Soleil froid (t.1 H5N4) de Pécau et Damien

Soleil froid (t.1 H5N4) de Pécau et Damien

Note de l'auteur

2030, ça y est le virus H5N4, avec les oiseaux comme propagateurs, a déferlé sur la terre avec ses conséquences apocalyptiques. Chaos social et guerres larvées, Jan, ex-militaire, tente de rejoindre le « sanctuaire » au cœur des Alpes. Dernier endroit au monde où l’on cherche encore un antidote.

L’histoire : massif alpin, 2030, un homme cherche à quitter l’horreur de la plaine pour les hauteurs, promesses d’immunité. Les trois quarts de la population ont disparu, le dernier s’entretue, Jan cherche la solution en compagnie de son robot de portage L2S. Une quête dangereuse d’un refuge perso et, pourquoi pas, d’un remède pour l’humanité contre cette grippe aviaire.

Mon avis : Soleil froid a tout de la BD d’anticipation mâtinée d’une effroyable réalité. Un (réel) rapport de l’Organisation mondial de la santé indique ainsi « La question n’est pas de savoir si le virus de la grippe aviaire risque de muter pour devenir mortel pour l’homme, mais quand ? » En 2030, la question ne se pose plus. Le virus H5N4 a détruit l’espèce humaine et tout l’équilibre qu’elle avait patiemment construit au fil des siècles. Tout lien social a disparu et on ne cherche plus qu’à survivre. À tout prix. C’est le retour vers les temps tribaux. Pour éviter une propagation plus importante, l’homme devient un loup pour l’homme. C’est glaçant mais prenant._SOLEIL_FROID_01_C1C4.indd

Le héros, Jan, a été exclu de l’armée régulière pour avoir préféré sauver sa peau que celle d’un de ses camarades lors d’une embuscade. Il préfère s’exiler dans le massif alpin. Là ou les Suisses prévoyants auraient installé une base laboratoire pour combattre le mal. Mais avant de quitter la « Grande muette », il « emprunte » une mule prénommée Marguerite, hommage à « La Vache et le prisonnier ». Un âne des temps modernes en titane capable de le protéger et de lui indiquer les potentiels dangers. Le dialogue de sourds entre l’homme et la machine est souvent savoureux.

Ce qui est aussi appréciable, c’est que Jan ne se voit pas en héros sauveur de l’humanité. Peut-être sera-ce le cas au final du deuxième tome, mais là, il cherche juste à sauver sa gueule. Point barre. Son périple au-dessus de Chamonix lui offre une aventure effrayante dans un monde où les oiseaux ne se cachent plus pour mourir. Et faire mourir.

C’est aussi un zoom, là aussi bien réaliste, sur l’homme qui traverse une période de danger pour sa survie. Repli sur soi, méfiance envers les autres, bassesse et violence à fleur de peau. Cela fait peur. Mais comme ce n’est que de l’anticipation, hein…

Si vous aimez : L’Armée des 12 singes de Terry Gilliam ou Alerte de Wolfgang Petersen.

En accompagnement : un plan ou les coordonnées GPS de l’OMS à Genève.

Autour de la BD : Pécau et Damien ont déjà collaboré sur le magistral « Cette machine tue les fascistes ». Pécau est maître dans l’art de faire avancer son scénario. Grâce à des flash-backs, il explique comment tout a commencé. Et retombe sur ses pieds.

Le trait de Damien est précis et il n’y a pas de doutes sur qui et qui.

Extraits : « Allez à Google X, dites-nous ce qui s’y trouve et nous aviserons. »

« Et pourquoi je ferais ça ? »

« Parce que c’est peut-être l’espoir du monde. »

« Désolé. Je ne suis l’espoir de personne. D’ailleurs, il n’y a plus d’espoir nulle part. Je vais partir ce soir pour éviter que vos puritains ne me brûlent sur un bûcher. Si vous voulez faire la route jusqu’à Google X, trouvez un autre pigeon. »

Sortie : 4 mai 2016, 56 pages, Delcourt Néopolis, 14,50 €.

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