Tellus ou comment entrer en action (En direct de Séries Mania)

Un groupe de jeunes activistes effectue des éco-sabotages depuis quatre ans, sans faire une seule erreur. Jusqu’au jour où ils commettent accidentellement un meurtre… Dans la lignée des films Night Moves et The East, cet intense thriller écolo questionne : jusqu’où sommes-nous prêts à aller au nom de nos convictions ? (source : Séries Mania)

Tellus, dont je n’ai vu que 2 épisodes à Séries Mania, est une série qui prend son originalité dans la gestion du paradoxe et la différence culturelle.

Cette petite finlandaise, créée, écrite et réalisée par JP Siili, utilise formellement une certaine passivité pour questionner les raisons qui nous poussent à agir. Dans des espaces teintés par la neige de blanc et de gris ou dans la pénombre de la nuit, trois héros lient doucement leur destin autour d’une intrigue sur l’éco-terrorisme. Eevi, étudiante en médecine, vit par ailleurs une existence d’isolement. Un isolement choisit pour protéger son secret. Elle est membre d’un petit groupe éco-terroriste. Alex, lui, est président d’une association qui prône l’éco-responsabilisation via des actions modérées. Enfin, Taneli est le détective chargé de l’enquête sur les explosions et surprend par son application passionnée à rappeler à ses enfants leur impact écologique. Trois personnages singuliers, loin des stéréotypes, entiers et complexes mais qui ont en commun de savoir mener leurs actions avec une infinie patience.

Même si les deux premiers épisodes laissent bien sentir que la suite pourrait se révéler plus intense, la série prend pour l’instant le parti de ne pas se fonder sur la confrontation. D’ailleurs les personnages ne s’inscrivent pas dans une démarche de rébellion. Sur des actions destructrices, les motivations sont systématiquement constructives. Après l’intervention de JP Siili, ce choix assez inhabituel s’explique. Il nous affirme que les finlandais sont très respectueux de l’ordre et des lois. Pour se documenter sur les éco-terroristes finlandais, il n’a d’ailleurs pas pu entrer en contact avec eux puisqu’ils n’existent pas.

Cette différence culturelle rend le visionnage de la série d’autant plus passionnante. Les interactions entre les personnages, si elles ne manquent pas de passion, sont toujours empreintes de respect et d’écoute et l’ambiance des réunions associatives a un ton surréaliste pour les habitués des réunions à la française.

Le rapport au corps surprend lui aussi. La simplicité du dévoilement des corps et l’abandon naturel, ressenti comme nécessaire pour retrouver un contact humain qui passe par la peau, nous emporte loin de la sur-sexualisation qui nous entoure.

Le cœur enfin de la série questionne. Est-ce que la fin justifie les moyens ? Mais surtout, quels sont effectivement les moyens appropriés à la conduite du changement ? Sur un thème qui fait facilement penser à Utopia, Tellus en est le miroir inversé. Aucun des personnages n’est là par hasard. Personne ne cours, ni ne fuit. Le calme et la lenteur règnent et nous permettent une introspection salutaire sur notre lien avec Tellus, déesse de la mythologie romaine, notre mère la Terre.

P.S : La série n’avait pas hier de diffuseur français, je dis ça, je ne dis rien… mais on se comprend. (Et si vous avez un doute, ça veut dire qu’il faut l’acheter !)

Tellus, Saison 1, Episodes 1 et 2 (Yle TV1, Finlande)

Créé, écrit et réalisé par : JP Siili

Avec : Minka Kuustonen, Lauri Tilkanen, Pirkka-Pekka Petelius, Henrik Hammarberg