
Star Wars Battlefront: EA shot first
C’est compliqué de ne pas savoir qu’un nouveau Star Wars arrive dans quelques jours maintenant. Et ce n’est pas Electronic Arts qui va s’en plaindre, puisque à l’occasion du grand retour de l’une des licences culturelles les plus connues au monde, l’éditeur américain (qui a récupéré les droits) s’est octroyé les services de DICE (Battlefield, Mirror’s Edge) pour nous pondre la suite/reboot de Star Wars Battlefront.
Le principe est on ne peut plus simple : les rebelles contre l’Empire, dans des maps gigantesques où 40 joueurs se mettent sur la tronche, à grands coups de pistolets lasers et détonateurs thermiques, tandis que les TIE Fighters et les X-Wings s’affrontent juste au-dessus d’eux. Le fantasme ultime du fan de base : celui de revivre les grandes batailles de la trilogie originale à travers les yeux d’un simple fantassin, voire d’un héros du film.
Là où l’apport de DICE est loin d’être négligeable, c’est sur la partie technique. Les Battlefield ont déjà prouvé à maintes reprises que les Suédois maîtrisaient leur moteur maison à la perfection. Et à une époque où des éditeurs n’hésitent pas à pipeauter leur vidéo pour prouver au monde que leur jeu est le plus beau qui soit, les premiers trailers de Battlefront faisaient frémir la moustache quant à leur authenticité : le rendu du jeu est-il aussi joli que ça ? Eh bien oui, Star Wars Battlefront est un jeu qui « défonce sa mère », comme disent les petits Padawans d’aujourd’hui.
La finesse des textures, le rendu des planètes, l’ambiance de dingue sur Endor, la qualité des cavernes de glace sur Hoth, le tout tournant dans un joli petit 60 fps sans trop broncher, le jeu ne déçoit pas. On peut même dire que dans le marasme des jeux ne parvenant pas à une telle qualité graphique sur des machines qui en sont capables, c’est presque un exploit. Du coup, Star Wars Battlefront devient sans trop de difficulté un des plus beaux jeux du moment, encore plus sur PC où certains moddeurs travaillent déjà d’arrache-pied pour restituer un rendu encore plus proche des films. Et le jeu ne serait rien sans la partie sonore, caractéristique des films. Là encore, DICE réussit un coup de maître, puisqu’en plus d’avoir réalisé un sound design aussi bon que sur leurs précédents jeux, le plaisir est total lorsqu’on profite de tout ça avec le casque. Il suffit de se plonger dans le cockpit d’un TIE Fighter en pleine voltige aérienne, le tout sublimé par la musique de John Williams en arrière-plan pour que les poils se hérissent.
Même si l’aspect visuel est un gros point fort du titre, il n’est heureusement pas le seul. On notera une dizaine de modes de jeu, qui cachent évidemment une faiblesse sur la variété des situations, puisque beaucoup de modes se ressemblent.
On passera rapidement sur le mode « Missions », qui n’est autre qu’un mode hors ligne dans lequel on trouve d’abord une sorte de didacticiel déguisé qui vous mettra dans les rutilants vaisseaux de la trilogie pour accomplir quelques missions vaguement scénarisées (ça dure trente minutes à tout péter), un mode survie pour affronter des vagues d’ennemis tout seul ou à deux (histoire de constater le manque effarant d’équilibrage dans les différents modes de difficultés) et enfin un mode où le joueur incarne un des héros du jeu.
On savait qu’il n’y aurait pas de solo, mais force est de constater que ça manque cruellement de travail, DICE ayant préféré se concentrer sur le multijoueur. Bien heureusement, ces derniers modes sont, pour la plupart, à la hauteur. On trouve les modes classiques de Team Deathmatch ou Capture the Flag (renommés autrement, mais nous ne sommes pas dupes). Mais ce n’est évidemment pas ces modes-là que vous cherchez.
On ira plutôt se tourner vers le mode Suprématie, proche d’un Battlefield dans sa structure : les deux équipes se foutent sur la tronche pour prendre les points de contrôle à l’adversaire et ainsi gagner du terrain pour le terrasser. Les vaisseaux sont accessibles uniquement via des bonus disséminés sur la carte, que l’on appelle pour être téléporté dans le cockpit. Même si les sensations sont là, on a le sentiment désagréable d’assister à deux batailles bien distinctes, les vaisseaux se battant entre eux sans souvent se préoccuper de ce qu’il se passe au sol. Seul le bipode de l’Empire (le AT-ST) joue un rôle primordial puisqu’il attaque directement l’infanterie, qui doit se débrouiller avec ses lance-roquettes ou ses mitrailleuses lourdes pour l’abattre. Il y aura aussi la Speeder Bike sur Endor, mais est réduit à faire des va-et-vient en tirant sur les soldats jusqu’à se prendre un arbre. Des affrontements à sens unique qui ne permettent pas trop de folie, et qui donnent l’impression au joueur de tourner sur deux parties séparées. On pourra se consoler avec un mode spécifique au combat aérien, bien qu’il soit un peu limité en termes de possibilités. Mais, en y réfléchissant, il n’est pas étonnant de voir autant de distinctions entre ces deux facettes de la bataille.
D’abord parce que la licence Star Wars a souvent été comme ça : les vaisseaux combattent des vaisseaux, et l’infanterie reste généralement au sol pour affronter les soldats adverses. Ensuite, parce que Battlefront est finalement très éloigné de Battlefield. Il n’y a pas de gestion d’escouade, il n’y a pas de balistiques sur les balles (les lasers filent en ligne droite), pas de véhicules pour transporter des soldats, pas de gestion de classes. Tout le monde est à la même enseigne. Star Wars Battlefront est un pur jeu d’arcade, genre qu’on voit disparaître peu à peu au profit du réalisme de la guerre actuelle. Dans Battlefront, on ne recharge jamais, on ne s’essouffle pas, on récupère des bonus spéciaux pour occuper l’ennemi et récolter des points comme des tourelles, des tirs orbitaux ou encore des droïdes qui viendront vous prêter main-forte. On tentera d’obtenir les bonus pour diriger des véhicules ou, encore plus rare, ceux vous proposant d’incarner un héros au choix.
Ces héros sont de véritables super bonus en puissance : munis d’une barre de vie bien plus conséquente (mais qui ne se régénère pas), ils possèdent tous leurs propres attaques, forces et faiblesses. Luke et Dark Vador seront les deux seuls manieurs de sabres, tandis que Boba Fett pourra survoler la zone de combat avec son jet pack et lutter contre Leia en mode défensif avec bouclier et gardes du corps à la clé. Palpatine, quant à lui, pourra faire parler la foudre et Han Solo pourra compter sur sa vitesse et sa précision au pistolet laser. Jouer un héros sera donc plutôt grisant, même s’ils sont parfois déséquilibrés (surtout dans le mode Affrontement où les joueurs incarnent uniquement des héros, Boba Fett est alors clairement craqué), et leur présence permettra souvent de retourner la situation.
C’est le côté arcade du jeu qui aura tendance à rebuter ceux qui s’attendaient à du Battlefield. Au lieu de prendre position sur plusieurs points en même temps et d’occuper la zone tout en privilégiant les affrontements sur les mêmes lignes de front, Star Wars Battlefront oblige les joueurs à trouver divers chemins dans des niveaux au level design plutôt inspiré quand on y regarde de plus près. Les passages sont finalement balisés même si on peut très facilement faire du hors-piste et surprendre l’adversaire. Mais il est finalement facile de remplir son objectif et de monter en niveau : les joueurs regardent très peu les indicateurs de présence ennemie, et s’engouffrent dans les mêmes passages en permanence, alors que toute la stratégie des combats réside dans le placement de votre personnage pour surprendre le camp adverse. Il n’a nul besoin de foncer tête baissée – et le jeu ne récompense pas les têtes brûlées – alors qu’on peut avancer en observant ce qu’il se passe pour prendre l’avantage.
Le mode Attaque des Marcheurs est probablement le meilleur du jeu et représentatif de ce nouvel esprit Battlefront : des AT-AT (quadripodes) traversent la map jusqu’à atteindre leur objectif et les rebelles doivent les en empêcher en capturant des radars et en les gardant pour permettre à leurs vaisseaux d’attaquer les Walkers. A plusieurs moments, les Walkers deviennent vulnérables aux attaques et l’équipe des rebelles peut s’en donner à cœur joie pour attaquer les machines pendant que les chasseurs débloqués avec les captures font de même. C’est dans ce mode-là que Battlefront révèle tout son potentiel : une partie légèrement scénarisée avec un temps limite et un objectif (la destruction/protection des Walkers), un niveau qui évolue (les rebelles sont obligés de battre en retraite au fur et à mesure de l’avancée) et un rythme soutenu ; le cocktail parfait pour un gameplay aussi arcade, qui ne demandera pas forcément aux joueurs une coordination de tous les instants. Chacun peut jouer selon ses envies sans compromettre la partie, même si l’équipe de l’Empire est clairement avantagée ici.
Au final, Star Wars Battlefront arrive dans un contexte qu’on n’attendait plus aujourd’hui : le FPS multi fun et arcade, loin de la tendance actuelle à coups de classes de soldats, d’équipements par centaines et d’équipes forcées de jouer ensemble, souvent pour le pire. Ici, chacun joue son rôle, achète son propre équipement et récupère des bonus. On s’amuse, on fait du point, le tout dans un jeu estampillé Star Wars, réalisé de fort belle manière.
Peut-être certains sont-ils déçus de ne pas trouver un gameplay plus complexe à maîtriser. Mais grâce à un système simple et immédiatement compréhensible (on prend le jeu en main en dix minutes), chaque joueur pourra compter sur sa connaissance du terrain et sa maîtrise des quelques outils à sa disposition pour se divertir, et ça fonctionne très bien.
Mais tout n’est pas rose : 60 euros pour un jeu exclusivement multijoueur (on passera le mode Missions qui a très peu d’intérêt) avec seulement trois mondes distincts (quatre si on compte le DLC gratuit de Jakku), ça fait très chiche. Les DLC arrivent, mais avec un season pass à 50 euros, on est en droit, au moment de l’achat, de se poser la question de savoir si on ne nous prend pas pour des petits Ewoks bien naïfs. Reste que le jeu possède un fun indéniable et un charme à toute épreuve. Mais à vous de voir si vous êtes prêt, encore une fois, à investir dans un jeu en pièces détachées.
Star Wars Battlefront
Développé par DICE Entertainment
Edité par Electronic Arts
Prix : 60 euros
Star Wars Battlefront Gameplay Launch Trailer par moviespecialclip
En fan de Star Wars que je suis j’ai essayé la Béta. Je ne suis pas du tout amateur de multi mais je ne pouvais pas passer à côté… Une 60aine de décès plus tard (en 3-4 parties), avec seulement 1 mort à mon actif, j’ai compris que ce jeu ne serait vraiment pas pour moi…
Ils auraient fait un vrai mode solo, j’aurai pris les yeux fermés. Là, j’attendrais de le trouver à moins de 20€ dans quelques mois, pour l’ambiance…
Mais c’est vraiment dommage.
Je comprends parfaitement. C’est un jeu pour suivre la tendance actuelle mais ils auraient clairement gagné à proposer un vrai solo. On peut se rabattre sur les deux épisodes Rogue Squadron sur GameCube mais ça commence à dater
Petite erreur factuelle : c’est 4 mondes et 5 avec le DLC jakku.
endor+sullust+tatooine+hoth.