The Kettering Incident, La Beauté du Vide (Séries Mania)

The Kettering Incident, La Beauté du Vide (Séries Mania)

Note de l'auteur

Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…

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Anna Macy se réveille en Tasmanie. Résidant à Londres, elle n’a aucune idée de la manière dont elle est arrivée là… Son retour sur l’île, qu’elle avait quittée suite à la disparition inexpliquée de l’une de ses amies, est de plus en plus mal perçu par la population.

Dans son introduction au symbolisme explicite, la série ne semble pas cacher ses intentions : variation autour du petit chaperon rouge et exploitation du conte. Guère novateur mais baignée par une atmosphère crépusculaire à la lisière d’un fantastique formaliste. Puis intervient une première rupture. Un réveil forcé dans une réalité urbaine où l’on saisit la torpeur d’une héroïne hagarde et taciturne.

THE-KETTERING-INCIDENT-2Le silence à la télévision se démocratise. De The Sopranos, comme le révélait David Chase au pilote de The Walking Dead, se développe une grammaire parallèle qui passe aussi bien par l’image (langage visuel) que par l’absence de dialogue (un silence explicite). À cette absence, The Kettering Incident va ajouter la notion de vide. Un vide scénaristique, un vide narratif. Comme la célébration d’un trou dans le récit, qu’elle ne chercherait pas à combler immédiatement. Il y a peut-être là l’idée d’une narration moderne qui ne jouerait plus sur la notion de mystère mais de manque. Et toute la série de jouer avec cette figure, qu’elle synthétise sous la forme des disparitions.

L’être, la présence ou le temps et l’espace, autant de motifs du manque ou de la perte que l’on retrouve dans ces deux premiers épisodes. Il y a le vide laissé par les enfants disparus ; le vide dont souffre Anna après ses black-outs, différentes appréciations qui vont développer cet inconfort propre à susciter la curiosité. Le suspens n’intervient pas à un niveau artificiel (ou fabriqué) mais par la sensation de manque dont souffre le spectateur. Le tout, baigné dans une atmosphère qui sensualise les décors naturels tout en les rendant menaçant.

The Kettering Incident empoigne son public avec douceur et l’emmène dans un voyage où l’onirisme se confronte au réalisme. La série joue avec intelligence sur son ambiance, qu’elle balance entre la menace sourde et obscure, et une dimension faite de complots, de discussions secrètes. Au milieu, Anna qui ère, comme le spectateur, dans un état semi-comateux. Hypnotisé par le rythme langoureux, le vide paraît séduisant. On y plonge avec l’espoir d’être gardé en suspension, comme les arbres d’un générique magnifique.

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