
Stunfest 2016 : l’étape Rennes
Stunfest. À la base, ce « petit » festival était destiné aux jeux de baston et au rétrogaming. L’ampleur et le succès grandissant de ce rendez-vous annuel de Rennes a propulsé le StunFest sur la scène européenne de l’e-sport, toujours dans le cadre de l’art noble du jeu de combat. J’ai pu faire un petit tour pour la première fois de cette édition 2016, toujours organisée par l’équipe de 3 Hit Combo, et qui aura attiré pas loin de 12 000 visiteurs.
Vendredi 20 mai
Assurant ma réputation de « grosse feignasse qui ne se lève pas avant 11 heures voire midi les jours de mauvais temps », j’arrive au Liberté dans l’après-midi. Mon pass 3 jours en poche, je franchis la sécurité (renforcée en cette période délicate) pour arriver devant les portes, passant devant les étalages de cuisine locale où la galette-saucisse règne en maître (réputation justifiée). Une fois à l’intérieur, premier constat : c’est grand. L’espace est minutieusement aménagé pour occuper tout le périmètre en laissant ce qu’il faut pour circuler en tout sérénité. La grande scène accueille beaucoup de places dont un premier rang composé de transats, idéal pour le gamer fatigué en quête d’un repos bien mérité après une victoire harassante sur un petit Street Fighter Third Strike. De l’autre côté de la grande scène (réservée principalement aux finales des tournois) sont disposées plusieurs dizaines de machines pour toute la compétition. Il y en aura pour tous les goûts durant les trois jours : du Street Fighter dans leurs versions les plus récentes et les plus connues (SF V, SF III Third Strike, Super SF 2X, Ultra SF IV), du Capcom VS SNK 2, du SoulCalibur V, du Mortal Kombat X ou encore du Smash Bros WiiU. On pouvait aussi découvrir le King of Fighter XIV présenté en exclu.
L’étage propose la section des jeux indés, et permet de tester les versions en développement de futurs hits en devenir. Il y en avait pour tous les goûts : du jeu de stratégie à la Total Annihilation, du Tactical RPG, du jeu musical et bien d’autres. Je teste d’abord Samurai Riot, beat’em all dans le pur esprit Street of Rage : coopération, choix à faire, combo dévastateurs dans un Japon féodal. Je tente quelques blagues sur le renard de l’héroïne pour la demoiselle du marketing, qui pouffe de rire. Excellente tactique pour ne pas passer pour un pervers sans scrupules. On continue avec le petit kiff de la partie indé (et 3ème prix du jury), Double Kick Heroes. Vous incarnez un groupe de métal en train de jouer dans une Cadillac lancée à toute allure avec une horde de zombies à ses trousses. Rien que de citer le pitch, ça en jette. Il faudra donc appuyer sur les touches en rythme pour activer les mitrailleuses à l’arrière (deux touches pour le haut et le bas) et dégommer les zombies avant qu’ils ne réduisent le véhicule en carcasse métallique. C’est grisant, c’est mignon comme tout avec une bande-son qui dépote (et dont j’ai vaillamment gagné la soundtrack) et ça promet grave. On trouvera aussi dans l’espace indé Crowd Smashers, une relecture de Windjammers où deux joueurs s’affrontent en s’envoyant des boules d’énergie dans la tronche afin de dégommer le public dans le camp adverse, à coups de pouvoirs magiques. C’est dynamique et grisant, encore plus après avoir atomisé le morveux qui me servait d’adversaire (le vendredi, on va à l’école !).
Mon regard est attiré par Splasher, un sympathique jeu de plates-formes (et qui a d’ailleurs obtenu le 1er prix du jury cette année). Vous dirigez un personnage pouvant peindre sur les murs pour grimper ou même rebondir dessus. C’est vif, ça répond bien et les sensations me font penser à du Super Meat Boy, en moins difficile même si des traquenards sont posés ici et là. Mais mon expérience aura vite fait de triompher de ces pièges diaboliques sous l’œil stupéfait du développeur à côté de moi. « Euh, vous avez déjà bien dosé Rayman Legends, hein ? » demande-t-il alors que je parcours le niveau à vive allure. Je lis dans son regard la détresse du développeur qui découvre que son jeu est peut-être trop facile. Je le rassure en disant que j’ai réussi à terminer Super Meat Boy, et il me répond avec un sourire. Seuls les vrais comprennent. Plus loin dans une petite salle très bien climatisée, à l’écart des micros bruyants de la scène centrale, se trouve la partie SuperPlay, où des joueurs aguerris font des temps records sur des jeux difficiles, le tout en live. On y dénombre une grande variété de jeux comme Dino Crisis 2, Goldeneye, TimeSplitters 2, Axiom Verge, Quake, Half-Life 2 ou encore Mario 64. Je suis tombé sur un superplay de Jet Set Radio HD, où le joueur parvient à terminer le titre en à peine 40 minutes, et tout ça sans glitch. Un vrai ballet aérien, surtout quand on connaît la jouabilité capricieuse du titre, et une totale incompréhension pour quelqu’un comme moi qui a galéré à terminer ce jeu.
Samedi 21 mai
Après un (nouveau) réveil difficile, j’arrive tout juste pour assister à la finale de Windjammers avant de prouver ma supériorité sur quelques parties de Towerfall Ascension sur écran géant. Plusieurs consoles sont installées autour de la grande salle pour que chacun y trouve son compte. On tombe même sur un puzzle-game japonais bien étrange, sorte de croisement entre Puzzle Bobble et Columns où la demoiselle pousse d’étranges cris beaucoup trop suggestifs à chaque combo réussi. La grande scène sera aussi l’occasion de voir des petites performances, comme celle de WS, joueur de Shanghai qui nous a montré tout son talent sur le shoot’em up Espgaluda 2, dans lequel le bougre réussit à terminer le titre en jouant les deux joueurs… en même temps. Après un bref détour par le stand de Samurai Riot pour voir si la demoiselle du marketing m’avait reconnu (spoiler : absolument pas), je me dirige, inconsolable, vers un des PC pas loin pour tester Win That War!, un jeu de stratégie en temps réel où vous devez construire une base, récolter des cristaux, construire de petites centrales pour produire des unités et aller éclater le joueur adverse. Malgré mes solides défenses et mon contournement judicieux pour tenter une percée en début de partie, je me retrouve complètement à poil et me fait pulvériser. Le Kickstarter sur le jeu est d’ailleurs en cours.
Je me fais happer par un jeu bien étrange, Cipher Pusher, où le but est de pousser des blocs en coopération ce qui a pour effet de faire apparaître des missiles afin de déverrouiller la sortie, puis d’affronter une raie manta géante qui tire des lasers tout en lâchant des méduses dans le niveau, et emprunter des vortex menant à des niveaux bonus (ou non, je ne sais pas trop) pour gagner… euh, quelque chose, puis revenir sur la raie manta et… Enfin bref, vous avez compris, c’est très difficile de savoir ce qu’on fait exactement dans ce jeu. Et tout ça, même avec les éclaircissements du développeur : « C’est le but en fait, d’avoir quelque chose qu’on ne peut pas expliquer, avec plusieurs niveaux de lecture ». On lui souhaite bien du courage. On termine la journée par un Superplay sur VVVVVV, un jeu de plate-forme jouant sur la gravité et très difficile, et que le monsieur a terminé en même pas 20 minutes, après quelques morts au début de la partie qui auront fait glousser quelques spectateurs, vite remis en place. Les spectateurs nocturnes auront la chance d’assister à des concerts plus électro pour la soirée du samedi, avec notamment un certain Perturbator qui aura réussi à enflammer la scène.
Dimanche 22 mai
Les festivaliers parlent déjà de la difficulté de trouver de l’essence pour reprendre la route. On ne déprime pas et on teste la multitude de jeux disséminés ici et là. Le rez-de-chaussée propose une variété de titres en tout genre, qui va de consoles rétrogaming (et un Dragon Ball tout en japonais avec plus de textes que de combats – un comble) à des bornes d’arcades et autres curiosités japonaises, comme une version de Taiko no Tatsujin, un jeu de rythme avec des tambours. Une petite place consacrée à LastFight permettait de s’essayer à ce jeu jeu dérivé de l’excellente BD Lastman, avec en prime des dessins de Vivès résumant avec spontanéité l’ambiance du Stunfest. Je découvre comme un enfant le génial Windjammers et maudit bien évidemment la manette lorsque je perds comme un gros lâche. On ne pourra pas assister au Superplay sur Binding of Isaac pour cause de salle comble : le joueur Shigan a pour objectif de terminer le jeu avec un personnage particulier ayant un seul point de vie. On comprend pourquoi le public est au rendez-vous.
J’observe au loin des matchs de Super Smash Bros, constate que quelqu’un sur cette planète arrive à jouer R.O.B. correctement, surtout contre un Captain Falcon bien énervé, puis fais une petite partie de Metal Slug X sur une borne d’arcade qui cache un émulateur avec tous les jeux NEO GEO avant de faire un dernier au revoir à ce festival de passionnés. Je n’ai même pas fait la moitié de ce que l’événement proposait : entre les multiples concerts et démonstrations, les nombreuses conférences à l’auditorium de la Chambre des Métiers ou encore la partie « Hors les Murs » qui élargissait la zone du festival à quelques bars ou autres spots de Rennes, ce Stunfest 2016 était incroyablement riche et vivant, et mettait la ville bretonne à l’heure du jeu vidéo. C’est surtout plaisant de constater la quasi-absence de tout aspect mercantile sur l’événement (tout au plus dénombre-t-on un stand Omaké Books, ce qui reste une valeur sûre) et un festival qui fleure bon la passion de tous les côtés. L’emplacement du Liberté est en plein centre-ville, et l’organisation est impressionnante de professionnalisme, tout en réussissant à ne pas rendre les couloirs complètement bondés. Un vrai tour de force, une véritable lettre d’amour au jeu vidéo qui possède là un des meilleurs événements de l’année. Je n’ai maintenant qu’une seule hâte : aller au Stunfest version 2017 !
Peu de mots sur les asso qui constituent le Stunfest depuis sa création. Pas beaucoup de remarques sur des stands pourtant sortit de l’ordinaire et unique à ce festival. Comme le réseau de Doom ou de Mario Kart à 12. Les perles rétro présentées par l’asso RGC…
C’est dommage de ne résumer ce festival qu’a la scène indé présente que de puis peu, et aux Superplay.
My bad, j’aurais dû remercier encore plus les assos qui ont bossé comme des forcenés pour organiser tout ça. Pour les autres stands, j’aurais dû en parler aussi, c’est vrai, mais il y avait tellement de choses là-bas que j’ai dû faire des choix et j’ai préféré me concentrer sur certaines parties au détriment d’autres. Mais promis, l’année prochaine, je ferais un tour complet 🙂