
STAR WARS, EPISODE IX : L’ASCENSION DE SKYWALKER : A BOUT DE FORCE
Rey et ses amis de la Résistance affrontent les armées du Premier Ordre et se lancent à la recherche de l’Empereur. J.J. Abrams à la manœuvre pour la conclusion de la saga galactique. Un ennui sidérant pour un nanar sidéral.
La Guerre des étoiles est sorti en France le 19 octobre 1977 (je sais, j’y étais, premier rang, première séance, j’ai vu le film – médusé – trois fois de suite). 42 ans plus tard, c’est la fin de la saga avec Star Wars, Episode IX : L’Ascension de Skywalker. Une page se tourne, celle des Skywalker, même si Disney va mettre en route d’autres épisodes, avec d’autres persos, tenter de créer d’autres mythologies. La saga intergalactique se conclut donc avec un nouvel épisode signé J.J. Abrams, déjà responsable du peu inspiré Réveil de la force. On devrait être extatique, ému, déchiré par les enjeux, les personnages qui reviennent, ceux qui meurent, bref tous ces héros et méchants que nous ne reverrons plus. Comme dit C-3 PO, « I’m taking a last look at my friends ». Résultat, zéro émotion, le néant, 2H 20 d’un ennui insondable, un catalogue de jouets pour la fan base, un best-of qui conduit à le spectateur à l’épuisement, ravi que la saga se termine enfin.
En 1979, quand George Lucas veut un (bon) scénar pour L’Empire contre-attaque, il embauche Lawrence Kasdan et Leigh Brackett (regarde leurs filmos sur IMDB). Quand J.J. doit conclure une saga de neuf épisodes, il embauche Chris Terrio (Justice League ou Batman Vs Superman), Derek Connolly (Pokémon : détective Pikachu), Colin Trevorrow (Jurassic World). Que des tocards ! Résultat du jus de crâne : Rey, Poe et Finn prennent la tête de la Résistance et affrontent le Premier Ordre. Ils se lancent à la recherche de la boussole intersidérale pour se rendre sur Exegol, dans les « Régions Inconnues » où se trouve l’Empereur. C’est beau et palpitant comme du Luc Besson ! J.J. pourrait bosser avec les meilleurs scénaristes d’Hollywood mais il choisit des tâcherons, incapables de boucler correctement une intrigue, de torcher une réplique (« Never trust a droid »), accumulant le portnawak (les héros, à la recherche d’un vaisseau spatial introuvable, s’enfoncent dans des sables mouvants, qui donnent, je te le donne en mille, sur le vaisseau, quel heureux hasard). Pour masquer le vide, J.J. fait revenir Carrie Fisher d’entre les morts, pour deux scènes d’une terrible vacuité, et organise le retour de personnages-clés de la saga. Pas sûr que cela suffise…
L’autre (gros) problème de L’Ascension de Skywalker, c’est sa mise en scène. Si J.J. Abrams a été un bon showrunner, c’est un cinéaste médiocre, peu inspiré. En fonctionnaire consciencieux, J.J. enchaîne frénétiquement les scènes d’action, sans enjeu et sans génie, et enquille les séquences comme pour un gros téléfilm (champ, contre champ, persos au milieu du cadre). Deux heures après la fin du film, impossible de se souvenir d’une seule grosse scène, d’une séquence anthologique, d’un plan iconique. Mais comment le film pourrait être un tant soit peu original, avec un point de vue, alors qu’il a été filmé par plus de 40 assistants-réalisateurs et réalisateurs de deuxième ou troisième équipe ? Ce qui manque à cet Episode IX, c’est un peu d’intelligence, mais surtout la magie des premiers Star Wars, cette mythologie qui nous faisait décoller, vibrer, rêver, quand les personnages étaient riches, drôles, incarnés. C’était il y a un longtemps, dans une autre galaxie…
Après l’accident industriel de l’année dernière Solo : une histoire de Star Wars, Disney conclut la saga de la pire des façons, avec ce long-métrage tiède et sans saveur. Sans âme. Tout le contraire de l’excellente série The Mandalorian, cool et nostalgique, qui retrouve l’esprit des origines. Et enterre les épisodes VII, VII et IX.
Définitivement.
Star Wars, Episode IX : L’Ascension de Skywalker
Réalisé par J.J. Abrams
Avec Daisy Ridley, Adam Driver.
En salles le 18 décembre
Je vous trouve très sévère mon cher Marc (si vous permettez que je vous appelle Marc).
J’y suis allé cet après midi avec mon fils de treize ans. J’ai 43 ans, Star Wars c’est ma vie et comme la vie parfois on tutoie les sommets (épisode 5 je t’aime) et parfois on est au fond du gouffre (épisode 7). Autant dire qu’au moment de prendre les places, j’étais très nerveux, et préparé à l’impensable. Les lumières s’éteignent, une grande respiration (Star Wars c’est sérieux) et c’est parti. Pour ne pas spoiler, je vais être concis : c’est pas si mal.
Est ce suffisant pour le dernier chapitre de l’histoire de ma vie? Ben faudra bien faire avec de toute façon. Je vous rejoins sur bien des points, la réalisation est pas folle, le scénario est léger, les révélations sont insipides. J’ajoute que la musique est indigente (les thèmes de Williams sont recyclés jusqu’à la nausée) et n’offre aucun climax même quand -no spoil- et qu’il manque un duel au sabre laser digne de ce nom permettant à l’affrontement Obi-Wan/dark maul de garder son statut de champion.
Mais… mais ça fonctionne quand même.
La recette est bien respectée et coche presque toutes les cases du fan service. Un peu comme quand ta femme refait la recette de la tarte aux pommes de ta mère, c’est bon mais pas autant.
Suis je aveuglé par l’amour ? Oui.
Aurais je préféré l’adaptation de la trilogie du Jedi Fou de Timothy Zahn? Oui.
Mais au moment où les lumières se rallument, j’ai eu l’impression d’avoir vu un vrai Star Wars. Pas ce que j’aurais souhaité évidemment mais je le reverrai avec plaisir. C’est Star Wars popcorn, posez votre cerveau et dîtes vous que c’est la dernière fois.
Adieu donc Skywalker.
Et si j’en veux à quelqu’un: c’est à Georges. Quand tu vends ton âme à Disney, faut pas s’étonner non plus.
Edit:la musique est indigeste pas indigente.
Je suis d’accord, notre Marc a la dent (très) dure, mais c’est un peu sa marque de fabrique ! 🙂 Je n’irai pas jusqu’à dire que le film est un ratage complet. Le scénario est d’une pauvreté terrifiante et les incohérences s’enchainent au point de faire rire, mais je ne peux nier avoir apprécié certains passages et la dernière scène du film, avec une Daisy Ridley qui aura su transmettre une vraie émotion à son personnage.
Au final, ce qui m’aura le plus déprimé sur ce film, ce sont ses premières minutes pendant lesquelles Abrams détruit consciencieusement tout l’héritage du film de R. Johnson (comme ce dernier l’avait d’ailleurs fait au début du VIII). Au final, le spectateur a l’impression d’assister à une querelle de cour de récré (pour ne pas parler de concours de b…) entre les deux réalisateurs. La narration de cette trilogie y perd toute logique ou consistance. Elle méritait bien mieux que cela, et nous aussi !
Absolument d’accord. Je n’en parle pas dans le papier, mais J..J gomme tout ce qui faisait le sel d’Episode 8, comme s’il n’avait jamais existé.
Je suis assez d’accord, c’est une triste trilogie et sa conclusion est tout sauf mémorable.
Je me souviens quand à la fin du Retour du Jedi, la musique de Williams a retenti, là j’ai éprouvé le manque comme lorsque train d’un ami vient de partir. Pour moi, Starwars était fini, et mon adolescence avec.
À l’époque les magnétoscopes commençaient à peine à entrer dans les maisons et on ne trouvait pas encore les films sur les étals des marchands de produits culturels six mois après l’exploitation en salle.
Chaque diffusion d’un Starwars à la télévision était un évènement.
Je regardais le générique de Mardi cinéma uniquement pour les plans de l’attaque de la Death star qu’il contenait.
Donc oui, Le Retour du Jedi et ses Ewoks pourris était une conclusion à quelque chose qui a construit mon enfance et mon adolescence. Cette trilogie véhiculait tout un background culturel emprunté à droite et à gauche. Au premier degré, c’était un pur divertissement, à d’autres niveaux de lecture il y avait les légendes Arthuriennes, le Bushido, l’occultisme, la philosophie, la théologie, Edgar Rice Burroughs….
Cette trilogie m’a aussi donné envie de lire Mad Movies puis Starfix pour y apprendre les technique des effets spéciaux et plus globalement le cinéma.
Starwars, en tous cas en France, n’était pas encore un pur objet de consommation dont tous les éléments sont disponibles au supermarché du coin pile poil pour Noël dés la sortie de la salle.
Je ne suis pas en colère contrairement à Marc Godin. Je n’attendais rien de plus de cette trilogie depuis que le premier opus est sorti, en fait. Et même alors après avoir vu ce que Jean Jacques Abrams a fait à Star trek, j’ai abordé Le réveil de la Force avec une certaine appréhension.
Le côté fayot de Abrams vis-à-vis de ses modèles culturels qu’est le duo Spielberg/Lucas et sa façon scolaire de rendre sa copie m’ont toujours déplut chez ce réalisateur. J’ai un problème avec cette génération de réals qui n’ont comme culture cinématographique que la période dans laquelle la contre-culture est devenue la popculture. Clairement les mecs sont pas finis et reproduisent sans génie les trucs qui les ont fait kiffés enfants avec les moyens illimités d’aujourd’hui.
Les budgets pharaoniques de ces produits industriels, la puissance de calcul des ordinateurs pour générer à peu près n’importe quoi qui sort de la tête d’un marketeux, toute ces pouwissance au service du commerce là où Lucas, justement, entouré de la fine fleur des effets spéciaux – John Dykstra a tout créé ex nihilo bordel ! – et dans les limites de ce qu’il était possible de faire pour un indépendant à l’époque, a créé un univers complet.
C’est vraiment de la confiture donnée aux cochons – des animaux très intelligents au passage mais aux goûts alimentaires discutables…
C’est là que je tique le plus. De voir que les moyens de réaliser des fantasmes sur grand écran sont au service d’une seule chose, le commerce à tout crins et rien d’autre. Il n’y a pas une idée originale dans aucun des trois films de cette trilogie. Il n’y a pas un plan qui n’ait été vu ailleurs en mieux. Les combats spatiaux en plus d’être montés n’importe comment n’ont aucune saveur épique.
Les origines de Rey sont téléphonées. Tain, n’importe qui qui connaît cet univers sans être un ultra aurait pu donner une origine à l’un des personnages féminins les plus intéressants de cette saga autrement plus intéressante…
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Bon, par contre conclure sur le fait que The Mandalorian serait dans l’esprit de la trilogie originale donne une impression bizarre en guise de conclusion à votre critique.
Sérieux, ce truc où à chaque épisode, un type casqué se contente de traverser l’écran en prenant un air mutiquement mystérieux et où il ne se passe rien depuis le début et dont la seule ambition affichée est de nous vendre un nano Yoda, certes mignon, mais complètement dispensable ?
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On est également d’accord.
Pour Mando, c’est peut-êre le fait que cela passe à la télé qui me séduit. Je trouve l’ambiance western cool et je passe le plus souvent un bon moment.
Alors, je suis assez d’accord même si je n’irai pas jusqu’à qualifier le film de nanar intersidéral.
Bien qu’il s’agisse pour moi du pire Star Wars que j’ai pu voir. Et pourtant, la déception elle se cultive dans la saga.
Le script est aberrant, entre les mollards à l’attention du courageux Les Derniers Jedi, les recyclages honteux du V et VI, et les contradictions en nombre, L’ascension de Skywalker est un carnage invraisemblable.
Petite note perso cela dit : vous êtes dûr à l’égard de Chris Terrio. Argo ou même Batman V Superman (en version longue) témoignait d’un certain talent pour saisir les enjeux.
je te suis à 100% Marc, je sors du film avec mon film, atterré,énervé, sans voix (sauf ici) par ce reboot sans saveur du retour du Jedi.
Mais le positif :On en a fini de ces déceptions programmées!!!
TROHZEN : « On en a fini de ces déceptions programmées »
De Star Wars, vraisemblablement, et c’est heureux, mais pas encore des autres franchises, hélas.
GODIN : « Pour Mando, c’est peut-êre le fait que cela passe à la télé qui me séduit. Je trouve l’ambiance western cool et je passe le plus souvent un bon moment. »
Idem pour moi. Mais peut-être que ce qui séduit aussi pour beaucoup, c’est probablement que tous éléments de l’univers Star Wars (Jedi, la Force, etc…) sont absents (parce que l’on en a marre que l’on ne veut plus les voir ou que ce n’est juste pas le sujet de la série). Ce qui donne une réelle identité à cette série.
Corr : * parce que l’on en a marre ET que l’on ne veut plus les voir*
concernant le mandalorian , je suis assez partagé par le coté putassier des séquences de fan service , et la finalité du propos ?
je vois pas trop où il veulent aller dans la narration et sur l’importance du baby yoda (hyper hype) ? le plus simple aurait été de le remettre à la nouvelle république (totalement absente) dés l’épisode 3-4.
bref pas convaincu mais pas refractaire non plus
.
Tiens, en parlant de « Baby Yoda » :
https://www.ecranlarge.com/series/news/1155874-the-mandalorian-saison-1-les-studios-nauraient-pas-prevu-lenorme-popularite-de-baby-yoda
TROHZEN : « je vois pas trop où il veulent aller dans la narration et sur l’importance du baby yoda »
Oui, en effet, on peut se poser la question; en espérant que la suite justifiera cela. Mais pour l’instant, le fait qu’il ne soit pas nécessaire de connaître l’univers Star Wars pour regarder « Le Mandalorien » est plutôt un bon point.