
Source des tempêtes : prophéties au pays des mages
Il y a un petit côté Robin Hobb dans ce livre de Nathalie Dau, qui nous entraîne à travers ce premier volume dans un monde étrange de magie et de Dieux finalement bien absents face à leurs fidèles.
L’histoire : Il existe une prophétie, l’énigme de Namuh. À travers elle, est prophétisée la naissance d’un enfant, élément suffisamment perturbateur pour que les mages bleus soient chassés par les servants de l’Ordre, et détruits. Pourtant un enfant très normal naît malgré tout. Cerdric. Et doit apprendre à survivre, haï par sa mère et abandonné à la gestion d’un château…
Mon avis : C’est une histoire très complexe que Nathalie Dau met en place dans ce premier volume de Source des tempêtes. Une histoire qui s’étend au moins sur deux générations et dont le cadre, s’il peut sembler déjà vu, parvient néanmoins à garder son identité propre, tout en se promenant dans un monde de magie (le drac), de fées, et de dragons.
Son originalité ? Prendre le point de vue de celui qui aurait pu être l’élu, mais ne l’est pas. En effet, face à l’échec, ou l’apparent échec, que pensent ses survivants ? Ceux qui y ont cru, qui se sont battus jusqu’au bout et à leur manière ? Que devient l’enfant que tous avaient espéré mais est un raté ? D’intrigues de cours à magie brutale, des châteaux et des messes basses à la magie de la forêt, c’est différents tableaux qui nous sont peints. Si l’intrigue principale suit un personnage, tout est expliqué, tout est montré de chapitres pudiques en d’autres magiques. Au cœur du roman, deux frères : Ceredawn et Cerdric, enfants de l’équilibre et dans l’histoire, qui protégera qui ?
Il y a du Robin Hobb dans cet ouvrage, entre prophéties et combat entre magie tolérée et magie interdite. Certes, les Dieux, ou ceux qui leur ressemblent, s’en mêlent plus que de façon. Et les fées, craintes et détestées par certains, ont aussi leur mot à dire. Il y a un côté conte, celui de la forêt, de la marâtre, d’un amour si pur et si innocent qu’il peut sauver le monde. Les rôles féminins sont par contre un peu retors : trop en fond de récit, beaucoup de tropes utilisés, figures maternelles, cruelles, et seul un personnage, à la fin, met en exergue le sexisme total de l’organisation. Car il est bien entendu que l’enfant de la prophétie sera mâle. Bien sûr que les femmes ne sont que monnaie d’échange, ventre et mères. Pourtant certaines sont intéressantes, importantes. Mais c’est dommage de les laisser ainsi en arrière. À voir dans le prochain volume, qui s’annonce trépidant. Car l’enfant rachète beaucoup d’errements. L’enfant pourra être réponse.
Si vous aimez : Le cycle de L’Assassin royal de Robin Hobb, bien entendu (auteure qui la gratifia d’une préface dans une première version de l’ouvrage). Mais aussi les ouvrages de Jean-Louis Fetjaine.
Autour du livre : Si l’histoire vous dit peut-être quelque chose, c’est que vous l’avez peut-être déjà lu, sous le titre La Somme des rêves, pour un cycle intitulé Le Livre de l’énigme (cycle éponyme ici) aux éditions Asgard. Mais elle a été enrichie et revisitée de nombreux chapitres supplémentaires dans cette dernière version. Vous pouvez télécharger gratuitement les annexes en format ePub sur le site des moutons électriques. Le mini-site de présentation, c’est par là.
Extrait : « Je songeais à mon père aussi. Au jour où j’oserais chevaucher dans sa direction, vers les Herbeuses. Seul. Pas de témoins pour la rencontre. Cet instant-là devait n’appartenir qu’à nous.
Qu’on ne s’y trompe pas : je ne tirais aucune gloire de son passé, je regrettais toujours d’être le fils d’un hérétique, et je le jugeais durement pour cette capitulation, cette couardise qui l’avait conservé en vie. Mais dans le même temps, j’avais été sensible au récit d’Ardégyl, qui peignait le portrait d’un homme au cœur aimant. J’éprouvais grande pitié en songeant à la cruauté des Mystiques, à ce désir d’enfant qui étreignait Kéral et que l’on avait piétiné. Même si je n’étais pas celui désigné par la prophétie, même si ma nature de Réfractaire me rendait inutile à ses plans, je croyais cependant qu’il se réjouirait de mon existence, et qu’à défaut de drac, nous pourrions partager des sentiments affectueux. »
Sortie : le 3 mars 2016, éditions Les moutons électriques, 448 pages, 19,90 euros.
Je dois avouer que ce livre est une excellente surprise. Bien que l’histoire semble banale, l’auteure arrive à capter notre attention.