Streets of Rage 4 : la rue kétanou

Streets of Rage 4 : la rue kétanou

Note de l'auteur

Lorsque LizardCube annonce avec DotEmu la mise en chantier d’un quatrième épisode de Streets of Rage 4, on aurait pu être effrayés de voir une saga aussi culte être malmenée par un autre studio que l’original. Mais LizardCube possède une sacrée carte de visite, en l’occurrence le remake de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap sorti quelques années plus tôt. D’un seul coup, la confiance s’installe, l’espoir renaît, rapidement confirmé par de premières images prometteuses.

Près de deux ans après son annonce, le quatrième épisode officiel de la saga débuté sur MegaDrive arrive chez nous. Se déroulant dix ans après les événements du troisième épisode, il met en scène deux vétérans de la saga, Axel et Blaze. Ces derniers sont accompagnés de deux petits nouveaux : Cherry Hunter, fille d’Adam Hunter (l’un des personnages jouables de Streets of Rage) et Floyd Iraia, l’apprenti du Dr Zan du précédent épisode. Après la mort de Mr X, le grand méchant des anciens opus, ce sont les jumeaux Y qui ont pour objectif d’asseoir leur supériorité criminelle et ainsi prendre la revanche de leur père. Si Streets of Rage 4 ne brillera pas par une histoire pleine de révélations, il pose suffisamment son contexte pour aller rapidement à ce qui nous intéresse dans la licence : la bagarre.

Et la bagarre, LizardCube sait bien y faire. En prenant comme base le gameplay de Streets of Rage tout en le modernisant, le studio est parvenu à offrir un gameplay aux petits oignons qui rend parfaitement justice à la saga. On retrouve évidemment les coups classiques, le combo de base spécifique à chaque personnage et la chope à portée d’ennemis pour les saisir avant de les rouer de coups ou de les envoyer valdinguer sur leurs copains. Bon nombre d’objets sont récupérables dans le décor, que ce soit les petits canifs, les classiques battes de baseball ou, plus original, les serpillières et queues de billards. Mais en 2020 il fallait ajouter quelques nouveautés dans les mécaniques et là-dessus on est comblés. Outre un coup chargé classique, on trouvera pour chaque personnage trois attaques spéciales, que l’on peut déclencher suivant son mouvement (en sautant ou en se déplaçant) ou sans bouger (ce qui fait le ménage autour de soi). Mais ces nouveaux mouvements ont une petite subtilité : ils consomment un peu de vie pour être utilisés, mais que l’on peut récupérer si l’on place quelques coups sur l’ennemi suivant, à condition de ne pas se faire toucher.

Ces nouvelles techniques modernisent considérablement la formule en laissant le joueur prendre des risques. Des risques que l’on prend également avec une attaque surpuissante déclenchée en utilisant une étoile, bonus assez rare dans la partie, et qui sacrifie beaucoup de points en fin de stage si le scoring vous intéresse. Streets of Rage 4 ne ménage pas le joueur, surtout en mode Normal, et surtout en solo, mais propose quelques aides en cas de coup dur, sacrifiant alors votre score de fin de partie. Évidemment, le jeu a une toute autre saveur à plusieurs. On peut traverser l’aventure en duo via le jeu en ligne, mais 4 joueurs peuvent rejoindre la partie en local, laissant le combattant principal décider du friendly fire. Une option indispensable pour régler ses comptes discrètement en prétextant une mauvaise manipulation.

Et si le challenge du mode principal ne vous suffit pas, vous pourrez tenter le mode arcade pour clôturer l’aventure en un seul crédit. Parmi les autres modes bonus, on déplore quand même l’absence d’un mode entraînement fort utile pour tester ses enchaînements. Streets of Rage 4 possède une vraie complexité inspirée du jeu de combat qui permet combos et struggles, avec des gameplays très différents suivant le personnage. Et c’est bien joué, puisque chacun des héros possède son style : Cherry avec son sprint et ses rebonds sur la tête des loubards, Axel et sa force de frappe brute capable de facilement projeter un ennemi en l’air d’un coup de poing ou Adam et son petit dash agressif. On pourra même débloquer les vieux personnages, pixels compris, avec leur gameplay d’époque, ce qui inclut les fameuses attaques spéciales faisant intervenir la voiture de police lançant un feu de joie sur l’écran pour nettoyer la zone. On appréciera le mode Duel permettant de s’opposer à un personnage humain dans le pur style du jeu de baston.

Si ce quatrième opus a perdu ses pixels, c’est pour mieux embrasser un style entre cartoon et comics qui lui va parfaitement, réussissant à ne pas trop surcharger les décors pour que l’action soit toujours lisible. On distingue même quelques jolis effets de lumières lors de certains passages, et certains panoramas donnent envie de stopper l’action pour profiter du paysage. Question bande-son, là encore, la passion et le respect de la licence sont au rendez-vous. Olivier Derivière joue le chef d’orchestre du projet, parvenant à ajuster les mélodies en fonction de l’action et donnant une belle tonalité à chacun des stages, mélangeant des accents disco, funk et un soupçon de rap pour obtenir une excellente musique urbaine. Quelques invités de marque sont présents : Yuzo Koshiro, le compositeur attitré de la saga, propose quelques thèmes dont le principal, mais aussi Harumi Fujita (Bionic Commando), Yoko Shimomura (Street Fighter 2, Kingdom Hearts) ou Keiji Yamagishi (The Messenger). Du beau monde pour une soundtrack de qualité.

Avec un gameplay complet et aux finitions impeccables, arrivant même à effacer les quelques défauts inhérents à la licence comme la gestion de la profondeur et l’impact de certains coups, Streets of Rage 4 est le digne héritier qui débarque 26 ans après la sortie du dernier opus. Les petits gars de LizardCube et de Dotemu ont fait du superbe travail, autant sur la forme (graphismes superbes, bande-son soignée) que sur le fond (mécaniques dépoussiérées, personnages très différents). Si l’aventure se termine rapidement, même avec ses 12 stages au lieu des 6 habituels, on y revient facilement pour débloquer quelques bonus que le jeu propose ou simplement se perfectionner avec son personnage favori. On regrettera peut-être l’absence d’un mode entraînement ou un poil plus de contenu, mais c’est maigre par rapport au plaisir immédiat du jeu, seul ou à plusieurs.

Streets of Rage 4
Développeur: LizardCube, Dotemu
Éditeur: Dotemu, Sega
Plate-formes: PS4 / SWITCH / XBOX ONE (GAMEPASS) / PC
Prix: 25 euros

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