#Story Ian Fraser « Lemmy » Kilmister 1945 – 2015

#Story Ian Fraser « Lemmy » Kilmister 1945 – 2015

Il y a bientôt un an disparaissait Lemmy Kilmister, leader emblématique de Motörhead, icône du rock’n’roll, un bonhomme unique en son genre qui a redéfini à lui tout seul la notion de cool dans le rock business durant plus de cinquante ans de carrière. Nous voulions lui rendre hommage ce mois-ci avec une série d’articles sur sa vie, son œuvre, son héritage, sans trop larmoyer parce que ce n’était pas le genre de la maison, juste se souvenir d’un mec qui incarnait à la fois Don Juan et la statue du Commandeur dans une version de l’histoire jouée à 120 décibels en cuir noir.

Pourquoi Lemmy ?

lemmy-770Ian Fraser Kilmister (ça ne s’invente pas), Lemmy a hérité très jeune de son surnom. Issu d’un milieu éduqué, mais très pauvre, il est élevé par sa mère qui a beaucoup de mal à joindre les deux bouts. En conséquence, le jeune Lemmy acquiert assez vite une réputation de taxeur, usant et abusant de l’expression Lend Me (passe-moi), Lend Me A Fiver (passe-moi un billet de cinq), Lend Me A Ciggie (passe-moi une clope), contractée en « Lemme » qui deviendra Lemmy. Il racontera plus tard que son admiration et son attachement pour les Beatles et John Lennon en particulier proviennent du fait d’appartenir à ce milieu prolétaire anglais de l’après-guerre, de ce sentiment d’avoir traversé les mêmes galères.

Sex, Drugs and Rock’n’Roll

v02eIl est une plaisanterie célèbre qui dit que si l’on se souvient des sixties, c’est qu’on ne les a pas vécues… Lemmy fait pourtant exception à la règle, lui qui a consommé toutes les drogues imaginables (à l’exception de l’héroïne) pendant cette période bénie des dieux du rock’n’roll. Il se souvient pourtant de chaque fille, de chaque goutte de LSD, et de chaque musicien avec qui il en a pris, de Jimi Hendrix (dont il a été le roadie, excusez du peu) à ses anciens compères d’Hawkwind, le groupe de space rock qui l’a vu percer et dont il s’est fait virer pour incompatibilité de toxicomanie…

En effet, quand les autres musiciens voulaient planer dans des univers parallèles aux couleurs psychédéliques, Lemmy préférait être en mode pile électrique à grands coups de speed et d’amphétamines ! Ou peut-être était-ce parce qu’il tombait toutes les groupies… Toujours est-il que Hawkwind décide de se séparer de ce bassiste encombrant qu’ils surnomment dans leur jargon de hippies « tête de moteur ». Ou en version originale, Motor Head

We Are Motörhead…
Motörhead circa 1979

Motörhead circa 1979

Le groupe devait d’ailleurs à l’origine s’appeler Bastard (Enfoiré), ce qui en dit long sur l’état d’esprit de Lemmy au moment de poser la première pierre du monument Motörhead. Devant la réticence de son manager, il décide de reprendre le titre du dernier morceau composé pour Hawkwind, en forme de bras d’honneur a ses anciens collègues qui s’en servaient comme d’une insulte, et de rajouter un tréma sur le second « o » histoire de rendre le nom plus menaçant. Comme on dit, le reste appartient à l’histoire…

Motörhead, ce sera un total de vingt-deux albums studio, plus d’une quinzaine d’albums live (dont le mythique No Sleep ‘til Hammersmith en 1981), des collaborations avec une bonne partie du gratin du rock’n’roll, de ceux qui savent bien ce qu’ils doivent à Lemmy… Et notamment un petit gamin d’origine danoise qui décide de fonder l’un des premiers fan-clubs officiels de Motörhead aux États-Unis au début des années 80, puis de nommer la première démo de son nouveau groupe No Sleep ‘til Leather en signe d’allégeance.

Lars? Ça va?

Lars? Ça va ?

En guise de récompense pour tant de dévotion, Lars Ulrich de Metallica aura même droit à une photo de lui dans la pochette de l’album Orgasmatron (1986), évanoui à même le sol d’une chambre d’hôtel après une tentative de suivre le groupe dans l’une de leurs bringues… Rock’n’roll, quoi !

 … and we play rock’n’roll!

Mais Motörhead c’est avant tout une musique qui en a créé d’autres. Lemmy s’est toujours refusé à définir sa musique comme métal et pourtant, sans l’influence de Motörhead et des albums Motörhead (1977), Overkill/Bomber (1979) et Ace of Spades (1980), point de speed metal, pas plus que de thrash metal et encore moins de death metal ! La vitesse d’exécution, la voix de Lemmy, l’agressivité du son de la basse et des guitares, les pochettes des albums, tout cela a permis l’émergence de nouveaux courants musicaux totalement inimaginables dans les années 70 lorsque Motörhead enregistre ses premiers titres.

scan0001Malgré cela, Lemmy n’en a jamais démordu, sa musique, c’est du rock’n’roll, point à la ligne. Et de citer comme ses principaux modèles Little Richard (le meilleur chanteur de tous les temps, selon lui), Elvis Presley et les Beatles. Son seul mérite, toujours d’après lui, c’est d’avoir joué un peu plus fort…

Aces

Nous reviendrons donc ce mois-ci sur la carrière de Lemmy au travers de son autobiographie (White Line Fever), du film documentaire qui lui a été consacré (Lemmy The Movie – 2010) et en attendant, voici quelques pistes pour (re)découvrir la légende derrière la barbe et les verrues, à jouer avec le volume poussé à fond les manettes. Par pitié.

Overkill (1979)

L’invention de la double grosse caisse utilisée comme une mitrailleuse lourde par Phil « Philthy Animal » Taylor… Après ça, la notion de tempo dans le rock n’ roll ne sera plus jamais la même…

Orgasmatron (1986)

Ou comment révolutionner la manière de chanter du rock… Les mômes qui s’apprêtaient à créer ce que l’on appellera le death metal ne s’en sont jamais remis !

Overnight Sensation (1996)

À une époque où le hard rock semblait voué aux oubliettes, Motörhead tenait encore la baraque et réussissait le pari de foutre le feu au plateau de Nulle Part Ailleurs sous les yeux incrédules de Phillipe Gildas et de Laurent Baffie légèrement à côté de la plaque ! Souvenirs, souvenirs…

Love For Sale (1998)

Lemmy aimait les femmes, toutes les femmes, sans jugement de valeur… L’un des riffs les plus basiques et les plus sanglants du groupe !

Whiplash (2006)

Une petite reprise pour terminer, lorsque le maître rend hommage à ses disciples… tout en profitant de l’occasion pour améliorer leur copie ! Motörhead reprend Metallica et une partie de la banquise a disparu dans la foulée !

Partager