu’AC/DC pouvait offrir à leur guitariste Malcolm Young, atteint de démence et contraint de quitter le groupe, le monde de la musique ainsi que celui des valides. De la même manière, en se cantonnant à faire bouger les têtes dans leur pré carré et en évitant de pasticher le style malsain et pernicieux des compositions de leur défunt camarade, King et compagnie lui rendent ainsi le meilleur des hommages possibles.

Si l’album patine un peu dans son dernier tiers, mis à part un You Against You aux délicieux relents punk et hardcore, des titres comme Take Control, Vices, Chasing Death ou Repentless ne déparent pas la production des quinze (voire des trente) dernières années du groupe. Parce qu’il n’a aucune autre prétention que celle d’être un bon album de thrash et qu’il ne cultive pas l’ambition de s’élever au rang de « classique », Repentless constitue une addition honorable à la discographie du groupe qui semble dire : « allez, viens Jef[f], viens, il me reste ma guitare, je la brancherai pour toi. 4» »

En bonus : le clip du morceau Repentless, avec Danny Trejo. Âmes sensibles, s’abstenir.

Aymeric Barbary

Slayer – Repentless (Nuclear Blast Records), sorti le 11 septembre 2015.
¹ Vers tiré de la chanson Rive gauche, d’Alain Souchon.
² Kim Kelly, Tom Araya sold his soul to Slayer, but was it worth it?, Noisey, 29 juillet 2015.
³ Tom Araya on Repentless: It’s “half of Slayer, but it’s still Slayer”, Blabbermouth.net, 4 juin 2015.
4  Citation (approximative) de Jef, de Jacques Brel.

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