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Summer Flashback (2/10) :  En Plein Cauchemar, de Joseph Sargent (été 1984)

Summer Flashback (2/10) : En Plein Cauchemar, de Joseph Sargent (été 1984)

Note de l'auteur

Il n’est ni le plus connu des films fantastiques à sketches ni le meilleur, loin de là, mais le très rare En Plein Cauchemar a tout de même fait son petit effet sur les geeks pré-ados bouffeurs de Starfix et de Mad Movies à l’époque de sa sortie. Il fut même primé au BIFFF dites donc ! Tentative de réhabilitation.

Si l’adaptation ciné de La Quatrième Dimension trône en bonne place dans les mémoires de cinéphiles geeks, En plein cauchemar (Nightmares en V.O), sorti la même année chez nous, passe en général complètement à la trappe. Et pour cause : sortie en catimini à l’orée de l’été 1984, ce film du vétéran Joseph Sargent propose quatre sketches jugés souvent de bien piètre facture et qui furent à l’origine produits pour la série télé Darkroom, anthologie fantastique de courte durée diffusée sur ABC entre 1981 et 1982. Retoqués à l’époque par le diffuseur, ces quatre sketches furent repackagés/remontés par le très malin studio Universal pour une distribution en salles aux US en septembre 1983 et plus tard en Europe.

En France, avec son titre ronflant et son affiche aguicheuse, En plein cauchemar avait su capter l’attention de la faune geek de l’époque dévoreuse de Starfix et Mad Movies, dont votre serviteur, attiré par ce format depuis les visions en salles de Creepshow et La Quatrième dimension. Au sommaire de Nightmares : Terror in Topanga/Terreur à Topanga (une accro de la clope sort en pleine nuit chercher sa dose alors qu’un serial killer est en cavale) ; The Bishop of Battle/L’Evêque des batailles (un video gamer compulsif brise le niveau 13 jamais atteint d’une borne d’arcade et se retrouve à combattre… le jeu lui-même) ; The Benediction/La Bénédiction (un prêtre qui a perdu la foi est coursé par un mystérieux pick-up noir) et enfin Night of the rat/La nuit du rat (un couple de yuppies affronte un rat géant qui a élu domicile chez eux).

« L’évêque des batailles » : Emilio Estevez incarne un joueur compulsif de jeu vidéo en passe d’être puni par où il a pêché…

Entre thriller, fantastique et épouvante, les histoires n’avaient absolument rien de révolutionnaire : les sketches bouffent à quelques râteliers bien connus, la palme de la copie carbone étant attribuée à The Benediction et son rip off éhonté de Duel. Mais Sargent (Les pirates du métro, pas un manchot donc) les avait troussées avec assez de savoir faire pour nous incruster quelques scènes marquantes dans les synapses. Surtout avec The Bishop of battle, clairement le sketch le plus saisissant du lot avec son imagerie à base de CGI rudimentaires titillant les fans de Tron et surfant sur l’explosion de l’engouement vidéo-ludique perceptible dans moult sorties hollywoodiennes de 1983 – War Games, Jamais plus jamais, Superman 3

Je n’ai jamais revu le film depuis : jamais diffusé en télé, sorti en DVD uniquement en zone 1 chez Anchor Bay en 1999, Nightmares se traine une réputation tellement inepte (même pas nanar nul, juste… inepte) qu’aucun éditeur ne jugera jamais rentable la moindre tentative d’exhumation. Et c’est bien dommage ! Même si je ne conserve de lui que mes souvenirs d’ado, Nightmares n’a jamais quitté mes souvenirs. J’avais été le voir au début de l’été 1984, à l’UGC Ermitage sur les Champs-Elysées (époque bénie où le fantastique d’en bas avait droit de cité en salles)… Ni géniaux ni encore moins originaux mais honnêtement emballés, les quatre sketches m’avaient tous marqués à des degrés divers mais Bishop of Battle, avec son twist final hautement twilightesque, avait longtemps trotté dans ma tête et m’avait rendu particulièrement méfiant des bornes d’arcade.

Sketch « La Bénédiction » : le Père MacLeod (Lance Henriksen, waouuuh !) perd la foi et en plus se fait harceler par un pick-up noir d’origine manifestement démoniaque. VDM.

Peut-être vaut-il mieux en rester à ce souvenir bienveillant, sans chercher à revoir ce vilain petit canard du film à sketch, pour conserver à Sargent toute ma gratitude d’avoir su me divertir honnêtement dans la fraicheur d’une salle obscure en pleine moiteur estivale avec son faux B-movie roublard. Visiblement, je ne fus d’ailleurs pas le seul à l’apprécier puisqu’En plein cauchemar remporta en 1984 le Corbeau d’Or du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (Mocky et Boisset figuraient notamment dans le jury). Ajoutez quelques chéris de ces geeks de bon aloi au casting (Cristina Raines, Emilio Estevez, Veronica Cartwright, Richard Masur, Lance Henriksen…) et vous comprendrez que malgré sa peu flatteuse et injuste réputation, je n’ai vraiment pas envie d’oublier En plein cauchemar !

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