Son of Zorn (FOX) Timide et Complexé

Son of Zorn (FOX) Timide et Complexé

Note de l'auteur

FOX dégaine sa première nouveauté rayon comédie. Son of Zorn, mélange les styles pour un résultat qui intrigue davantage pour les noms impliqués que pour sa réelle valeur.

Certains pilotes vous laissent perplexe et dans l’incapacité d’établir un jugement critique. Ou même une orientation. Positif, négatif ? Non, Neutre ou apathique. Son of Zorn fait partie de ces premiers épisodes. Il interpelle mais timidement. Et uniquement par son procédé : un personnage animé dans un monde réel. On voit bien qu’il y a une volonté de traiter ce phénomène normalement. Cette espèce de sous-Conan, issus d’un cartoon pour adulte, peut donc nous côtoyer, avoir une (ex)femme, un enfant, chercher un travail (autre que celui de massacrer du démon). Mais à aucun moment, l’animation ne vient provoquer quelque chose. Pire, le pilote aurait fonctionné de la même façon avec un acteur en chair et en os. Le décalage se trouve dans la nature du personnage et non dans sa forme. À quoi bon ?

574473-jpg-r_640_600-b_1_d6d6d6-f_jpg-q_x-xxyxxIl est tentant de balayer l’épisode. Se dire qu’il fera partie de ces séries que l’on ne retiendra pas. C’est le darwinisme à l’échelle sérielle. Seules les plus fortes peuvent s’en sortir dans un paysage surpeuplé. Enfin, avant d’abattre l’épée de Damoclès, on jette un coup d’œil aux personnes derrière cet objet atypique malgré sa tiédeur. C’est une valse de noms qui vont et viennent. Reed Agnew et Eli Jorne ; Phil Lord et Chris Miller. Entre la création et la diffusion, la série a perdu Eli Jorne, Reed Agnew a laissé sa casquette de showrunner au profit de Sally McKenna. Toutefois, ces présences donnent le ton quant au potentiel de Son of Zorn.

Pour rappel, on retrouve Agnew et Jorne au générique de Wilfred (FX). Un petit bijou au pitch non-sensique (un homme voit le chien de sa voisine comme quelqu’un déguisé en chien) qui a su cultiver un art du rire gras et de l’émotion à fleur de peau. Lord et Miller ont réalisé Lego, The Movie (entre autres). Dans les deux cas, les duos ont su, dans des genres différents, aborder la notion de rupture dans le réel, d’une fracture. Une association contre nature qui finit par fonctionner. Cela ne transforme pas la citrouille-pilote en carrosse mais l’idée offre une nouvelle perspective.

250259-jpg-r_640_600-b_1_d6d6d6-f_jpg-q_x-xxyxxSon of Zorn nous amène à réfléchir sur le statut de pilote. Un premier épisode doit être une promesse, un moment de séduction, une porte d’entrée. C’est une invitation, une main tendue à pénétrer un univers. Parfois, il nous prend de force, nous retient un peu violemment parce qu’il faut accepter d’être bousculé. Enfin, d’autres trouvent grâce par la force des noms en action. Ce n’est plus le pilote qui attire ou agrippe mais un nom qui rassure. Une politique de l’auteur, exercice périlleux qui ne garantit jamais le résultat mais qui pousse à la curiosité. Alors on a envie de croire à cet objet un peu étrange et trop sage en même temps ; envie de croire que le choc des dimensions va produire l’émergence d’un spectacle drôle et touchant.

Comme de nombreuses comédies aujourd’hui, nous attendons de Son of Zorn qu’elle sache marier l’humour et le drame dans des portraits complexes et des situations qui n’hésitent pas. Si l’animation restera, pour l’instant, un mystère, Zorn et son fils possèdent suffisamment d’épaisseur potentielle pour nous attraper. En attendant, il faut espérer que la série aille plus loin, sonne plus juste et passionne. Il reste du chemin.

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