Sound of Da Police ! (BattleField : Hardline)

Sound of Da Police ! (BattleField : Hardline)

Note de l'auteur

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Après une seconde session de bêta ma foi plus rassurante que la première, j’étais plutôt curieux de voir ce que valait ce Battlefield « gendarmes et voleurs ». Exit les opérations paramilitaires et les lignes de front musclées, place aux poursuites à coups de sirène de police et de radio faisant résonner les sons de Down on the Street des Stooges ou The Ripper de Judas Priest. Tout un programme ! Certains voyaient en ce Hardline un épisode de transition réalisé par Visceral Games (saga des Dead Space), d’autres plutôt un épisode « moyen budget » histoire d’avoir le temps pour Dice de préparer le terrain pour Star Wars BattleFront. Alors, qu’en est-il ?

Battlefield™ Hardline_20150322010028« Previously on Hardline »

Une fois n’est pas coutume, on commence par un tour dans la campagne solo. Une bonne partie de la communication sur le jeu était basée là-dessus, et vantait les mérites d’une histoire digne des meilleures séries policières, avec à la clé beaucoup d’acteurs assez connus ayant prêté leur voix mais aussi leurs visages. On y retrouve Kelly Hu (Le flic de Shangaï, Arrow) dans le rôle de la partenaire du héros, Benito Martinez (The Shield, Sons of Anarchy) pour le capitaine de la police en mode patriarche ou encore Adam Harrington, qui s’était déjà prêté au jeu de la motion capture sur L.A. Noire. Le jeu pousse le vice à placer des petits montages « Précédemment » ou « Prochainement » lorsqu’on reprend ou qu’on quitte le jeu, histoire d’appâter le chaland pour qu’il revienne avoir sa dose. On sent que tout a été fait pour coller aux codes de la série policière américaine, même la durée des « épisodes » correspond en moyenne à 40 minutes.

Dans ce solo, on incarne Nick Mendoza, un jeune flic qui fait son boulot à Miami comme il se doit. Le genre de policier droit dans ses pompes qui croit à la justice de son pays (quel niais). Battlefield™ Hardline_20150322014017Évidemment, il se retrouve confronté à une histoire de corruption au sein de son service. Il va être aidé par sa partenaire asiatique adepte des arts martiaux et d’un voyou, pas si méchant que ça finalement. Oui, c’est vraiment de la série policière, avec tous les clichés qui vont avec. J’attendais surtout d’Hardline qu’il se démarque de ses grands frères pour proposer une vraie aventure policière et ne tombe pas dans le militaire à outrance en abusant des scènes d’actions. Étonnamment, c’est le cas. Et même un peu trop. Le jeu propose une mise en scène ma foi assez soignée avec un moteur graphique dans l’ensemble plutôt efficace : mention spéciale aux ambiances nocturnes, notamment au début, et aux différentes intempéries de certains chapitres, très réussies. Les personnages sont plutôt bien rendus. Reste que certaines textures moins folichonnes font parfois un peu tâche, notamment en extérieur. Niveau gameplay, le côté « flic » ressort notamment avec la possibilité d’arrêter les criminels. Nick peut brandir son badge face à des ennemis pour qu’ils laissent tomber leur arme et se rendent, afin de les menotter et de grappiller des points supplémentaires. On trouve même des criminels recherchés, qui octroieront des bonus si on arrive à les menotter vivants. Oui, menotter un cadavre, on appelle ça de l’abus de pouvoir. Précision : on peut le faire avec trois ennemis grand max, tout en veillant à bien surveiller les copains de celui qu’on menotte histoire que le 9mm planqué dans leur dos ne les chatouille pas trop. Le jeu propose aussi d’analyser à l’aide de son portable certaines salles afin de récupérer des indices. Une variété de gameplay qui aurait pu être bienvenue si le rythme n’en pâtissait pas.

Battlefield™ Hardline_20150321170107En effet, la majorité des chapitres se découpent principalement en petites arènes avec des ennemis qui gardent les lieux ainsi que des alarmes qu’ils peuvent activer pour faire venir du renfort. Le joueur est fortement encouragé à se saisir de son téléphone pour marquer les ennemis, profitant souvent d’un point de vue placé exprès pour cela, et d’y aller discrètement en se débarrassant des adversaires un par un. On peut même utiliser des pièges, par exemple des mines lasers ou des pains de C4. Ça ne vous rappelle rien ? Un petit Far Cry 3 peut-être ? Bingo ! On sent l’influence évidente du jeu d’Ubisoft sur les phases armées où, comme dans tout bon FPS du moment, le choix est donné au joueur d’y aller au forcing ou en finesse. Le comble du comble : le dernier chapitre qui propose carrément au joueur d’explorer une île infestée de soldats et de petits camps de base. Le souci, c’est que Battlefield, ce n’est pas de l’infiltration. Ça n’a jamais été taillé pour ça. Et le gameplay est tout sauf passionnant : passer d’un garde à un autre en les assommant est loin d’être excitant, surtout quand l’IA des ennemis est proche de celle d’une pompe à vélo. Pour dire, je me suis surpris dans certains passages à tirer en l’air pour alerter les ennemis afin d’avoir de l’action. Surtout que le jeu propose parfois quelques morceaux de bravoure obligatoires, un peu maladroits certes, mais qui fonctionnent plutôt bien dans l’ensemble, même si le feeling des armes est un peu moins bon que dans les autres Battlefield (au niveau sonore, surtout).

Pour ce qui est des objectifs annexes, notamment les indices à trouver pour résoudre des affaires, ce n’est pas folichon non plus. On se contente d’ouvrir son téléphone lorsque le jeu nous indique qu’il y a quelque chose dans les parages, et on a même droit à une boussole histoire d’être sûr de ne rien louper. Mais c’est une façade : là où les développeurs auraient pu s’amuser avec le côté enquête, ça devient un bête objectif annexe de « collection », comme beaucoup d’autres. Outre les personnages clichés, on est loin de la qualité d’écriture d’un The Shield. Le jeu se permet même d’avoir des incohérences étranges : [SPOILER] même lorsque le héros n’est plus flic et devient clandestin pour coincer les méchants, le jeu vous laisse la possibilité de menotter les criminels [/SPOILER]. Et l’éthique du héros passe vite à la trappe, puisque rien ne vous empêche de mettre une bastos de sang froid dans la tête d’un voyou sans lui avoir lu ses droits. L’histoire sert surtout de prétexte pour créer des niveaux plus exotiques (le chapitre dans le désert, pourtant pas le plus mauvais, ne fait en rien avancer l’intrigue) et arrive même à endormir le joueur grâce à des niveaux bien trop longs et inutiles (c’est looooong les marais). C’est d’autant plus dommage que la mise en scène ne marche pas trop mal. Mais la plupart du temps, le contexte des chapitres et des missions ne sert en rien l’histoire. On sent le cahier des charges, et on n’arrive pas à trouver de plaisir à suivre cette petite bande de rigolos qui veulent faire tomber les flics pourris, faute à des enjeux qui ne permettent pas de sortir d’un schéma trop classique (« il faut arrêter le méchant, mais on va plutôt s’éparpiller pour varier les décors et justifier les maps du multijoueur »). Ça n’est pas désagréable à faire, loin de là, mais il y avait clairement de la matière pour faire une petite histoire policière attachante et rondement menée. Au lieu de ça, on se retrouve avec un solo paresseux, gentillet, qui se fourvoie dans son gameplay en maximisant l’infiltration alors qu’il n’a clairement pas les épaules pour rendre ça intéressant, et manque de panache dans son scénario pour vraiment attirer les foules.

Battlefield™ Hardline_20150322171812Bon flic ou méchant flic?

Bien heureusement, Battelfield, c’est avant tout son multi. Et dans Hardline, il y a à boire et à manger. Le jeu propose 9 cartes sur 7 modes de jeu. On est loin de la douzaine de maps des vieux Battlefield au lancement, et on en fait vite le tour. Évidemment, EA prévoit plusieurs packs de cartes, accessibles plus tard à l’unité ou via le pack Premium qui permet d’avoir quelques avantages et l’accès à tous les packs de contenus. Libre à vous de payer ou pas, mais comme tout DLC de gros FPS qui se respecte, ça revient plutôt cher. Pour les modes de jeu, on se retrouve avec du classique et du moins classique. Le mode Conquête et Conquête Grande (suivant la taille de la map) reste le grand atout de la saga Battlefield. Plusieurs points sont à contrôler sur la carte et il faut en avoir le plus pour faire chuter le nombre de tickets de l’adversaire. Une fois celui-ci à 0, votre équipe remporte la partie. La grosse différence, c’est qu’il n’y a plus de tanks ou d’avions de chasses lourdement armés. Ici, il faut jouer avec des jeeps, des voitures de sports et quelques hélicos pour transporter vos troupes afin de les larguer sur des zones à défendre ou attaquer. Le jeu devient plus dynamique puisqu’on se retrouve bien plus souvent à pied. On privilégie l’infanterie, ce qui n’est pas un mal puisque ça dynamise l’action. Autant on retrouve les sensations des anciens Battefield dans les maps comme Contre-Courant ou Désert de Poussière, avec de plus grands espaces mais avec beaucoup de bâtiments, autant les décors urbains profitent à fond de la verticalité des niveaux pour jouer avec la position de ses camarades. Prendre un point de contrôle demande de bien surveiller tous les angles et de se coordonner avec ses équipiers. La course et les escalades sont bien plus nerveuses, les actions des personnages légèrement plus rapides, et tout ça fait que le jeu se révèle bien plus arcade que ses grands frères, ce qui pourrait ne pas plaire aux adeptes de la franchise. Pour autant, ça ne rend pas le plus speed et plus réactif, et on a l’impression de faire plus de choses que lorsqu’on était perdu en plein milieu d’un désert dans BF4 à devoir courir cinq minutes pour arriver à la ligne de front pour finalement se faire exploser la tête par un sniper planqué sur une dune.

Les autres modes de jeu, tels que Braquage et Argent Sale, sont les nouveaux modes plutôt réussis de ce nouvel épisode. Braquage confronte les policiers contre les voleurs. Les voleurs doivent faire exploser une porte blindée (banque, fourgon, train) afin de récupérer deux butins et de les ramener aux points d’extraction. Les policiers doivent dézinguer le porteur et garder le butin au sol pour le ramener à son point de départ. Fait intéressant : les points d’extraction peuvent changer quand l’hélico chargé de l’extraction se retrouve sous les feux nourris et doit changer de position, ce qui rajoute du piment dans les confrontations. Le mode de jeu est très nerveux puisque les affrontements se concentrent principalement sur deux points, et permettent d’établir quelques tactiques puisque les flics peuvent voir les points d’extraction à l’avance sur leur mini-map histoire de préparer l’accueil comme il se doit. Le mode Argent Sale, quant à lui, demande aux deux équipes de récupérer de l’argent placé au milieu de la map et de le ramener à son camp. Petite subtilité : rien n’empêche les joueurs adverses d’aller piquer de l’argent dans votre tas et inversement. Ce qui occasionnera deux types de joueurs : les bourrins qui nettoieront le milieu de la map pour récupérer de l’argent rapidement, ou les vicieux qui feront le tour discrètement pour s’infiltrer dans votre camp et vous piquer vos billets durement gagnés. C’est très fun, très dynamique, plus disparate que d’habitude mais certaines maps sont resserrées afin de ne pas éparpiller les joueurs. Malgré ça, ces modes de jeux confrontent le joueur à de sérieux problèmes dans la partie. Dans Braquage, lorsqu’il ne reste qu’un paquet, le jeu devient très vite bordélique et brouillon puisque l’action des 32 joueurs va se concentrer sur un seul point : le paquet restant. A partir de là, réapparaître à côté de ses collègues signifie une espérance de vie de trois secondes puisque vous reviendrez souvent en plein milieu du champ de tir. Vite frustrant !

Battlefield™ Hardline_20150321164125Le mode Poursuite Infernale reprend quant à lui le principe du mode Conquête -à savoir capturer des points de contrôle pour faire tomber les tickets adverses – à la différence que les points de contrôles sont des véhicules. Il faudra donc voler les voitures signalées et les piloter à une vitesse minimum pour engranger des points. Ce mode m’avait agréablement surpris dans la bêta avec toutefois quelques doutes, car si ce mode de jeu propose des moments de poursuites mémorables, d’autres peuvent être moins passionnants, comme lorsqu’on récupère une voiture et qu’on se retrouve à faire quatre fois le tour de la map sans rencontrer personne parce que l’équipe ennemie est en pleine poursuite avec vos équipiers. Reste que le fait d’apparaître directement dans la caisse de vos potes pour sortir par la fenêtre et dézinguer la voiture derrière vous est plutôt jouissif. Mais ce mode montre vite ses limites, surtout avec des maps pas toujours prévues pour ça. Mis à part un mode Team Deathmatch classique, les deux derniers modes de jeu, Otage et Contrat, sont clairement les plus décevants. Limités à dix joueurs (5 dans chaque équipe), le jeu lorgne du côté de Counter-Strike. Dans Otage, les flics doivent libérer deux otages gardés par les criminels, et dans Contrat, les criminels doivent abattre un des flics signalé comme VIP, qui doit atteindre l’autre bout de la map pour gagner. Le jeu se joue par manche, et si vous mourrez, il faudra attendre la fin du round pour réapparaître. Le souci de ces deux modes est de ne pas avoir de cartes dédiées et un gameplay pas forcément adapté. L’idée est louable, même si les modes sont déjà vus ailleurs, mais le level design n’est clairement pas adéquat, et le gameplay trop nerveux fait qu’on meure rapidement et que les joueurs peuvent facilement se planquer ou faire le tour. Les rounds se résument souvent à se faire dézinguer dans les premiers, pour ensuite patienter pendant plusieurs minutes, ou alors ne pas trouver les ennemis et n’avoir rien accompli lorsque le round se termine. Des modes qui ne correspondent clairement pas à la philosophie de Battlefield.

Battlefield™ Hardline_20150322002931Argent comptant

Rayon nouveautés, on notera dans les classes l’absence d’armes de gros calibre comme les lance-roquettes, désormais récupérables directement sur la map. Ça évite aux véhicules, beaucoup plus fragiles qu’à l’accoutumée, de se retrouver en miettes à l’approche d’un point de contrôle. Tout comme les tyroliennes et les grappins, récupérables aussi sur la map, et qui n’offrent qu’un plus très secondaire. J’ai surtout vu les grappins être utilisés comme des accès supplémentaires à un toit pour prendre à revers un sniper énervant, ou les tyroliennes utilisées pour prendre des raccourcis sur des grandes distances quand le jeu le permettait. Mais mis à part dans les environnements urbains avec des bâtiments accessibles, la tyrolienne est peu utile. A noter aussi le remplacement du Commandant des autres BF par le mode Pirate, qui permet à un joueur par équipe de prendre le contrôle de caméras ou d’autres systèmes électroniques pour soutenir les joueurs. Il pourra par exemple utiliser un système anti-incendie pour balancer du gaz ou signaler la position des ennemis à ses camarades sur le terrain. L’équipement est quant à lui achetable comme on veut, et c’est une bonne chose. Il faut d’abord débloquer les améliorations en jouant suffisamment avec une arme, mais concrètement toutes les armes sont disponibles dès le début, afin que l’argent récupéré serve uniquement pour ce que le joueur souhaite acheter. Il faudra aussi faire attention aux différences d’équipement entre les deux équipes, forçant le joueur à avoir deux sets d’équipement pour être paré en toutes circonstances.

La partie technique du multie est clairement en deçà de celle du solo. Les environnements sont moins fins, moins travaillés, et on imagine aisément le travail d’optimisation qui a dû être effectué pour permettre des parties à 64 joueurs. Le jeu n’est pas vilain, mais pour les consoles, c’est pas non plus ce que j’ai vu de mieux. Clairement, si vous voulez du haut de gamme à tous les niveaux, il faudra se tourner vers le PC. Les effets Levolution de BF4 sont aussi de la partie, avec des effets moindres. On a déjà vu lors des vidéos la grue qui s’effondrait dans la map Centre-Ville. On aura aussi droit à une tempête de sable, une tempête tropicale, un déraillement de train ou des pipelines qui explosent. Des petits accidents qui jouent sur le spectaculaire et qui modifient parfois l’aspect tactique de la map. Mais le vrai souci des maps, c’est la volonté de Visceral de vouloir permettre de jouer à tous les modes sur presque toutes les maps. Ce n’était pas gênant dans les autres Battlefield puisque les modes étaient assez similaires, mais Hardline propose une vraie variété de modes et d’expériences, et il est impossible de réaliser une map qui réponde à toutes les différences de gameplay. Le mode Poursuite Infernale marchera bien sur les grandes maps extérieures, mais beaucoup moins bien sur des maps urbaines comme Centre-Ville. Inversement, les meilleurs maps pour le mode Argent Sale sont les plus petites, pour avoir des affrontements intenses. Mais une map comme Hauteurs d’Hollywood se verra sanctionnée en raison de l’importante distance entre les objectifs. Un vrai souci, ce qui forcera les serveurs à se concentrer sur le combo map/mode le plus efficace. On aurait aimé de vraies maps dédiées afin d’avoir un level design adéquat.

bfh-boomerPour conclure, Battlefield: Hardline a de la ressource, surtout en multijoueur. Il est finalement bien plus différent dans son gameplay que ses grands frères, même si les objectifs et les stratégies restent similaires. Le gameplay est plus arcade, plus vif, et joue beaucoup plus sur l’approche frontale des petites zones que sur la tactique à grande échelle des Battlefield militarisés. Le jeu offre souvent des grands bâtiments pour compenser, avec des accès variés histoire de forcer les joueurs à se concentrer sur des points uniques. Mais étrangement, ces assauts à petite échelle font que le jeu devient plus vite redondant qu’un BF4. On a la désagréable sensation d’avoir vite fait le tour de ce que le jeu propose et cela manque de surprises. Malgré un solo qui avait toutes les cartes en main pour changer la donne mais qui se plante dans son approche du genre policier, le multijoueur reste suffisamment solide pour assurer le minimum. Quelques points noirs sont à noter – certains modes ratés (Otage, Contrat) et des maps efficaces dans un mode ne le sont pas dans un autre – mais ce côté plus arcade sied bien à ce spin-off qui offre des moments de bravoure bienvenus et des joutes bien serrées, bien que parfois répétitives et un peu brouillonnes. Battlefield: Hardline n’atteint pas la qualités de ses grands frères – la faute à des ambitions à la baisse – mais propose une approche différente et plutôt divertissante du contexte « gendarmes et voleurs ».

Battlefield: Hardline
Développé par Visceral Games et DICE
Edité par Electronic Arts
Testé sur PS4
Prix: 60 euros

 

 


Battlefield: Hardline – Launch Trailer par Hungamer

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