
Sur des charbons Ardennes (La Trêve / France 2)
En cette rentrée, le P.A.F. ouvre son cartable et programme quelques titres attendus dont La Trêve, distinguée du prix de la meilleure série francophone lors de la dernière édition du festival Séries Mania.
De trêve, il n’est toujours pas question pour le téléspectateur ! Près d’un an plus tard, l’autocritique suggérée par l’A.C.S. auprès des diffuseurs semble bien avoir été escamotée puisque France 2 diffusera cette série remarquable au rythme effréné de trois épisodes par soirée (et 4 le troisième soir ?).
Néanmoins, ce thriller belge mérite votre curiosité et, au-delà d’un enchevêtrement de références qui va de pair avec un genre ultra-balisé, La Trêve fera indubitablement des envieux dans l’hexagone.
Yoann Peters retourne dans le village de son enfance, – la fictive – Heiderfeld au cœur de la forêt ardennaise. Après le décès de sa femme, Peters espère y trouver un peu de tranquillité en compagnie de sa fille. Seulement voilà, ce flic vermoulu est immédiatement confronté à une enquête pour le moins alambiquée…
Au départ, La Trêve a bénéficié d’un appel de projets financé par un fond soutenu conjointement entre la Fédération Wallonie Bruxelles et la RTBF. Trois amis (Benjamin d’Aoust, Stéphane Bergmans et Matthieu Donck) issus d’univers différents (cinéma, bande dessinée) ont saisi l’occasion en créant très librement leur point de départ. Si le résultat évolue dans un univers relativement attendu, les sous-textes associés s’avèrent très pertinents (l’intégration, les matchs de foot truqués, l’aménagement arbitraire).
Il faut surtout souligner la prise de risque qui consiste ici à privilégier un récit totalement feuilletonnant. Malgré le succès d’audience lors de la diffusion belge (en février), des critiques nourries se sont fait entendre à l’égard d’une progression lente de l’enquête en début de saison.
La Slow TV chère aux productions scandinaves est passée par là mais, encore aujourd’hui, on ne souligne pas assez combien le pari que constitue le choix d’écarter un format policier procédural (qui trouve une forme de conclusion à chaque épisode) n’est pas simple, surtout lorsqu’il est question d’un diffuseur public.
Toutefois, La Trêve séduit implacablement par le soin qu’elle apporte à chaque détail. Il y a d’abord cet acteur précis et inspiré qui soulève d’emblée une forte fascination. Yoann Blanc (Peters) étale un talent complet notamment au travers d’attitudes troublantes d’un faux calme.
Et puis, il y a cette mise en scène sidérante où chaque plan d’une nature chatoyante peut basculer du loufoque inoffensif vers un dédale inquiétant.
La Trêve ne viendra pas bouleverser vos repères. Ce n’est pas son ambition. Elle saura toutefois absorber vos lundis soir sans coup férir.
LA TRÊVE (RTBF) saison 1 en 10 épisodes.
Diffusée sur France 2 dès le 29 sept. (3 éps. / soirée).
Série créée et écrite par : Benjamin d’Aoust, Stéphane Bergmans et Matthieu Donck.
Saison réalisée par : Matthieu Donck.
Avec : Yoann Blanc, Guillaume Kerbusch, Jean Henri Compère, Anne Coesens, Catherine Salée, Sophie Breyer, Sophie Maréchal, Lara Hubinont, Tom Audenaert, Sam Louwyck, Jérémy Zagba, Jean-Benoît Ugeux, Thomas Mustin et Philippe Grand’Henry.
Musique originale de : Eloi Ragot.
L’intégralité de la saison est d’ores et déjà disponible en vidéo à la demande sur PluzzVàD.
Visuels : La Trêve © Hélicotronc, RTBF et Proximus.
Et en comparaison avec Ennemi public (que je viens de voir et que j’ai plutôt bien aimé) vous en pensez quoi ?
Je n’ai vu que les deux premiers pour EP mais il me semble que La Trêve lui est nettement supérieure, surtout sur la forme !
Oui, après deux épisodes, c’est en effet mieux travaillé au niveau réal, et même l’étalonnage.
Le rythme du montage est plus varié, et le flic est plutôt dynamique et pro actif dans son comportement (et pas amorphe comme certains), ce qui casse la perception de slow-TV.
Hélas (pour moi) les flashsfoward psy m’insupportent, c’est comme si je les endentait me dire » Ne zappe pas ! il va se passer quelques chose, c’est sur, ça va être super, reste…! » (là, je l’ai fait avec une voix hypnotique, mais ça rend pas bien à l’écrit…)
Donc, je décroche, car j’ai l’impression que l’histoire est finit avant même quelle ne commence.
Perso, j’ai compris la solution de Ennemi Public au 6eme épisode, il y a, dans ces séries, un ou deux épisodes de trop, quand ils s’en rendront compte elles seront encore meilleures, je pense.
(oui, je sais, c’est une question de format.. mais un format ça se change.)
Je vous rejoint sur les « passages psy ». J’ai bien du mal avec ce type de procédé. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent chez le trio Kessler/Zelman (Damages, Bloodline) et ça ne fonctionne pas souvent avec moi.