
Sons of Anarchy (Bilan de la saison 5)
ATTENTION : La critique ci après ne s’adresse qu’à ceux ayant vu la saison 5 complète de Sons of Anarchy. Et pour être clair, si vous l’avez trouvée bonne, vous n’aimerez pas du tout cette critique. Vous voilà prévenus.
La cinquième saison de Sons of Anarchy vient d’achever mardi dernier après 4 épisodes d’une heure. Après une troisième saison faite d’hésitations incompréhensibles, une saison 4 qui radotait en permanence, la cinquième allait-elle être celle du renouveau ? Kurt Sutter allait-il de nouveau faire briller son bijou de mille feux, comme au bon vieux temps d’une saison 2 remarquable de tension et d’émotion ?
Non. Et cruellement. L’état de grâce de la fiction à bikers est bien loin derrière nous, même plus en vue dans le rétro. Sons of Anarchy est devenue sa propre parodie, une série qui ne compte plus que sur l’émotionnel pour nous tenir en haleine, qui ne s’adresse plus qu’à ceux qui aiment aveuglément ses personnages. Plus de place pour le rationnel, on joue sur la nostalgie.
La saison 5, que raconte-t-elle ? Sur le papier, il s’agirait de nous faire gober la descente aux enfers de Jax Teller, le Hamlet de la série, devenu président du club. Le procédé est simple : faire comprendre que le pouvoir pervertit les âmes, même les plus pures (en même temps, Jax et âme pure, on a du mal à y croire tant il est loin d’être un bon garçon). Kurt Sutter ne recule devant aucun artifice pour y arriver.
Jax a besoin d’un élément déclencheur pour basculer du côté obscur : Opie doit mourir, même si rien dans le processus qui mène à cet évènement n’est naturel, organique. Pensez donc : Jax a le choix entre prendre un membre du club au hasard pour le faire tuer afin d’apaiser le plus grand gangster de la région, Damon Pope. Sachant que Pope veut la peau de Tig, qui a tué sa fille, il décide… de ne rien décider. Et Opie, de façon ridicule, se retrouve au « bon endroit » au « bon moment » pour sauver un club qu’il avait quitté, puis rejoint, qui a provoqué la mort de sa femme, puis de son père, et qu’il a requitté. Incompréhensible, mais tellement utile…
Jax va agir dans le dos du club pendant toute la saison, mais aussi dans le dos du téléspectateur. Ça nous donne le droit à des scènes « mais en fait j’avais tout prévu », là encore manquant totalement de naturel, et surtout, absolument ridicules. Surtout quand le « prévu » est permi par un coup de bol monumental. En fin de saison, Jax fait semblant de livrer Tig à Damon Pope. Il en profite pour buter tout le monde, et sauver Tig, en utilisant le flingue de Clay (et ainsi le rendre coupable aux yeux de la police)… Ce flingue est en la possession de Jax parce que Clay l’a filé en cadeau (comment Jax pouvait-il prévoir ça ?) à Juice. Pratique, mais pas crédible.
Les personnages féminins se font marcher sur la tronche en permanence. Tara est envoyée au casse-pipe sans jamais être soutenue ou supervisée, quand elle doit interagir avec Otto en qualité de docteur, mais en réalité pour le convaincre de retirer son témoignage (Otto avait décidé en saison 4 de faire plonger le club en témoignant sur les actions illégales de SAMCRO). Là encore, la situation est ridicule: comment une administration pénitentiaire accepterait que Tara, qui vient d’épouser un homme qui est associé au grand banditisme, intervienne dans une prison, et encore plus avec un détenu qui appartenait au même groupe que lui ? Facile, répond Kurt Sutter, il suffit que je mette dans la bouche de Tara une ligne de dialogue qui repousse tous les problèmes « mais en fait ils ne savent pas que je suis mariée ». Mais bien sûr ! Si rien n’est naturel, il suffit de verbaliser et on passe à autre chose.
Gemma gagne le pompon cette année, avec une histoire d’une bêtise crasse. Donc elle n’est plus avec Clay. Elle boit, elle se drogue (en même temps, elle était loin d’être clean avant, hein…), et elle se tape un maquereau latino (Jimmy Smits, qui fait ce qu’il peut avec ce qu’on lui donne). Donc elle se fait insulter par Jax. Quand il bitait à droite et à gauche en saison 1, rien d’anormal, quand les membres du club s’envoient des putes à longueur de temps, pas de soucis. Elle a une période un peu plus relâchée, elle en prend plein la tronche. Et on lui colle un accident de la route avec les gosses à cause de son état pour ajouter à la culpabilité, pour ne rien gâcher ! Là encore, ça ne semble pas naturel (Gemma, conduire avec les gosses à l’arrière complètement pétée, sérieusement ?), pas grave, on fait dire à Gemma qu’elle a l’habitude de conduire sous influence et hop, tout est réglé !
Et histoire de bien enfoncer le clou, Jax prostitue tout bêtement sa mère, en la remettant dans les pattes de Clay afin de mettre en œuvre son plan machiavélique. Sans déconner. Ce même Jax qui se plongeait pensivement dans les lettres de son père, qui avait des envies de transformer le club, le rendre propre, moderne. Il est passé où, le progressiste ? Ah oui, il est dans ses voix off, super verbales, à la syntaxe parfaite. Moins parfaite quand il s’agit de parler aux gens.
Sons of Anarchy, c’est un drame Shaekspearien avec des personnages qui ont 38 mots de vocabulaire. Quand Jax s’assoit avec quelqu’un, qu’on se dit qu’il va nous ouvrir son coeur, nous donner un aperçu de la profondeur de son âme, on a droit à quoi ? « It’s deep, man » ou « This is serious shit ». Bonjour la puissance ! Bonjour le lyrisme ! Vraisemblablement, ce qu’il est capable de se dire dans la tête ou de dire à haute voix n’a pas la même force. Comme si son cerveau n’était pas correctement relié au centre de la parole. Celui qui raisonne, c’est Platon, celui qui parle, c’est Platini.

Jax : « This serious shit… it’s deep, man… you know »
Roosevelt : « Laisse moi tranquille, je taffe juste ici en attendant que Netflix relance Terriers »
Les points positifs sont tellement rares dans cette saison, tellement parsemés qu’ils sont noyés par cette avalanche de médiocrité assumée. Un seul épisode vient donner un coup de fouet, une piqûre de rappel qui nous ramène quelques années en arrière, quand la série était fun et épique : l’épisode où Walton Goggins vient jouer les guests. C’est hilarant, c’est inattendu, c’est utile au récit, ça révèle les caractères. Et ça nous sort du « noir pour le noir » dans lequel la série se complaît depuis 3 saisons.
Kurt Sutter avance à la complaisance, dans sa série. Opie devait mourir en saison 3 (ou au moins quitter le club), après avoir découvert la vérité sur la mort de sa femme. Jamais il ne doit accepter la situation comme il le fait. Juice devait mourir l’an dernier, tout comme Clay. Après, toutes les raisons sont bonnes pour les conserver (Sutter adorait Opie et Juice, il a besoin de Clay jusqu’à la fin de la série…). Il se fixe des plans et n’en démord pas. En saison 3, il fallait que la « partie Irlande » prenne une demi-saison, tant pis les 6 premiers épisodes tiennent du remplissage. En saison 5, il faut que Jax bascule, tant pis si ça se fait au détriment de la cohérence. Les Sons doivent durer 7 saisons. Tant pis si ça traîne en longueur (1). Tant pis si la série devient le fantôme de ce qu’elle représentait.
Pourquoi tant pis ? Parce que la série fonctionne toujours, parce qu’elle a de nombreux fans. Parce qu’elle a su créer un effet « groupe de rock » autour d’elle, avec ses groupies, ses aficionados. Parce qu’elle se veut la série du cool, avec des motos, des mecs en cuir, des nanas badass, mais avec de l’émotion dedans. Parce que FX laisse tranquille ses auteurs tant que ça marche. Sutter peut faire ce qu’il veut, sans être emmerdé. Après on peut trouver dommage que Sutter ne se trouve pas face à un executive intelligent et talentueux (il y en a) qui le remette un peu en cause, bouscule son train-train et fasse voler en éclat ses certitudes.
C’est dommage mais Sutter s’en tape (et il a raison, après tout). Il continuera son drama pendant deux saison, vomira sur les Emmys, les critiques, les blogueurs durant toute cette période. Il continuera de balancer des ennemis dégueulasses au visage des Sons pour les faire ressortir en héros (2). Il continuera de faire chanter sa femme dans la BO, même si ça fait bizarre vu qu’elle joue un rôle principal dans la série.
Sutter fait ce qu’il veut. On a le choix d’arrêter d’assister à ça. Encore heureux.
SONS OF ANARCHY, Saison 5 (FX)
Créée et Showrunnée par Kurt Sutter
Avec : Charlie Hunnam (Jax Teller), Katey Sagal (Gemma Teller-Morrow), Ron Perlman (Clay Morrow), Maggie Siff (Dr Tara Knowles), Kim Coates (Tig Trager), Mark Boone Junior (Bobby Munson), Tommy Flanagan (Chibs Telford), Theo Rossi (Juice Ortiz), Dayton Callie (Wayne Unser)
(1) : En plus d’être d’une lenteur assommante, la série s’est permis plusieurs épisodes « gonflés » cette année, passant des 40 minutes de rigueur à 1h quasi-pleine, évacuant ainsi toute notion de rythme. Sutter semble entré dans une logique de « tout ce que j’écris doit être filmé et monté dans l’épisode, je ne jette rien ». Comme un père qui filmerait ses gosses.
(2) : Cette saison encore, à trois épisodes du terme, un ancien U.S. Marshall interprété par Donal Logue (rendez-nous Terriers !) vient enquiquiner les Sons parce que Otto a assassiné sa petite sœur. Évidemment, il s’est fait virer des Marshall parce que c’est un pourri raciste. Évidemment. Pratique.
tu n’es pas obliger de regarder si la serie ne te plait pas. j e vient de lire se qui est marquer a part critiquer tu ne fait rien d’autre. je comprend pas les gens qui n’aime pas certaine chose mais qui se force a regarder juste pour critiquer a croire que tu doit vraiment te faire chier dans la vie pour critiquer la serie
je suis complètement Ok avec Raphaelle, ne regarde pas si tu n’aimes pas pour ma part j’adore cette série
Malheureusement je suis d’accord avec toi mais avec plus de peine peut-être…Je suis comme le scénariste j’aime les personnages et je ne veux pas qu’ils meurent alors je le comprends, je sais que c’est au détriment de l’histoire peut-être que pour la dernière saison il se lachera véritablement, en attendant ça devient des histoires sans trop de crédibilitées mais on s’en fiche après tout c’est le spectacle qui prime.
Totalement d’accord avec toi en plus sa dessert totalement les clubs ( les vrais)
Excuse mais je suis d’accord mais là il s’agit bien des 1% donc des gangs comme les Hell’s et autres…
Totalement d’accord avec les commentaires précédents. Cela ne sert à rien d’analyser et de critiquer une série pour dire à quel point elle a dévissé. Si tu n’aimes pas, tu ne regardes pas.
A moins que tu fasses cela, cher Dominique Montaï, dans un but d’analyse et de critique à destination des lecteurs afin de leur donner un point de vue, des éléments de compréhension qu’il peuvent choisir AUSSI de ne pas lire (ou de ne pas prendre au sérieux, au choix).
A moins que…
Chers Raphaelle, Slyve, Rachida, Zorglub, je vais commencer par copier-coller l’avertissement en début d’article :
« ATTENTION : La critique ci après ne s’adresse qu’à ceux ayant vu la saison 5 complète de Sons of Anarchy. Et pour être clair, si vous l’avez trouvée bonne, vous n’aimerez pas du tout cette critique. Vous voilà prévenus. »
Donc vous étiez avertis que la critique n’était pas élogieuse, loin de là. Les arguments sont présents, étayés, aucune attaque n’est gratuite. Si vous ne vouliez pas lire une critique négative de votre série favorite, il fallait en rester à l’avertissement.
Depuis quand cela ne sert à rien de critiquer ce qui a « dévissé », de donner son avis sur quelque chose qui nous a déplu ? On ne doit écrire que des critiques positives pour ne froisser personne ?
Une critique est un avis personnel, basé sur des opinions. Si vous voulez juste du factuel sans éditorialisation forte, nos confrères d’Allociné font ça très bien.
Quand à regarder ce qui ne nous plaît pas, désolé d’avoir cru, naïvement, que cette saison 5 allait être celle du renouveau après une 3e et 4e moyennes. Il est certain que je ne me ferais pas avoir pour la 6e: c’est Marine Pérot, plus positive que moi sur ce sujet qui en parlera, et très bien.
Dernière chose : j’ai adoré SOA. Ce n’est plus du tout le cas. Tant pis pour moi. Vous l’aimez toujours, tant mieux pour vous. Mais plutôt que de m’attaquer sur la pertinence de mon article, regardez vos commentaires : vous ne défendez pas la série. Du coup sont-ils plus pertinents ? Vous voulez laisser une trace de votre amour de SOA ? Vous voulez montrer à ceux qui n’aiment pas la saison 5 qu’ils ont tort ? Alors argumentez, s’il vous plaît.
Mais pourquoi perdrions nous notre temps à rédiger une critique (donc tout à fait subjective) pour défendre et argumenter sur une série qu’on apprécie ! Il suffirait simplement de reprendre point par point l’article et de dire sont exact opposé, pas très constructif tout cela, à mon goût en tout cas… J’ai mieux à faire personnellement…
erratum : « son exact opposé »
Bien que j’estime nombre de vos arguments justifiés. Il n’en ressort pas moins votre méconnaissance de la réalité du milieu « Biker » ainsi qu »une grande naïveté quant à ce qui se passe « vraiment » dans notre société.OK certaines choses semblent irréelles, et pourtant… Depuis le début l’on nous fait bien comprendre que ce sont des anti-héros, des Hors-la-loi, des voyous réalistes parce que « pas très malins » (bien qu’ils soient convaincus du contraire, comme tous les cons) Ils respectent des codes qui leurs sont propres, & comme dans la vraie vie , ils s’y perdent souvent… Donc, si le postulat de la série ne convient pas, qui « nous » oblige à regarder? Bien entendu que la série « justifie » ce qui s’y passe, puisque l’idée est de démontrer la logique des Bikers. La liberté est nôtre de cautionner où pas. J’aime cette série parce que justement tous sont pathétiquement cons, mesquins, manipulables et de ce fait hautement dangereux. Je ne les glorifie pas. Je prend cela avec un regard critique , une vision sociologique. Personne dans cette série ne force à cautionner, j’ai plutôt l’impression que c’est l’inverse, que la morale sous-tendue est: Il est des jeux auxquels pour gagner, il ne faut pas jouer.
je suis fan de cette série très bien faite violence sexe drogue et émotion aussi quand opie se fait tuer mon chouchou dans la série voila se que j avais à dire ,)